Top 10 : points fous de Gaël Monfils

30 avr. 2015 à 13:04:37

Rare joueur frisson du tennis moderne, Gaël Monfils ose des coups qu’il est seul à tenter. La preuve en dix exemples, parmi beaucoup d’autres.

Amoureux (au moins) autant du beau point que du point efficace, Gaël Monfils détonne. Rare joueur frisson du tennis moderne, il ose des coups qu’il est seul à tenter… et offre donc des émotions qu’il est seul à procurer. Et s’il ne sera très probablement jamais numéro 1 mondial, il n’a en revanche pas de rival  pour ce qui est de faire le show et d’alimenter les compilations de « hotshots ». La preuve en dix exemples, parmi beaucoup d’autres.

 

Le smash dos au filet

 

Le smash ? Trop facile. Trop commun. Et il y a déjà longtemps que Gaël Monfils a appris à reproduire le « smash dunk » de Pete Sampras. Alors à Halle en 2013, opposé à Tommy Haas, il innove : au lieu de claquer un smash sans histoire, il laisse la balle rebondir entre ses jambes, effectue un demi-tour sur lui-même, avant d’exécuter son smash… dos au filet. Spectaculaire mais pas assez puissant, le coup n’est pas pour autant payant : Haas le contre et remporte finalement le point. A retravailler donc. Mais gros potentiel pour ébahir les foules.

 

 

Le désintérêt apparent au beau milieu d’un point

 

Celui-là a eu lieu récemment, contre Alexandr Dolgopolov lors du dernier Masters 1000 de Monte-Carlo. L’amortie du Français est mal touchée. Tandis que l’Ukrainien accourt au filet pour la sanctionner d’un coup droit gagnant, le Français montre ostensiblement qu’il abandonne le point, tournant apparemment le dos au jeu… mais non sans surveiller Dolgopolov par-dessus son épaule. Et puisque ce dernier, pas assez méfiant, ne juge pas utile de masquer son choix de zone de frappe, Monfils se remet soudain en action et parvient à contrer le trop nonchalant coup droit à mi-court de son adversaire. « Je suis sournois, vous savez » a-t-il dit un jour, tout sourire. « Filou » serait plus juste, en fait.

 

 

Le coup droit gagnant sauté

 

Un coup que l’on voit plus souvent en revers, popularisé par Marcelo Rios, Sébastien Grosjean ou, aujourd’hui encore, Kei Nishikori qu’en coup droit. Sauf chez Gaël Monfils, comme ici à l’US Open 2014 : le retour du Colombien Alejandro Gonzalez est pourtant bon, à la fois long et bombé. Tant pis : Monfils a décrété – pour une fois – qu’il ne reculera pas. Il choisit de sauter pour se placer à hauteur de hanche et, remarquablement équilibré, tout en coordination du haut et du bas du corps, claque une « mine » de coup droit définitive. Facile.

 

 

Le double plongeon au filet

 

Même Richard Gasquet et Julien Benneteau, ses équipiers en ce premier tour de Coupe Davis par BNP Paribas contre l’Allemagne, n’en reviennent pas : pris à contrepied par un passing de Philipp Kohlschreiber, Monfils ressuscite le fantôme de Yannick Noah sur une superbe volée de revers effectuée en plongeant. Le coup est excellent, tout près de l’angle des lignes de fond de court et de couloir, mais Kohlschreiber arrive à le remettre. Qu’importe : toujours collé au filet, Monfils réédite son plongeon… mais, cette fois, sa volée de coup droit retombe hors des limites du court. A quelques centimètres de valoir à son auteur le point de la saison 2010.

 

 

Le passing sauté entre les jambes

 

Un des péchés mignons du joueur parisien, ainsi que l’un des coups à vocation spectaculaire qu’il réussit le plus régulièrement : acculé en défense, loin de sa ligne, il répond à l’attaque adverse –ici un revers long de ligne du Tchèque Lukas Rosol en demi-finales de Coupe Davis par BNP Paribas, l’an passé– par un passing entre les jambes, effectué en sautant. Double difficulté, mais double maîtrise.

 

 

Le double smash contré

 

Joueur hautement sensible à l’ambiance autour de lui, Gaël Monfils a signé bon nombre de prouesses à Paris-Bercy, où il se produit toujours à domicile, devant sa famille et ses amis, présents en nombre. Ici, c’est Marin Cilic qui en fait les frais en quart de finale du tournoi 2009. Deux fois, le Croate smashe ; deux fois, son coup manque de longueur, deux fois, Monfils parvient à remettre la balle depuis les bâches… avant de punir Cilic sur un passing de revers. Standing ovation de rigueur.

 

 

Le coup de défense entre les jambes et dos au filet

 

Gaël Monfils aime les défenses improbables et les coups entre les jambes : synthèse des deux, il fallait bien que lui aussi s’essaie un jour à l’exercice imposé du « tweener », ce coup de défense entre les jambes revenu à la mode ces dernières saisons, après avoir connu un premier âge d’or dans les années 1980 avec Guillermo Vilas et Yannick Noah. À Valence en 2011, Monfils y ajoute un petit coup de pouce du filet qui achève de dégoûter l’Espagnol Marcel Granollers.

 

 

L’interminable rallye sans intention

 

Dans ses travers aussi, Gaël Monfils est capable de l’exceptionnel, à l’image de ce troisième tour de l’Open d’Australie 2013, un marathon perdu 8 jeux à 6 au cinquième set contre son grand copain Gilles Simon. Ce jour-là, « La Monf » a surtout perdu la bataille tactique : entamé physiquement par deux premiers matchs durs, il se laisse pourtant prendre dans la toile cotonneuse de Simon. L’un et l’autre craignent tellement la qualité de contre adverse que personne ne veut prendre l’initiative. En découlent d’interminables séquences « à toi, à moi » qui vaudront aux deux hommes de signer six des dix plus longs points du tournoi. Dont celui-ci, n°1 avec ses 71 échanges de balle !

 

 

La demi-volée amortie en tournant sur lui-même

 

Le « show Monfils » ne se traduit pas seulement en défenses improbables et contres spectaculaires. Le Français est aussi capable de coups en finesse, à l’image de ce point contre Jürgen Melzer, à Munich en 2013. Pris par le retour au corps de l’Autrichien, il effectue une improbable demi-volée amortie de fond de court, déjà difficile en temps normal… et encore complexifiée en l’effectuant en même temps qu’un demi-tour sur lui-même. Si les Harlem Globetrotters ouvraient une section tennis, Monfils serait à coup sûr leur première recrue.

 

 

Le mix de tout ce qui précède

 

Quel plus beau décor que le court Suzanne-Lenglen pour réaliser le combo ultime ? Allons-y donc : sprint sur l’intégralité de la largeur du terrain, remise désespérée en revers à une main dos au filet, puis remise de smash à contrepied et en plongeon, avant d’aller chercher et de contrer victorieusement une amortie. Rien que ça ! Jürgen Melzer lui-même ne peut qu’apprécier et s’arrête pour féliciter l’auteur du plus beau point de Roland-Garros 2009.

 


 

 

Par Guillaume Willecoq

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