Le Monfils-Federer de la nuit prochaine s'annonce spectaculaire. Les deux joueurs sont en grande forme, les deux adorent jouer en « night session » à l'US Open et les deux sont les chouchous du public new-yorkais. Evidemment, le Suisse part favori. Mais ça ne fait jamais de mal d’avoir quelques avis de spécialistes (que je remercie chaleureusement au passage). Voici donc, en exclusivité, ce que pensent les journalistes de l'Equipe, Tennis Mag, Libération, RMC, France Inter et, last but not least, Berner Zeintung ...
Marco Keller, du Berner Zeitung (journal de Berne) affirme :
« Je suis convaincu que Roger Federer s’imposera nettement, au maximum en quatre sets. Gaël Monfils a fait un beau parcours jusqu’aux quarts mais a aussi profité des lacunes mentales de Grigor Dimitrov. Le Federer de l’été 2014 n’a rien à voir avec celui de l’année passée et reste presque imbattable dans la nuit de New York. Son plus grand avantage : il gère mieux le jeu des émotions que Monfils ».
Julien Reboullet, de l'Equipe espère :
« C'est toujours assez fascinant de voir Gaël Monfils réduire de façon drastique la durée de ses "absences" pendant un match. Contre Dimitrov, mardi, il a balancé quelques points mais a toujours su se rassembler dans la foulée. Au final, il a laissé une impression de constance qui tranche avec son personnage et qui peut donner libre cours aux rêves les plus fous. Parce que franchement, si Gaël Monfils se contente de faire simplement tout ce qu'il sait faire sur un court de tennis, n'y a-t-il pas encore la place pour un énorme coup dans cette carrière certes très respectable mais au palmarès insuffisant en comparaison du talent du bonhomme? Sauf qu'il court un grand risque face à Federer. Celui de s'absenter bien plus que face à Dimitrov. Le Suisse donnera moins de points que le Bulgare et jouera plus juste tactiquement. Sûr qu'on le verra glisser des revers coupés sans poids, parfois très courts, et que Monfils se régalera moins sur ces balles là que sur les coups frappés de Dimitrov. Mais, s'il reste simple... »
Antoine Couvercelle, Photographe à Tennis Magazine se régale d’avance :
« La seule crainte est que Roger joue trop vite pour Monfils et qu'il soit un peu dépassé pour mettre son jeu en place. Toujours est-il que ça va être énorme, une fois n'est pas coutume, il (Monfils) aura sûrement la plus grosse partie du public pour lui. Les Américains adorent le show et La monf pourrait leur faire un feu d'artifice ! »
Jean-François Pérès, de RMC, est rationel :
« Pour Federer, c'est ni plus ni moins qu'un énième quart de finale en grand chelem. La routine. Il va jouer son jeu, tranquille, plus rien à prouver. Je crains qu'il ne joue au chat et à la souris avec un Monfils qui au contraire risque de "surjouer", d'être un peu en surchauffe, trop excité par ce qui est l'un des rendez vous les plus importants de sa carrière, mine de rien. D'un autre côté, sa seule chance c'est justement de rendre ce match fou, de détruire la rationalité de Roger par sa propre irrationalité. Mais malgré l'extraordinaire impression laissée par Gaël jusqu'à présent, avantage Roger. En 4 sets.
Rémi Bourrières, de Tennis Magazine, reste calme :
« Je pense qu'il ne faut pas trop s'enflammer car Monfils a eu un tableau favorable jusque-là. Objectivement, pour moi, Rodge est clairement le favori surtout s'il y a du vent comme ces derniers jours car il s'en accommode beaucoup mieux. Par contre, si les conditions sont bonnes, si Gaël se sent bien, s'il commence à envoyer 2-3 patates, à enflammer le public et à faire douter le maître, si en plus il l'engage dans un long combat physique, là y'a un coup à jouer ».
Eric Salliot, de RMC :
« Depuis que Gilles Simon lui prodigue des conseils tactiques et philosophiques sur le fait que le temps passe (eh oui, il a 28 ans), Lamonfe est incroyablement concentré. Très peu de moments d'égarements même si le vilain quart d'heure face à Dimitrov a failli lui coûter très cher. Comme l'a dit Gilles Simon, "Rodge " ne va pas s'amuser ».
Fabrice Abgrall, de France Inter, y croit :
« Gaël Monfils affiche depuis le début du tournoi une telle décontraction et un tel relâchement que tout semble possible à condition qu'il croit en ses chances. Il traverse le tournoi en toute sérénité. Il a toujours eu tendance à se disperser. A faire le show pour cacher ses mauvaises prestation sur le court. Ici, à New York, pas du tout. Il est extrêmement concentré. Sur le court, il ne perd pas le fil du match. Il sait ce qu'il doit faire et il s'y tient. Face à Federer, il va falloir qu'il se sente en confiance. Il le sera s'il est performant au service. S'il passe ses premières balles, il pourra derrière installer son jeu. Sur la durée des 5 sets, il peut très sérieusement gêner le Suisse. Le battre ? Gilles Simon, son conseiller "particulier", en est persuadé. Alors si le meilleur pote de Gaël le dit, il n'y a pas de raison de ne pas le croire ».
Myrtille Rambion, collaboratrice pour Libération, Europe 1, et la FFT , a du mal :
« Difficile de prédire exactement ce qu'il va se passer entre ces deux-là. Mais ce qui est sûr c'est que 1) il va y avoir du spectacle, 2) le public va être trrrrès partagé car il aime à la fois Gaël le showman et Roger la légende évidemment! Je verrais bien quand même un début de match assez serré, avec les deux joueurs qui tiennent leur service et un premier set qui se conclut au tie-break. Après, tout est possible mais, allez, je me mouille: Gaël en cinq sets ».
Vincent Cognet, L'Equipe, analyse :
« Jamais je n'ai vu Monfils aussi apaisé et concentré sur son sujet. Il adore New York, qui le lui rend bien. Il ne surjoue pas, fait le show mais sans en rajouter, mais surtout il utilise intelligemment ses armes: service, surpuissance en fond de court, couverture de terrain hors norme. Le problème, c'est que Federer aussi survole son sujet. Rien à voir avec 2013. Il joue très agressif, monte le plus souvent possible au filet (52 fois en trois sets contre Bautista Agut) et ne souffre d'aucun bobo physique. Il a prévu d'attaquer énormément contre Monfils, pour "lui faire frapper le maximum de passing-shots." Normal: il craint Monfils à l'échange ».