Compliqué d'attirer les grands joueurs dans les petits tournois, à moins d'être le Qatar et ne pas savoir que faire de son argent. La majorité des 250 ne peuvent pas se permettre de dilapider leur budget ,au risque de mettre la clef sous la porte.
C'est pourquoi l'Open 13 et son pacha, Jean-François Caujolle (JFC pour les connaisseurs), en plus d'avoir deux joueurs du top 10, Stan Wawrinka et Milos Raonic, respectivement demi et quart de finalistes à l'Open d'Australie, a décidé de miser sur l'avenir.
Faire venir des joueurs sur un tournoi est un long travail de négociations avec les agents. Pour certains, on discutera uniquement du prix, en essayant de le minimiser autant que possible. Pour d'autres, la négo peut tourner au marchandage, à base de « vas-y qu'j'te d'mande deux chambres d’hôtels supplémentaires pour mes parents et ma cousine », ou encore des « j'te file 10 000$ puis 2 500 par match gagné »...
On parle bien des garanties là, pas du prize money bien sûr. Très rapidement, pour les plus naïfs d'entre vous : pour que Federer dispute l'Open 13, le tournoi devrait lui verser environ 1 million de dollars, peu importe son résultat dans la semaine. S'il était amené à perdre au 1er tour, il empocherait tout de même son million. Plus le joueur est côté et plus son prix est élevé. Mais tous, quasiment, demandent un petit quelque chose.
Alors comment faire ?
JFC a peut-être trouvé la parade. Plutôt que de donner 1 million à Djoko, il préfère donner plusieurs fois 15 000 euros, à Coric, Zverev, Kokkinakis, Kyrgios et Thiem, à condition qu'ils s'engagent à revenir pendant trois ans. Il est certain que le public marseillais, dans sa grande majorité, n'a aucune idée de l'identité de ces jeunes garçons dans l'vent, mais JFC, lui, les connaît. Il sait qu'ils ont le potentiel pour entrer dans le top 10 d'ici deux ans. Alors, ils deviendront connus de tous. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est lui, au cours de la conférence de presse de présentation du tournoi 2015 qui s'est tenue ce mardi à Marseille :
« Ce sont des joueurs qui seront, d'ici trois à quatre ans, dans les dix meilleurs mondiaux et qui sont les potentiels vainqueurs de tournois du Grand Chelem. C'est la première fois que l'on prend des contrats pluriannuels de façon aussi systématique. Avant, on le faisait au coup par coup. Je l'avais fait avec Federer une fois, avec Nadal une fois puis aussi avec Ancic et Gasquet donc c'était plutôt des opportunités. On s'est dit qu'on allait essayer d'asseoir sur plusieurs années des contrats, sur deux trois ans, avec les cinq meilleurs jeunes du circuit. Donc c'est vraiment délibéré pour, d'une part, les avoir quand ils auront un niveau qui sera, d'ici deux ans, certainement dans le top 20. Je crois au retour des choses et les relations que l'on entretient avec les agents et les joueurs aujourd'hui sont très importantes »
Il est malin. Il les prend aux sentiments les p'tits jeunes. D'ici trois ou quatre ans, lorsqu'ils seront devenus des grandes stars, ils se souviendront que l'Open 13 leur a tendu la main alors qu'ils n'avaient encore rien prouvé. Cette stratégie a été payante avec Federer, car c'est vrai qu'en 1999 lui non plus n'avait encore rien prouvé, mais il était déjà un grand espoir et JFC lui avait attribué une wild card. Derrière Federer a sorti Carlos Moya au premier tour, alors 5e mondial et qui, lui, avait coûté cher au tournoi. Sur le coup JFC avait été très inquiet et il s'était demandé s'il n'avait pas commis une grave erreur en invitant ce jeune Suisse. La suite lui prouva que non...