Avec le début de Wimbledon lundi prochain, le All England Lawn Tennis and Croquet Club, ou en moins pompeux, la direction du tournoi a annoncé les têtes de séries. Habituellement dans un tournoi « normal », l'attribution des têtes de série est faite en fonction du classement mondial. En bref le numéro 1 mondial est tête de série numéro 1, le 2 mondial tête de série numéro 2, etc…
Mais à Wimbledon, ils sont au dessus des règles et donc le classement mondial ne détermine pas les têtes de série. Ce qui explique que Novak Djokovic soit tête de série n°1, Rafael Nadal n°2, ou, pire encore, que Stan Wawrinka, confortablement ancré à la troisième place mondiale, ne soit que tête de série n°5 derrière les deux premiers nommés, puis Andy Murray n°3 (5e mondial) et Roger Federer n°4. Ce n'est pas rien car cela veut dire que potentiellement Wawrinka peut être opposé à l'une des 4 premières têtes de série dès les quarts de finale, alors qu'il est le 3e meilleur joueur au monde, nom de nom !
Je vous rassure la désignation des têtes de série n'est pas du tout arbitraire. Oh que non. C'est une formule très scientifique qui est appliquée pour remettre un peu d'ordre à l'anglaise dans ce bazar qu'a créé le reste du monde.
Voici comment ça fonctionne :
En premier lieu, il faut prendre les points du classement ATP datant du 16 juin 2014, y ajouter 100 % des points obtenus pour tous les tournois sur gazon disputés sur les 12 derniers mois, puis y rajouter 75 % des point obtenus pour les meilleurs résultats obtenus sur gazon des 12 mois précédents. Pourquoi ne pas y rajouter la moitié de l'âge du joueur que l'on multiplie par le nombre de match disputés dans sa carrière (uniquement sur gazon bien sûr sinon ça n'a plus de sens) que l'on divise ensuite par la racine cubique du carré de l’hypoténuse à laquelle on rajoute le nombre de sac à mains différents qu'a utilisé la reine d'Angleterre publiquement depuis le début de son règne ?
Ça ne dérange personne ? Pourquoi ? Pourquoi je suis le seul outré lorsqu'un tournoi se permet de reprendre le classement mondial et de remettre en cause les résultats obtenus par des joueurs. Des résultats qui sont le fruit d'un gros travail et de remise en question personnelle. Je pense notamment à Wawrinka qui passe de la 3e à la 5e place mondiale comme on changerait de file au supermarché car « la caissière va plus vite sur celle-ci ».
Vous voulez savoir pourquoi ? Car c'est Wimbledon. Et Wimble… Pardon « the championships » - oui les Anglais en toute humilité appellent ça le championnat et non Wimbledon comme si tous les autres tournois au monde n'étaient que de simples exhibitions - a tous les droits.
Ok. Alors dans ce cas-là pourquoi ne pas carrément trancher dans le vif. Comme ils ont tous les droits parce qu'après tout ils sont WIMBLEDON, je propose que lorsqu'une partie est interrompue par la nuit, plutôt que de reprendre le lendemain, que le vainqueur soit déterminé en fonction de la meilleure tête de série du match et si les deux ne le sont pas alors la victoire reviendrait tout simplement au joueur qui mène (ben oui je vous rappelle que le classement mondial ne veut rien dire à Ze Championnat). Pourquoi ne pas non plus faire une finale aux meilleurs des 9 sets, des jeux qui se terminent à 50 ou des tie-breaks en 21 ?
Ce qui est d'autant plus gênant, c'est que paradoxalement, ils ont tout fait pour ralentir la surface et la rendre le plus possible similaire aux autres en retirant ce côté très rapide qui la distinguait et qui la rendait tellement unique obligeant les joueurs à produire un jeu ultra offensif.
J'aime regarder Wimbledon. En revanche, j'ai vraiment du mal avec ce côté « so english » de refaire les choses, et surtout, surtout, j'espère que Stanislas Wawrinka remportera le tournoi pour que dans leurs salons ceux qui l'ont déclassé s'étouffent « ever so slightly » avec leur biscuit sec en buvant leur thé.