C’est le premier tour de tous les dangers : la Suisse remet en jeu sa Coupe Davis par BNP Paribas sans Roger Federer et Stan Wawrinka. Face à la Belgique, le risque est réel de voir le tenant du titre expédié en barrages. Une situation rare mais pas inédite puisqu’elle s’est produite à huit reprises depuis l’abolition du Challenge Round, en 1972. Et de l’Espagne de Nadal aux Etats-Unis de McEnroe, on y trouve du beau monde…
Espagne 2005 : L’armada n’est pas encore invincible
L’édition 2004 de la Coupe Davis par BNP Paribas voit l’émergence de Rafael Nadal, décisif contre la France en demies et contre les Etats-Unis en finale. Mais le début de campagne 2005, en Slovaquie, se joue sans les meilleurs Espagnols au classement ATP, Carlos Moya, blessé, et Tommy Robredo, brouillé avec sa fédération. Sur une moquette indoor fusante, les Nadal, Fernando Verdasco et Feliciano Lopez, ossature de la future ‘Armada’ titrée en 2008, 2009 et 2011, s’avèrent encore tendres et se font surprendre par Dominik Hrbaty, Karol Beck et Michal Mertinak, lesquels iront ensuite en finale de l’épreuve. Nadal sortira quant à lui son costume de sauveur en barrages contre l’Italie (trois points décisifs inscrits, pour un succès 4-1). Avec l’intégration au groupe de David Ferrer, une équipe est née…
Australie 2004 : L’entrée dans un long tunnel
Lleyton Hewitt et Mark Philippoussis en simple, Todd Woodbridge et Wayne Arthurs en double : l’Australie du tournant de millénaire a fière allure sur surfaces rapides. Mais les Suédois ont du répondant et profitent de la méforme de Philippoussis, en phase descendante après son retour de flamme la saison précédente, pour surprendre leurs hôtes à Adélaïde : Thomas Enqvist et Jonas Björkman disposent aisément du finaliste sortant de Wimbledon, tandis que Björkman et Joachim Johansson battent Arthurs et Woodbridge au bout du suspense, 7/5 au cinquième set. Un cycle glorieux s’achève : l’Australie restait sur quatre finales en cinq ans. Elle n’en a disputées aucune depuis.
Espagne 2001 : Après la fiesta, la gueule de bois
Enfin ! Grand pays de tennis, patrie de Santana, Gimeno, Orantès et Bruguera, l’Espagne attendait désespérément un premier titre en Coupe Davis par BNP Paribas. Juan Carlos Ferrero le lui apporte au Palau Sant Jordi de Barcelone à l’automne 2000. Mais le jeune héros et ses aînés Alex Corretja et Albert Costa ont du mal à repartir après ce succès historique. Dans la foulée d’un Open d’Australie décevant, les Ibères se prennent les pieds dans le tapis extrêmement rapide posé par les Néerlandais à Eindhoven : Raemon Sluiter signe l’exploit de sa carrière en battant Ferrero en cinq sets, Sjeng Schalken n’en met que trois à dominer Carlos Moya, avant de récidiver en double, avec Paul Haarhuis, aux dépens de Corretja et Juan Balcells. On le vérifiera quatre ans plus tard, la leçon fut longue à apprendre côté Espagne…
Suède 1999 : La fin de l’âge d’or
Si la Suède a déserté les palmarès du Grand Chelem depuis le déclin de Stefan Edberg, sa densité lui permet de continuer à engranger les victoires en Coupe Davis par BNP Paribas grâce aux Larsson, Björkman, Enqvist, Gustafsson et autres Kulti… Champions 1994, 1997 et 1998, personne ne s’attend à les voir trébucher au premier tour de l’édition 1999, face à une équipe de Slovaquie reposant sur les seuls Dominik Hrbaty et Karol Kucera. Sauf que deux joueurs peuvent suffire pour un exploit : Kucera gagne ses simples contre les deux Thomas, Johansson et Enqvist, tandis que Hrbaty en apporte un contre Enqvist, expédiant la Suède en barrages. La campagne vire alors au cauchemar, puisque les Suédois s’y inclinent à la surprise générale face à l’Autriche de Stefan Koubek et Markus Hipfl. Obscur 70e mondial, celui-ci met trois sets aux deux Magnus, Norman et Gustafsson. La Suède tombe en deuxième division. Et si elle retrouve l’élite en 2001, le Saladier d’Argent n’est plus qu’une chimère depuis cette date.
