Alors que le BNP Paribas WTA Finals de tennis féminin approche à grands pas (17-26 octobre), retour sur cinq anecdotes qui ont fait la petite histoire des Masters féminins. Un tournoi qui a changé sept fois de villes organisatrices, qui fut le terrain de jeu préféré de Martina Navratilova et dont la finale s’est longtemps jouée en trois sets gagnants. Cabinet de curiosités.
1/ « Je ne peux plus faire de l’argent avec le tennis »
Boca Raton. Une station balnéaire prospère et ensoleillée de Floride qui accueille tout au long de l’année une clientèle fortunée. Rien d’absurde, donc, à ce que cette cité soit, en 1972, la ville organisatrice du premier Masters féminin. Une époque où le tennis est encore un sport réservé à une certaine élite sociale. Le tournoi se déroule alors sur terre battue. Quelques 100 000 dollars sont mis en jeu : une rétribution d’un montant record pour le sport féminin. Sur les courts, Chris Evert, 17 ans, s’impose aisément mais doit renoncer au chèque de 25 000 dollars destiné à la gagnante. La raison ? Son statut amateur lui interdit d’être rémunérée dans l’exercice de ses fonctions sportives. « Je suis très tentée de les prendre. C’est très difficile de refuser une telle somme, raconte la joueuse dans des propos relayés par The Ledger. Mais cela ne me dérange pas tellement car on pourrait croire que l’argent est une source de motivation, alors que, moi, je ne perds plus aucun match depuis que je ne peux plus faire d’argent avec le tennis ». Une espèce préhistorique.
2/ « Un générique de film qui devenait trop long »
Depuis sa création, toutes les lauréates du Masters féminin ont été numéro une mondiales durant leur carrière. Au moins une fois. Toutes, à l’exception de Gabriela Sabatini (1988 et 1993), Jana Novotna (1997), Petra Kvitova (2011) et Sylvia Hanika (1982). Pour cette dernière, l’exploit est encore plus méritoire : elle est la seule de ses comparses à n’avoir jamais remporté de tournoi du Grand Chelem. En 1982 pourtant, pour ce qui reste le plus beau titre de sa carrière, elle écrase en finale la patronne du tennis mondial de l’époque, Martina Navratilova, mettant ainsi fin à sa série de 21 victoire consécutives. De ce succès, Sylvia Hanika lâchera quelques années plus tard : « J’ai ajouté le générique à un film qui devenait trop long ».
3/ « Eh bien, faîtes-nous jouer en 5 sets »
Monica Seles contre Gabriela Sabatini, finale du Masters 1990, New-York. Ou le premier match du tennis féminin à s’être joué en cinq sets. La mise en place de matchs en trois sets gagnants chez les filles, une idée arrêtée en 1984 mais qui n’aura pas fait son chemin. Après deux autres finales en cinq manches en 1995 entre Graf et Huber et une autre l’année suivante entre Graf et Hingis, la direction du Masters décide de repasser de 3 à 2 sets gagnants en 1999. Au grand dam de Martina Navratilova : « L’argument de la Fédération internationale que nous ne pouvions pas jouer en 5 sets comme les hommes tombe, on l’a bien vu. D’ailleurs, on leur avait dit : ‘Eh bien, faîtes-nous jouer en 5 sets’. Et ils nous avaient répondu : ‘Nous ne le souhaitons pas, c’est juste que c’est trop dur pour vous, les femmes…’ J‘en suis sûre maintenant, les joueuses peuvent sans problème tenir la distance. C’est juste qu’ils ne veulent pas augmenter nos dotations, c’est tout ».
4/ Martina Navratilova, ses 20 titres et son âme d’artiste
« La différence entre l’implication et l’engagement, c’est comme le jambon et les œufs. La poule est impliquée ; le cochon engagé ». Oui, Martina Navratilova a d’avantage régalé le monde pour son tennis, ses culs de bouteille en guise de lunettes de vue ou ses apparitions dans des télé-réalités survivalistes que pour son sens hésitant de la formule. Côté palmarès, la Tchécoslovaque, devenue citoyenne américaine en 1981, détient ainsi le record du nombre de victoires dans toute l’histoire du Masters féminin, à la fois en simple (huit succès) et en double (douze, dont dix avec Pam Shriver). Aujourd’hui, elle met même ses talents d’artiste au profit de l’épreuve puisque c’est elle qui a conçu le trophée qui sera remis aux vainqueurs du double cette année : « Je pense que le résultat n’est pas mal. J’ai suivi ma première piste, qui était d’exprimer qu’un double se joue à deux ». Bien vu.
5/ « Plus étrange que frustrant »
Un Masters sans finale, c’est comme Rafael Nadal et son pantacourt : ça fonctionne très bien sans, mais avec, ça a quand même beaucoup plus de charme. En 2001, à Munich, Serena Williams remporte sans combattre le Masters féminin de tennis, en raison du forfait de sa compatriote Lindsay Davenport, blessée au genou droit. Malgré tout, cette dernière marche assure à Davenport une place toute chaude de numéro 1 mondiale pour la fin de saison : « Avec le recul, j'aurais aimé perdre et que la finale ait lieu. C'est de la malchance pour tout le monde, la pire manière de terminer la saison ». « Gagner un match ainsi, c'est plus étrange que frustrant. Ça ne m'était jamais arrivé », explique pour sa part Williams qui devait, dans l'après-midi, disputer une exhibition contre la toute fraîche retraitée allemande Anke Huber afin de satisfaire le public et justifier les 831 000 euros empochés pour avoir remporté le Masters en disputant seulement trois matches…