A 18 ans, Borna Coric a déjà accroché Rafael Nadal et Andy Murray à son tableau de chasse, alors forcément les médias sont dithyrambiques et voient déjà le jeune Croate comme un potentiel futur numéro un mondial. Qu’il se méfie quand même, d’autres avant lui ont reçu pareilles prédictions qui n’ont pas abouties. La preuve par dix.
Vince Spadea, le kid tombeur du « Kid »
Open d’Australie 1999, le duel d’Américains des 8e de finale du tournoi masculin entre le grand favori Andre Agassi et le quasi inconnu Vince Spadea va tourner à l’avantage du dernier nommé (il tombera ensuite en quart avec les honneurs face à Tommy Haas). Les médias américains trouvent un nouveau chouchou à aimer mais l’idylle ne durera pas. La faute à l’émergence d’Andy Roddick d’une part, et d’autre part aux contreperformances en série de Spadea, qui finit par se payer une bonne réputation de loser incapable d’aller au bout d’un tournoi (sauf une fois à Scottsdale en 2004, seul titre en simple de sa carrière). Au moment de sa retraite, le New York Times finira par le qualifier « d’archétype de l’ouvrier tennisman ». Dur, mais juste.
Mark Philippoussis, le « scud » ne trouve pas sa cible
Une grande taille, un service canon, une belle gueule et des débuts prometteurs chez les pros : il n’en faut pas plus pour que les observateurs du tennis tombent en amour de l’Australien, affublé du surnom de « scud ». Mais au tournant du millénaire, alors qu’il est censé donner sa pleine mesure, Philippoussis voit sa carrière partir lentement mais sûrement en vrille au point de finir par l’abandonner à seulement 30 ans en 2007, pour s’engager comme participant au Bachelor une émission de téléréalité de la NBC. Un peu trop près des étoiles…
Daniel Elsner, le sale gosse
Les médias allemands étaient sûrs de leur coup : le jeune Daniel, qui défonçait tout sur le circuit junior, était le nouveau Boris Becker. Erreur : il avait peut-être le talent tennistique de « Boum-Boum » mais sûrement pas le mental. Débarqué chez les pros en 1997 avec une réputation sulfureuse (filles, alcool et drogue), il finit par faire la Une des journaux plus pour ses frasques que pour ses résultats sportifs : aucun titre, pas même une finale alors qu’il avait bien failli réaliser un Grand Chelem chez les jeunes ! Disparu du circuit ATP depuis 2008.
Mark Kratzmann, le bonheur est dans le cricket
Drôle de parcours que celui de Mark Kratzmann, phénomène de précocité, vainqueur de quatre tournois du Grand Chelem chez les juniors (et une année 1984 où il ne lui manque que Roland-Garros pour réussir la saison parfaite), incapable ensuite de reproduire ses exploits sur le circuit pro. Le petit génie finit par se faire une raison, se contentant d’une honnête carrière en double avant de se reconvertir dans le cricket à Hong-Kong, une fois les raquettes rangées. Il est même élu en 2006 meilleur joueur du championnat de Hong-Kong ! A défaut d’avoir été numéro un mondial de la petite balle…
Hicham Arazi, magicien sans tour
« Le magicien des courts » : voici le surnom un peu lourd à porter que la presse donna à Hicham Arazi, qui portait en plus tous les espoirs d’un tennis marocain en manque de stars à admirer. Elégant gaucher passé pro en 1993 à 20 ans, il restera quatorze ans sur le circuit mais plus comme un anonyme faire-valoir que comme un vrai crack. Deux seuls coups d’éclat à signaler : un trophée remporté à la maison au tournoi de Casablanca en 1997 et, trois ans plus tard, une victoire de prestige à Indian Wells contre Andre Agassi, alors numéro un mondial.
Kristian Pless, le Danois dynamite
Le Danemark n’a pas souvent eu l’occasion de s’illustrer sur le circuit ATP mais croyait bien pouvoir le faire grâce au talent de Kristian Nielsen. En 1999, il succède à Roger Federer au poste de numéro 1 mondial junior et passe pro dans la foulée. S’il monte petit à petit en régime les années qui suivent, son ascension est stoppée nette par une grosse blessure survenue en 2004. S’il parvient péniblement par la suite à réintégrer un temps le top 100, le tennis danois doit se faire une raison : son poulain ne sera jamais vraiment un champion.
Richard Gasquet, Mozart a oublié ses gammes
C’est le cas le plus emblématique et certainement le plus connu de cette liste. A 9 ans, le Français fait la Une de Tennis Magazine, qui lui prédit un très grand avenir. A 15 ans, celui que l’on surnomme désormais « le petit Mozart du tennis » devient champion du monde junior et réussit une entrée fracassante chez les pros en devenant le plus jeune joueur à remporter un match d’un tournoi Masters, face à Franco Squillari à Monte-Carlo en 2002. Mais c’est finalement son rival chez les juniors, Rafael Nadal, qui va devenir l’un des plus grands champions de l’histoire quand Gasquet doit se contenter d’une carrière honnête mais sans plus. Qu’en pensent les journalistes de Tennis Mag ?
Donald Young, éternellement « young »
La presse américaine cherche désespérément son nouveau champion de tennis pour succéder à Roddick et surtout à Sampras et Agassi. Elle a bien cru le trouver en la personne de Donald Young, sacré en 2005 plus jeune champion du monde junior de tennis, à 16 ans et 5 mois. Mais la précocité ne garantit pas la réussite future et depuis, force est de contenter que le bon Donald galère sévère : aucun titre en simple, deux finales perdues et une 38e place comme meilleur classement à l’ATP en 2012. A 25 ans, il n’est pas encore trop tard pour retrouver le top niveau mais le temps presse…
Grigor Dimitrov, dur dur d’être un bébé
Le Bulgare a eu la malchance de recevoir des médias le surnom le plus dur à porter qui soit : « Baby Federer ». La raison ? Un jeu un peu semblable, c'est-à-dire rudement classe. Mais n’est pas Roger qui veut et ce cher Grigor a bien du mal à assumer cet embarrassant statut de successeur du Suisse. A bientôt 24 ans, il s’est plutôt bien stabilisé autour du dixième rang mondial depuis quelques mois mais la place de n°1 mondial que beaucoup lui prédisent parait encore bien, bien loin.
Bernard Tomic, tuer le père…
L’Australie a une sacrée tendance à s’enflammer pour ses jeunes talents ces derniers temps et c’est certainement Bernard Tomic qui a le plus souffert de cette exposition médiatique un poil exagérée. A 15 ans, il est le meilleur chez les jeunes et annonce tranquillement aux médias ses ambitions : « Devenir numéro 1 mondial et remporter tous les tournois du Grand Chelem. » Plutôt que de le tempérer, son père l’encourage dans cette voie de l’arrogance et la presse s’amuse de la relation passionnelle entre le fiston et le paternel. Elle lui a pourtant fait perdre un précieux temps depuis son arrivée sur le circuit pro. Sa chance : son pays devrait le laisser un peu tranquille car il s’est trouvé un nouveau jeune premier en la personne de… Nick Kyrgios.