Dix infos de l’US Open qui vous ont (peut-être) échappé

5 sept. 2014 à 00:00:00

Cette année à l’US Open, il y a évidemment eu le 5ème set avec tie-break, les avions survolant et les éliminations surprises de Cibulkova et Halep, mais aussi plein d'autres faits survenus pendant le tournoi et passés presque inaperçus.

Bien sûr, il y a le 18e titre du Grand Chelem en vue pour Serena Williams et évidemment, il y a la perspective d’une affiche Djokovic – Federer mais il s’est aussi passé bien des choses durant les dix premiers jours de l’US Open. Bilan d’un tournoi palpitant du côté féminin, plus conventionnel chez les hommes.

 

Pâté de têtes…

 

Simona Halep, 3ème tour. Li Na, forfait. Petra Kvitova, 3ème tour. Agnieszka Radwanska, 2ème tour. Maria Sharapova, huitièmes. Angelique Kerber, 3ème tour. Eugenie Bouchard, huitièmes. Ana Ivanovic, 2ème tour. Jelena Jankovic, huitièmes. Et voilà comment une seule des dix premières mondiales parvient à figurer en quart de finale du Grand Chelem qui, d’habitude, reflète le plus fidèlement les rapports de force du classement. La rescapée, c’est évidemment Serena Williams. Pour le reste, le tableau fait la part belle aux revenantes (Caroline Wozniacki, Victoria Azarenka), aux jeunes pousses (Belinda Bencic, Aleksandra Krunic) et à quelques valeurs sûres du Top 30 (Shuai Peng, Ekaterina Makarova). Mais fini de rire : son altesse Sérénissime entend bien soulever la Coupe dimanche.

 

… et têtes au carré

 

Huit têtes de série en quarts de finale, les jeunots ont beau faire des efforts – mention à Dominic Thiem, seule non tête de série qualifiée pour les huitièmes – la hiérarchie masculine demeure verrouillée. Depuis l’Open d’Australie 2012, soit douze tournois majeurs, le taux de chute d’une tête de série au premier tour est de 18%, soit six joueurs en moyenne. Le statut de « joueurs protégés » n’a jamais si bien porté son nom.

 

Gilles Simon, l’homme qui murmurait à l’oreille de Gaël Monfils

 

Gilles Simon, l’un des joueurs les plus intelligents tactiquement du circuit, a mis son sens du jeu au service des autres dans cet US Open. Ou plutôt d’un autre : son pote Gaël Monfils. Les deux garçons se connaissent depuis l’enfance et Simon s’est mis en tête d’accompagner la progression de son cadet d’un an dans le tableau new-yorkais. Avant chacun des matchs, il lui a prodigué conseils tactiques et encouragements. « Quand je vois ce potentiel gâché, ça me gonfle, justifie Simon. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, alors que ça pourrait plus tard être contraire à mes intérêts si l’on doit se rencontrer, mais c’est comme ça. D’aussi loin que je me rappelle, Gaël et moi avons toujours beaucoup échangé, et j’ai toujours eu l’impression qu’il devait faire mieux. » Et celui que Gaël Monfils surnomme « mon petit Gilou » d’ajouter dans un sourire : « J’ai toujours pensé que si je le coachais, Gaël gagnerait un Grand Chelem. »

 

J’ai un paragraphe pour vous dire que la Suisse, c’est d’la dynamite

 

En tennis, la Suisse ne fait pas dans la quantité. En qualité, par contre… Tous tableaux confondus, les Helvètes ont placé quatre de leurs représentants dans des quarts de finale. Soit Roger Federer et Stanislas Wawrinka en simple messieurs, Belinda Bencic en simple dames et Martina Hingis en double dames. Oui, Martina est toujours là. De retour à la compétition en double, l’ancienne n°1 mondiale, aujourd’hui âgée de 33 ans, vise ce week-end, avec Flavia Pennetta, un premier titre en Grand Chelem depuis l’Open d’Australie 2002, à l’époque avec Anna Kournikova. La Suissesse a du coup été aux premières loges pour assister à l’éclosion de Belinda Bencic, formée par sa maman, Mélanie Molitor, et plus jeune quart de finaliste à l’US Open depuis… elle-même, en 1997 ! Après Günthardt, Hlasek, Rosset, Hingis, Federer et Wawrinka, la Suisse et ses 50 000 licenciés ont peut-être trouvé  leur chaînon suivant, celui qui leur permettrait de perpétuer l’incroyable anomalie statistique représentée par les 23 titres en Grand Chelem en simple, 12 en double et 2 médailles d’or olympiques accumulées en trois décennies.

