Le jour où le Central de Roland-Garros s’est transformé en terrain de foot…

11 sept. 2014 à 00:00:00

Il y a douze ans, l’équipe de France jouait déjà une demie de Coupe Davis par BNP Paribas à Roland-Garros. Une rencontre marquée par une fête d’après-match totalement inédite. Une anecdote à découvrir dans le Tennis story de la semaine.

À partir de vendredi, l’équipe de France affronte la République Tchèque à Roland-Garros pour une place en finale de Coupe Davis par BNP Paribas. Douze ans plus tôt, toujours en demi-finale, toujours à Roland-Garros mais face aux Américains, Sébastien Grosjean et ses coéquipiers obtiennent déjà leur ticket pour la plus prestigieuse des compétitions de tennis par équipes. Avant de s’offrir des prolongations un peu folles : un match de football sur le Central du stade parisien. Retour sur ce petit plaisir coupable avec son instigateur, Paul Quetin, préparateur physique de cette brigade en short et baskets sans crampons. 

 

Sébastien Grosjean mène le jeu à sa guise. Pour certains, il dispute même le meilleur match de sa carrière. Nous sommes le dimanche 22 septembre 2002, sur le Central de Roland-Garros, et le Français n’est plus qu’à quelques points d’une finale de Coupe Davis par BNP Paribas. Il mène 5-4 dans le quatrième set qui l’oppose à Andy Roddick, tête d’affiche de l’escouade américaine. En un mot, il respire la sérénité. Même s’il éprouve les pires difficultés à conclure sa partie contre James Blake, deux jours plus tôt, il ne laisse pas, cette fois-ci, le doute s’en mêler : 15-0 grâce à un ace à 189 km/h ; 15A après une amortie ratée ; 30-15 sur un service gagnant à 166 km/h ; 40-15 après un énième coup droit out de l'Américain. Deux balles de match s'offrent au Marseillais. La première suffira.

 

Un an seulement après avoir remporté la neuvième Coupe Davis par BNP Paribas de son histoire (face à l’Australie à Melbourne, ndlr), l’équipe de France affrontera la Russie pour une ultime rencontre, chez elle, au Palais omnisports de Paris-Bercy. En attendant, les vestiaires de Roland-Garros sont le théâtre de scènes de liesse. Les joueurs, leurs proches, l’encadrement technique et même quelques membres du personnel d’entretien du stade se félicitent de la victoire et s’embrassent à tour de rôle. Tout le monde, sauf une personne : Paul Quetin, préparateur physique de l’équipe, trop occupé à sortir son matériel. « J’avais un peu anticipé les choses en ce sens où j’imaginais le meilleur scénario possible pour nous, confie aujourd’hui le membre du staff de la FFT. On se retrouvait avec la possibilité, en cas de victoire, d’utiliser le court de manière exceptionnelle, même si on n’aime pas trop prévoir des choses en amont. On a toujours peur que cela nous porte malheur… Je voulais donc faire la surprise. »

 

« Tsonga aurait pu jouer en deuxième division »

 

Mais de quelle surprise parle Paul Quetin, toujours en poste douze ans plus tard ? À quelques jours d’une autre demi-finale de Coupe Davis par BNP Paribas, toujours à Roland-Garros, l’intéressé revient sur son petit secret : « Comme la veille, le samedi, nous menions face aux Américains, je me suis alors mis en tête que si nous arrivions à l’emporter, nous pourrions terminer par un petit match de football sur le Central, ce qui serait un truc exceptionnel. » Pour ce faire, Paul a déjà tout prévu : des buts métalliques discrètement cachés dans une réserve, des dossards dépareillés pour les deux équipes et la mise dans la confidence du grand responsable des courts, Gaston Cloup (aujourd’hui à la retraite, ndlr). Résultat : trente minutes après leur qualification, joueurs, kiné, docteur et même le cordeur de l’équipe de France sont de retour dans l’arène. « Amélie Mauresmo s’est même jointe à nous. Le stade s’était vidé, mais il restait encore une cinquantaine de spectateurs en tribunes qui ont pu assister à ce moment privilégié, détaille Paul Quetin. On a enlevé le filet, les poteaux, et on a mis deux buts de chaque côté du terrain contre la bâche. Le ballon était prêt. Les équipes ont été improvisées ».Sébastien Grosjean, Arnaud Clément, Fabrice Santoro ou encore Paul-Henri Mathieu, alors petit nouveau de la bande, enchainent petits ponts et centres au cordeau. « Michaël Llodra a même fait le ‘coup de chapeau’ (trois buts inscrits par un même joueur dans un match, ndlr). Il chambrait tout le monde », poursuit l’instigateur de ce six contre six, encore impressionné par le niveau technique des joueurs de l’époque.

 

 

Et même de ceux d’aujourd’hui : « Depuis toujours, les joueurs de foot jouent très bien au tennis et les joueurs de tennis très bien au foot. J’ai pour mémoire un stage dans les Vosges il y a quelques années, avec Jo-Wilfried Tsonga, Julien Benneteau, Nicolas Mahut, Gilles Simon et Paul-Henri Mathieu, lors duquel nous avions défié une équipe de football locale – d’un très bon niveau départemental - et nous les avions battu 4 buts à 1. En plus, nous avions fait 7 heures de marche dans la journée pour arriver jusqu’au stade. Le président du club hallucinait ! » Paul Quetin l’assure : « Tsonga, s’il avait fait du football, il aurait pu jouer au minimum en deuxième division. » Michaël Llodra et Sébastien Grosjean peut-être pas, mais eux peuvent néanmoins s’enorgueillir d’avoir tapé la balle sur l’un des plus beaux courts du monde : « C’était incroyable, magique, exceptionnelLa preuve, je ne l’ai jamais refait depuis ». Jusqu’à ce week-end ?

 

Par Victor Le Grand

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