Sérieusement, elle sert à quoi cette IPTL ? Pas d’enjeu, pas de points ATP, des joueurs déjà en vacances et alléchés par l’appât du gain… On l’a tous compris, l’International Premier League Tennis, cette improbable resucée des Intervilles américains qui va tourner en Asie jusqu’au samedi 13 décembre, n’aura qu’un intérêt sportif limité. Mais la présence de quelques légendes du jeu dans les quatre équipes en compétition avec Sampras, Agassi, Rafter, Ivanisevic ou encore Moya et amenées à se recroiser garantit un bon revival 90’s des familles. L’occasion de replonger dans ces années « gros serveurs » et « surfaces ultra-rapides » dont voici les meilleures madeleines.
Andre Agassi / Pete Sampras – ¼ de finale US Open 2001
S’il est désormais acté que les deux plus grands rivaux des années 90 ne sont pas potes, l’une des dernières exhibitions entre les deux Américains avait failli tourner au vinaigre…
…on préfère se rappeler les 34 duels qui ont rythmé leur carrière entre 1989 et 2002. Le clou du spectacle a eu pour cadre l’US Open en 2001 : quatre sets (quatre jeux décisifs et 0 break), 338 points (presque tous beaux, attaques aériennes versus défense militaire), et à l’arrivée une victoire au mental de Pete 6-7 (7), 7-6 (2) 7-6 (2) 7-6 (5). On l’avait désigné à l’époque « plus beau match de tous les temps ». Ça c’était avant le passage de Federer, Nadal et Djokovic, mais il a peut-être manqué à ce match d’avoir eu rendez-vous avec l’Histoire. Il n’a en effet rien changé à la carrière de Sampras, ni à celle d’Agassi, ni à celle de l’US Open, que les deux Américains avaient déjà gagné tous les deux plusieurs fois.
Andre Agassi / Goran Ivanisevic – Finale Wimbledon 1992
Pour Agassi, Ivanisevic est forcément un bon souvenir. Et pourquoi pas même l’homme de sa vie puisque c’est en lui passant dessus - avec douleurs - que l’Américain a enfin viré sa cuti, à 22 ans ! Match culte, avec le grand Goran se faisant hara-kiri à 4-5 au cinquième set en bâclant son jeu de service, échouant 6-7 (8) 6-4 6-4 1-6 6-4. Quadruple surprise, Andre Agassi, alors pas grand chose d’autre qu’un grand loser à la perruque blonde et aux shorts fluos, gagnait son premier Majeur là où on l’attendait le moins (le gazon, surface à priori ennemie), pendant un gros moment de creux (aucun bon résultat depuis le début de la saison), contre un homme qu’il n’avait jamais battu (le Croate mène alors 2-0), et qui plus est tout de blanc vêtu…
Patrick Rafter / Andre Agassi – ½ finale Wimbledon 2000
On ne sait lequel choisir parmi les 15 matches entre Rafter et Agassi. On retiendra la demi-finale de Wimbledon 2000, preuve supplémentaire qu’Agassi n’a jamais vraiment été l’homme des cinquièmes sets. Ici, par peur de voir l’Australien partir à l’abordage sur ses retours, Agassi a forcé sur ses deuxièmes et multiplié les doubles fautes à des moments cruciaux. « J’ai pris des risques mais je ne regrette pas, car ce n’est pas en jouant la prudence que l’on gagne des tournois majeurs. » On se souvient aussi de son savoureux manque de lucidité lors de l’US Open 1997, quand Rafter, vainqueur de l’épreuve, l’avait stoppé net en 8è de finale. « Il n’a aucune chance de gagner, avait pourtant assuré l’Américain en conférence de presse. Il y a encore plein de gars qui peuvent le battre. Je ne dis pas qu’il ne joue pas bien, je dis simplement qu’il n’ira pas au bout. »
Pete Sampras / Goran Ivanisevic – finale Wimbledon 1998
« C’est le pire moment de ma vie. Cela ne m’encourage pas du tout à revenir. Tout ce que je peux faire, c’est me tuer. Je ne suis bon à rien pour personne. » Sans son titre à Wimbledon en 2001, qui dit qu’Ivanisevic n’aurait pas fini par faire une dépression nerveuse, ou même qu’il accepterait aujourd’hui simplement de rejouer face à Sampras ? Ces propos, parmi les plus noirs jamais proférés en conférence de presse par un joueur professionnel de tennis, ont été tenus après la troisième défaite du Croate en finale de Wimbledon, la deuxième contre l’Américain, sur le score de 6-7 (2) 7-6 (11) 6-4 3-6 6-2. Sans être un chef d’œuvre, cette finale est restée mémorable en partie pour cette poésie noire et suicidaire du génial écorché vif.
Patrick Rafter / Goran Ivanisevic – finale Wimbledon 2001
On a vu du meilleur tennis depuis, sur le Center Court de Wimbledon, mais a-t-on déjà vu finale plus émouvante que celle-ci ? Franchement ? Le synopsis : Ivanisevic le maudit, l’ex-immense-espoir-devenu-has-been qui arrache in-extremis à l’Australien (6-3 3-6 6-3 2-6 9-7) cette victoire majeure tant méritée, à l’aube d’une trentaine qui le fera vite raccrocher. En d’autres termes, c’était maintenant ou jamais. Et vu la teneur de ses déclarations lors des finales précédentes, nul ne sait effectivement comment aurait pu terminer cet incroyable lundi de juillet, animé par des milliers de supporters croates et australiens…