 

Mirjana Lucic, quinze ans plus tard

 

Mirjana Lucic, un nom tout droit surgi du passé. A la fin des années 1990, la Croate fait partie de la vague de bébés championnes qui, avec Hingis, Kournikova ou Dokic, déferle sur le circuit. En 1997, à 15 ans, elle soulève le trophée dès son premier tournoi sur le grand circuit. Quelques mois plus tard, elle devient la plus jeune lauréate en Grand Chelem en remportant le double de l’Open d’Australie, associée à Martina Hingis. Et en 1999, à  17 ans, elle est demi-finaliste en simple à Wimbledon. L’avenir s’annonce radieux… et puis plus rien. Beaucoup de blessures, et surtout d’insoutenables récits dans lesquels elle révèle que son père (et entraîneur) la bat depuis l’enfance. Considérée perdue pour le tennis, celle qui est devenue Mirjana Lucic épouse Baroni reprend le chemin des courts professionnels en 2010, et s’y épanouit. Victorieuse de Simona Halep, n°2 mondiale, dans cet US Open, elle a retrouvé la 2ème semaine d’un Grand Chelem pour la première fois depuis son Wimbledon 1999. Revenue de si loin, plus rien ne lui fait peur : à 32 ans, elle n’a pas renoncé « à gagner un jour un tournoi du Grand Chelem. »

 

Du beau monde sur le banc

 

Au stade des quarts de finale, il restait du beau linge déployé sur le court dans le tableau masculin… mais aussi en tribunes. Parmi les sept entraîneurs (on exclut Gaël Monfils, officiellement sans coach) ayant passé le cap de la première semaine avec leur poulain, on pouvait compter cinq vainqueurs en Grand Chelem (Stefan Edberg, Boris Becker, Amélie Mauresmo, Goran Ivanisevic et Michael Chang) et un finaliste (Magnus Norman). Le maillon faible ? Tomas Krupa, coach de Tomas Berdych, « seulement » 278e à son meilleur.

 

Kei Nishikori, dites 33

 

Inlassablement, Kei Nishikori dépoussière le livre des records du tennis japonais. A l’US Open, le protégé de Michael Chang est devenu le premier joueur de son pays à disputer les demi-finales d’un tournoi du Grand Chelem depuis Jiro Sato, en 1933. Ceci dit, les temps ont bien changé : élevé à la dure sous le soleil de Bradenton plutôt que sous les cerisiers de Kyoto, le petit samouraï pratique le tennis de G.I. cher à Nick Bollettieri, et avoue se sentir « comme à la maison à l’US Open. Je vis aux Etats-Unis et ce tournoi est un peu comme chez moi. » Il le serait définitivement si Kei trouvait la clé pour interrompre, au prochain tour, la série d’un autre New-Yorkais d’adoption, par les résultats celui-ci : Novak Djokovic, qui vise une cinquième finale d’affilée à Flushing Meadows.

 

La bonne étoile de Burgos

 

En voilà un qui a su être patient : Victor Estrella Burgos a attendu ses 33 ans pour disputer enfin le tableau final d’un tournoi du Grand Chelem. Eloge de la persévérance pour un joueur qui a disputé ses premiers matchs sur le Tour en l’an 2000, mais qui, faute de finances suffisantes, a longtemps alterné tournées Futures et retours au pays pour enseigner le tennis. Sa ténacité (il compte 21 titres Futures à son palmarès !) a fini par payer ces derniers mois : devenu en mars le joueur le plus âgé à « craquer » pour la première fois le Top 100, il a dans la foulée été le plus vieux dans l’ère Open à découvrir Roland-Garros, puis Wimbledon, puis l’US Open. A New York, il a enfin passé un tour, puis deux, avant de tenir tête, trois tie-breaks durant, au n°6 mondial Milos Raonic.

 

2014, le grand huit de la WTA

 

Li Na et Dominika Cibulkova à l’Open d’Australie, Maria Sharapova et Simona Halep à Roland-Garros, Petra Kvitova et Eugenie Bouchard à Wimbledon, et… aucune de ces six-là à l’US Open : en 2014, huit joueuses différentes auront été à l’affiche de la finale des quatre tournois du Grand Chelem. Pareil cas de figure est plus rare à la WTA qu’à l’ATP : il fallait remonter à 1977 pour trouver trace d’une saison à huit finalistes différentes en Grand Chelem sur le circuit féminin, quand la situation s’est dans l’intervalle produite à trois reprises du côté des hommes : 1998, 2001 et 2002.

 

« CiCi » Bellis fait un carton

 

La 1208e joueuse mondiale qui sort la 13e au 1er tour d’un Grand Chelem : en termes de classement déjà, la victoire de Catherine Cartan Bellis sur Dominika Cibulkova interpelle. Mais ajouté à cela le fait qu’elle ne soit âgée que de quinze ans, soit la plus jeune joueuse à gagner un match à New York depuis Kournikova en 1996, il n’en fallait pas plus pour que le tennis féminin américain entrevoie une future star en cette « CiCi ». Un nouveau statut visiblement difficile à porter : dans le tableau junior, la tête de série n°1 s'est fait éliminer dès le second tour également...

 

Par Guillaume Willecoq

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