Top 10 : Demandes insolites sur un court

14 janv. 2015 à 08:35:41

En demandant cette semaine à ce qu’on lui serve un café, Serena Williams fait une belle entrée dans le top des requêtes loufoques de joueurs sur un court. En voici dix, entre cigarettes et demande en mariage.

« C'est le miracle de l'expresso ». C'est en ces termes, le sourire aux lèvres, que Serena Williams a expliqué, le 5 janvier dernier, sa première victoire de l'année 2015. En effet, opposée à Flavia Pennetta en Hopman Cup, la n° 1 mondiale a eu visiblement beaucoup de mal à entrer dans son premier match, au point de commander un expresso… qu'elle a bu sur le court ! Entre cigarettes et père encombrant, retour sur dix autres requêtes loufoques de joueurs sur un court. Pour lesquels les désirs sont souvent des ordres.

 

Richard Gasquet et la balle gagnante

C’est bien connu, beaucoup de joueurs sont des névrosés perclus de tics et de superstitions. Le truc de Richard Gasquet, c’est de vouloir réutiliser la petite balle jaune avec laquelle il vient de réussir un coup gagnant. Une habitude qui l’a conduit à se brouiller avec un spectateur lors lors d’un match l’opposant à Nikolay Davydenko en 2010 à l’US Open. A l’issue d’un échange remporté par le Français, la balle file en tribune et un homme du public se précipite pour la récupérer en souvenir. Gasquet demande la balle à l’homme en question, qui refuse dans un premier temps. Le joueur ne cède pas et après une bonne trentaine de secondes d’un bras de fer pesant, il finit par obtenir gain de cause. Et gagne le match en trois petits sets.

 

Bernard Tomic et son père encombrant

Tournoi de Miami en mars 2012. Le jeune Australien, en proie à un conflit larvé avec son père autoritaire, est sur le court pour disputer un match du deuxième tour face à David Ferrer. Le paternel est en tribune, et plutôt que d’encourager son fils, il éructe, gesticule, s’agace… Lors d’un changement de côté, Bernard Tomic s’adresse à l’arbitre de chaise, désemparé. « Mon père gène, lui explique-t-il. Je veux qu'il parte, mais comment est-ce possible ? » Et de lui suggérer : « Si vous le voyez faire du coaching alors vous devez lui dire de se calmer. » L’arbitre s’exécute et adresse au joueur un avertissement pour ce motif, ce qui obligera le mauvais daron à quitter les lieux.

 

 

James Blake et le spectateur

James Blake contre Gaël Monfils : un match à servir show. Aux Internationaux de France en 2006, l’Américain décide de stopper l’échange sur une balle litigieuse annoncée faute pour le Français. Il appuie sa décision en indiquant une trace sur la terre battue à l’arbitre Carlos Ramos, qui valide. En tribune pourtant, un spectateur conteste. Il s’appelle Pascal Dugenne et est invité par Blake à se présenter sur le court pour le mettre face à ses responsabilités. L’homme en question ne se démonte pas et propose une autre trace dans les limites du terrain. L’arbitre en reste tout de même à sa première estimation et donne le point contre Monfils… qui finira par remporter la partie au final.

 

Novak Djokovic et le ramasseur de balles

Roland-Garros toujours, cette fois lors de la dernière édition en 2014. Novak Djokovic dispute son match du premier tour contre le Portugais João Sousa, quand la pluie fait son apparition et oblige l’arbitre à interrompre la rencontre. La suite, c’est Malo, 14 ans, ramasseur de balles, qui la raconte : « Djoko s’assoit sur le banc. Je vais lui tenir le parapluie. Il réalise que le temps ne se calme pas et que sa pause durera donc plus longtemps que prévu. Alors, il me fait signe de le rejoindre. (…) J’ai hésité un petit moment en me disant que c’était peut-être une blague. Je l’ai finalement vite rejoint et il a entamé la conversation. (…) Et puis il m’a dit de prendre quelque chose à boire et on a trinqué. » Tchin !

 


 

 

Karsten Braasch et la cigarette

En 1998, les sœurs Williams ne sont pas encore les reines du circuit WTA mais des étoiles montantes qui déboulent avec une espièglerie qui vire parfois à l’arrogance. Alors quand les petites pestes décrètent qu’elles seraient capables de battre des joueurs masculins du top 200, l’un d’eux décide de prendre la remarque au sérieux et relève le défi. Il s’appelle Karsten Braasch et à 31 ans, sa modeste carrière est sur le déclin. 203e mondial au moment du « match », il balaie d’abord la cadette Serena 6/1 dans le premier set, avant de gifler l’aînée Venus 6/2 dans le second. Le tout avec une seule balle de service et en obtenant l’autorisation de se fumer une cigarette lors d’un changement de côté, histoire de pousser à fond l’humiliation et la provocation !

