Les records du tennis les plus improbables.
En quelle année a-t-on vu un joueur claquer pour la première fois plus de 50 aces dans un match ? Attention, il faut remonter loin… 1955, à Forest Hills ! Cette stat folle a échappé à l’œil de l’ATP Tour, cette dernière n’archivant tous les faits et gestes du circuit que depuis 1991. En fouillant dans les vieux journaux et les encyclopédies du tennis, on trouve d’autres chiffres inattendus qui, à défaut de pouvoir être authentifiés, ne figurent pas toujours dans le grand livre des records du tennis. Best-of.
Un jeu de… 33 minutes
Son souvenir est encore frais dans nos mémoires : en 2012, Paul-Henri Mathieu et Roberto Bautista-Agut ont disputé un jeu interminable de 27 minutes à Bercy, approchant le record officiel d’une seule minute codétenu par Lendl et Nystrom à Roland-Garros en 1987 et Berasategui et Filippini à Casablanca en 1996. Le vendredi 30 mai 1980 à la tombée de la nuit, John McEnroe et Paul McNamee auraient pourtant disputé un jeu long de 33 minutes sur le Central de Roland-Garros, si l’on en croit le compte-rendu de Denis Lalanne dans le journal L’Equipe. Manque de chance pour qui veut croiser les sources, les techniciens de la SFP n’ont pas jugé utile de continuer à filmer cette partie lorsque le commentateur de TF1 Christian Quidet a passé l’antenne aux actualités régionales... Il n’existe donc aucune image de ce jeu historique.
Plus de 100 aces dans un match…
Le 23 janvier 2005, Joachim Johansson bombarde Andre Agassi de 51 aces sur le Central de Melbourne. La barre des 50 est franchie pour la première dans un match du grand circuit. Officiellement seulement ! Edward Kauder, second couteau américain dont personne ne se souvient, l’avait peut-être fait dès 1955 à Forest Hills lors d’un premier tour à rebondissement contre son compatriote Ham Richardson. Battu 6/2 3/6 9/11 10/8 6/0 après avoir eu 5 balles de match, « Ed » aurait eu le temps de claquer 59 aces selon l’encyclopédie du journaliste Bud Collins (soit un ace toutes les 2 minutes 30), et 55 selon le quotidien américain « Reading Eagle », leuel attribue également 46 à son adversaire, ce qui nous donnerait un total de 101 sur le match ! Ces chiffres paraissent évidemment aberrants pour deux raquettes en bois. Est-on sûr que les journalistes témoins de ce match n’ont pas également compté les services gagnants ?
Tout est dit en 20 minutes
Des sets de 6 ou 7 minutes, le rêve de la télé d’aujourd’hui ! Jusqu’aux années 40, les écarts de niveau sont tels que certaines rencontres n’excédent pas le quart d’heure ! En 1929, Helen Wills aurait mis 20 minutes pour achever Molla Mallory 6-0 6-0, soit une jolie moyenne de 90 secondes par jeu. Les minutes avaient-elles vraiment le même nombre de secondes en 1929 ? Dans le doute, les nombreuses rencontres expédiées par Helen Wills ne figurent pas aujourd’hui dans la liste officielle des matches les plus courts.
Incertitude sur l’un des matches les plus longs de l’histoire
Six ans avant le « cultissime » Isner / Mahut qui est venu tout balayer, ce sont deux Français, Fabrice Santoro et Arnaud Clément, qui décrochent le pompon du match le plus long. 6h33 de labeur pour boucler leur premier tour à Roland-Garros, soit 11 minutes de plus que le précédent record, détenu depuis 1982 par John McEnroe et Mats Wilander. Mystérieusement, la bataille livrée deux ans plus tôt à Buenos Aires par ce même McEnroe contre Jose Luis Clerc (6h30 selon le très sérieux New York Times) n’a jamais été prise en compte. Bizarre, bizarre…
Des services à plus de 240 km/h avant les années 80 ?
Les statisticiens se sont permis de douter de la fiabilité des tous premiers radars, ceux-ci ayant enregistré des excès de vitesse plus qu’étranges. Comment croire que (le certes très costaud) Bill Tilden ait servi à 262,8 km/h en 1931 ? Plus près de nous, le service à 246 km/h de l’ace-man Roscoe Tanner en 1978 étonne également. Quant à la pointe à 219 km/h de Scott Carnahan à Los Angeles en 1976 semble plus plausible, mais elle n’a jamais été officiellement homologuée.
Gagner un match sans perdre un point ?
L’Américaine Hazel Hotchkiss Wightman est (ou serait) l’unique détentrice d’un record exceptionnel, à même de faire fantasmer Federer ou Nadal en personne ! Oubliée aujourd’hui, cette quadruple vainqueur de Forest Hills a (ou aurait) battu Miss Huiskamp sans perdre le moindre point en 1910, à Washington ! Sans jouer les éternels sceptiques, le conditionnel est de mise. En 1910, aucun article de presse n’a relaté cette rencontre, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à une légende née du bouche-à-oreille.
17 doubles fautes… de suite
Que celui qui n’a jamais offert le break à son adversaire en enchaînant 4 doubles fautes lève le doigt ! Il semble toutefois difficile d’aller au-delà de Maria de Amorim à Wimbledon en 1957. Le journaliste Bud Collins croit savoir que la Brésilienne en a fait 17 consécutives lors de son premier tour… qu’elle a perdu.
Des quinquagénaires en simple en Grand Chelem ?
A l’ère du fichage intégral, bien évidemment, toutes les dates de naissance des joueurs du circuit sont connues. Pour les joueurs nés avant la deuxième guerre, c’est plus compliqué : elles sont souvent incertaines, ou méconnues. La Britannique Madeleine O’Neill a-t-elle vraiment 54 ans quand elle passe un tour pour la dernière fois à Wimbledon, en 1922 ? Même question pour Gerry Oackley, dont la fiche Wikipedia le fait naitre à deux dates différente - 1912 ou en 1933 - ce qui n’est pas vraiment la même chose. Si la deuxième date est la bonne, cet autre Britannique aurait disputé Wimbledon (en 1947) à l’âge de… 13 ans et 11 mois !
Imbattable : 42 fautes de pied en 10 jeux de service
Le tout premier simple d’Ilie Nastase à Wimbledon en 1967 serait un petit bijou d’absurdité et de comique burlesque. Impossible cependant de vérifier si le Roumain n’a pas (un peu beaucoup) forcé le trait dans son autobiographie « Monsieur Nastase ». L’ancien numéro 1 mondial y prétend qu’on lui a compté pas moins de 42 fautes de pied, alors que la rencontre n’a pas excédé une heure (6-2 6-0 6-0). « L’arbitre était un type qui avait été juge de ligne dans ma finale de double messieurs à Roland-Garros quelques semaines auparavant et dans la direction de qui j’avais dû lancer une balle ou quelque chose de ce genre. » Franchement Ilie, il n’y aurait pas eu quelques insultes aussi ?