France 1997 : Du Capitole à la roche tarpéienne
Existe-t-il pire tirage que l’Australie sur son sol, donc sur gazon, vers la fin des années 90 ? Tel est l’obstacle auquel est confrontée la France, deux mois après son exploit de Malmö face à la Suède. Les acteurs de cette finale mémorable sont tous là. Mais en face, il faut compter sur un joueur amené à changer de stature en 1997, Patrick Rafter, et un double prenant de plus en plus ses aises dans le grand livre d’Histoire du tennis, Mark Woodforde et Todd Woodbridge. Tout cela fait deux points pour l’Australie. Woodforde n’a plus qu’à ‘perfer’ en simple devant Arnaud Boetsch et voilà la France poussée aux barrages. Ceux-ci se jouent en Belgique. Rien d’insurmontable sur le papier, mais un guêpier sur le court après la blessure au dos de Cédric Pioline. Le numéro 1 français doit abandonner contre Johan Van Herck le vendredi, avant de laisser sa place à Lionel Roux lors du cinquième match décisif. Novice dans la compétition, Roux s’incline contre Christophe Van Garsse. Deux ans avant la Suède, la France est le premier tenant du titre à chuter en Deuxième division.
Etats-Unis 1993 : Après la ‘dream team’, le réveil difficile
Où l’on retrouve l’Australie dans le rôle du trouble-fête : en 1992, les Etats-Unis s’adjugent la Coupe Davis par BNP Paribas avec une ‘dream team’ composée d’Agassi, Courier, Sampras et McEnroe. Mais au premier tour de l’édition 1993, aucun d’entre eux n’est du voyage à Kooyong ! Spécialistes du gazon, Wally Masur, Tood Woodbridge et Mark Woodforde profitent de l’aubaine contre David Wheaton, Brad Gilbert, Richey Reneberg et Jim Grabb : la victoire est actée dès le samedi soir, 3-0. Agassi revenu sauver les meubles en barrages, les Américains y passeront leurs nerfs sur les Bahamas (5-0).
Etats-Unis 1983 : McEnroe en terre inhospitalière
En fait, si : on peut trouver pire qu’un déplacement sur le gazon australien. L’Argentine sur terre battue : c’est ce qui attend le tenant du titre américain au premier tour en 1983. L’équipe a fière allure, emmenée par John McEnroe, son acolyte Peter Fleming en double et le solide Gene Mayer en numéro deux du simple. Mais en face, il y a Guillermo Vilas et José Luis Clerc, respectivement finaliste et demi-finaliste du Roland-Garros précédent. Quand Clerc permet aux siens de se détacher 2-0 le vendredi, après avoir battu McEnroe en cinq sets, le plus dur est fait : ‘Mac’ et Fleming battent certes le binôme argentin en double le lendemain, mais c’est encore en cinq manches. Le dimanche, McEnroe est cuit, à point pour l’asado de Guillermo Vilas, lequel lui inflige le plus lourd revers de sa carrière en Coupe Davis par BNP Paribas, 6/4 6/0 6/1. Curieusement, les Américains se feront une petite frayeur face à la modeste Irlande en barrages, mais pourront compter sur McEnroe pour apporter ses trois points.
Suède 1976 : Un seul être vous manque…
Toute auréolée de son ange blond Björn Borg, la Suède gagne sa première Coupe Davis en 1975. Mais celui qui s’apprête à devenir le meilleur joueur mondial a d’autres ambitions en 1976 et décide de faire l’impasse sur la compétition. La sanction est immédiate : Ove Bengtson, Kjell Johansson et Rolf Norberg ne pèsent pas lourd face aux futurs lauréats de la compétition, l’Italien Adriano Panatta. Quatre ans après la fin du Challenge Round, la Suède essuie les plâtres et quitte l’élite. Soumis au bon vouloir de son unique champion du moment, tout le pays sera désormais pendu à ses décisions d’honorer, ou pas, le rendez-vous par équipes. Comme quoi Roger Federer n’a rien inventé.