 

Arthur Larsen et son aigle noir

Buveur, fumeur, coureur de jupons et grand consommateur de lobs et d’amorties, Arthur Larsen, l’une des meilleures raquettes américaines des fifties, laisse le souvenir d’un joueur fantasque, obsédé par des visions étranges. Seul survivant de sa section lors du débarquement à Omaha Beach en 1944pendant la Seconde guerre mondiale, il en aurait gardé des séquelles psychologiques. Comme lors d’un match de troisième tour à Forest-Hill en 1950, où il demande à ce qu’on recouvre d’une bâche les d’aigles géants en marbre clair qui surplombent le court. La raison ? Ces sculptures perturberaient la sensibilité de l’aigle noir imaginaire qui, selon lui, vit sur son épaule et lui sert d’ange-gardien. Quelques jours plus tard, il remporte le tournoi à l’issue  d’une finale en cinq sets contre son compatriote Herbert Flam. Et lâche à la cantonade après la rencontre : « Il m’énerve, cet aigle noir… Voilà qu’il me suit maintenant dans les vestiaires ».

 

John McEnroe et son équipe de base-ball

Fils de Brooklyn, John McEnroe est, depuis les années 80, un fervent supporter de l’équipe de base-ball des New York Mets. En 1982, lors d’un match de double avec son compatriote Peter Fleming, à San Francisco, il demande ainsi à l’arbitre de le tenir au courant du score de son équipe favorite qui joue en même temps que lui. Le juge s’exécute et prend des nouvelles du match par talkie-walkie puis informe McEnroe à chaque changement de côté. Les New York Mets s’imposeront, au contraire de la paire américaine. Une morale ?

 

Martin Emmrich et sa demande en mariage

Un peu de douceur dans ce monde de brutes. En juin 2014, lors du tournoi féminin de 'S-Hertogenbosch, aux Pays-Bas, le joueur allemand Martin Emmrich profite de la victoire au premier tour de sa compagne, Michaella Krajicek, tenniswoman néerlandaise, pour lui faire la plus belle des demandes… en mariage ! « J'ai estimé que ce moment était magique, se lance Emmrich, à genoux. Il y a un an en arrière je n'imaginais pas que cette chose arriverait entre nous. Mais maintenant, après dix mois avec toi, à m'endormir avec toi, à me réveiller dans tes bras, à regarder ces beaux yeux de Bambi, je sais que je veux passer le reste de ma vie avec toi. (...) Veux-tu m'épouser ? » En guise de réponse, « Bambi », très émue, s'approche alors de son fiancé pour l’embrasser longuement. Sous l’ovation du public, évidemment.

 

 

Nicolae Mishu et le sens de la disqualification

Malgré sa blessure de guerre qui l’oblige à servir à la cuillère, Nicolae Mishu, joueur roumain des twenties, a toujours eu un sens du spectacle peu commun. Un vieux filou dadaïste qui ne pouvait s’empêcher de servir dos au filet, de se mettre dans le carré de service pour retourner et de râler à chaque contrariété. Au point, lors d’un match de troisième tour de Wimbledon 1924, de demander la disqualification de son adversaire, l’Américain John Richardson. La raison ? Ce dernier vient de heurter la bande du filet pour la troisième fois du match. « Je ne veux pas jouer contre un cocu pareil ». Requête refusée, sans grande surprise. En signe de protestation, Mishu quitte le court, se fait lui-même disqualifié, laissant ses raquettes et chiffons au pied de la chaise d’arbitre. Il fuira Londres dans la journée, avant d’offrir un petit cadeau à Richardson quelques mois plus tard pour s’excuser : des cigarettes !

 

Fabio Fognini et le double Hawk-Eye

Indian Wells, Californie, mars 2014. Non, Mohamed El Jennati ne passe pas le tournoi le plus paisible de sa carrière. Déjà coupable d’une erreur d’arbitrage envers Denis Istomin au premier tour, le voilà pris en grippe, au deuxième, par l’impulsif Fabio Fognini. Sur une amortie de son adversaire, l’Américain Ryan Harrison, l'Italien envoie un revers annoncé faute et fait appel au Hawk-Eye. Harrison fait de même. Situation rarissime : deux joueurs demande l’assistance vidéo instantanément. Sur le ralenti, on voit que la balle est pleine ligne, mais l’arbitre demande à rejouer le point expliquant que les deux joueurs ont demandé l’arbitrage vidéo en même temps. Derrière, le show Fognini commence : « C’est mon point, tu fais la même merde qu’avec Istomin hier [...] Appelle le superviseur ». Mohamed El Jennati : « Il l’a demandé en même temps, c’est ma décision ». « J’en ai rien à foutre de ta décision [...] « Tu as fait une erreur hier. C’est la deuxième fois en deux jours ». Dur.

 

 

Par Régis Delanöe et Victor Le Grand

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