Qui es-tu, le joueur de terre battue idéal ?

23 avr. 2014 à 00:00:00

Qui es-tu, le joueur de terre battue idéal ?
Alors que la saison de terre battue commence, le MAG We Are Tennis s’est demandé quel était le morphotype du joueur parfait sur la fameuse surface ocre. Les jambes, le coup droit, le mental… Découvrez le portrait-robot du terrien imbattable.

Chaussettes blanches qui virent oranges, poussière qui vole jusqu’en tribune, glissade à gogo et échanges marathons : les deux mois et demi que dure la saison de terre battue offrent des points de repère immuables. Elle permet aussi à des caractéristiques bien spécifiques de s’exprimer. Portrait-robot du terrien imbattable.

 

Le physique de… Thomas Muster

 

« Thomas Muster, c’est le fils de Nadal. » Ancien entraîneur d’Amélie Mauresmo, Loïc Courteau constate que « la dimension physique est devenue primordiale sur terre battue à partir des années 90 », avec l’Autrichien comme référence de cette évolution progressive vers le « toujours plus de muscles ». L’année 1995, « Musterminator », avec son allure de gladiateur, remporte 40 victoires consécutives sur l’ocre, dont les Internationaux de France de Roland-Garros, en dominant le frêle Michael Chang en finale, comme une passation de pouvoir.

 

 

L’endurance de… Guillermo Vilas

 

Si les marathoniens sont aujourd’hui nombreux sur le circuit ATP, ce n’était pas encore le cas dans les années 70, époque Guillermo Vilas. « L’Argentin est un de ces rares phénomènes du tennis qui pouvaient faire durer une série de victoires sur cette surface si exigeante », fait remarquer Patrice Hagelauer, qui sait de quoi il parle : il a été l’entraîneur de Yannick Noah lors de sa victoire aux Internationaux de France en 1983. Stakhanoviste du travail, Vilas a construit ses succès sur terre battue – dont une année 1977 exceptionnelle marquée par sa seule victoire à Roland-Garros – d’abord et avant tout grâce à son endurance, lui qui s’était un jour vanté de pouvoir rester 7 heures sur un court sans fatiguer.

 

 

Le lift de… Björn Borg

 

Le Suédois est d’abord resté dans les mémoires par son allure, avec ses longs cheveux retenus par son fameux bandeau. C’est oublier qu’il est aussi et surtout « l’inventeur du lift » avec Vilas. Le lift, ce coup à effet, « absolument indispensable sur terre pour repousser l’adversaire et ralentir le jeu », aux dires de Loïc Courteau. Il y a une trentaine d’années, ils n’étaient pas nombreux à l’utiliser, et ce fut notamment l’une des clés du formidable succès de Borg sur la terre parisienne, avec six titres à Roland-Garros à son palmarès. « Il a parfaitement su s’adapter à la terre battue, bien qu’il n’était pas un spécialiste. »

 

Le coup droit de… Carlos Moya

 

Avant que n’arrive le règne de Rafael Nadal, il y a eu plusieurs saisons où ces deux mois sur terre battue étaient plus ouverts, avec différents profils pouvant s’exprimer. En 1998 par exemple, Carlos Moya réussit un bel enchaînement Monte Carlo/Roland-Garros grâce à son style intermédiaire : les caractéristiques du terrien endurant propres aux Espagnols, tout en ayant une force de frappe redoutable, dont un fameux coup droit giclant parfaitement de sa raquette. Une arme qu’il a su exploiter au mieux.

 

Le revers de… Gustavo Kuerten

 

L’arme du revers est l’occasion de rendre hommage au Brésilien Gustavo Kuerten, trois fois vainqueur à Paris et adoré du public. Ses atouts pour charmer les spectateurs ? De la générosité et du cœur. Ses atouts pour éliminer les adversaires les uns après les autres ? Un tennis parfaitement adapté à la surface, notamment ce revers à deux mains. « Il avait cette façon de frapper très fort, avec une balle très bombée qui gênait considérablement le joueur en face, se souvient Patric Hagelauer. La balle était aussi frappée assez tard, ce qui en rendait sa lecture d’autant plus difficile. »

 

Le jeu de fond de court de… Sergi Bruguera

 

« Bruguera, c’est vrai que c’était l’archétype du joueur restant loin de la ligne, remisant tout avec un maximum d’effet bombé. » Patrice Hagelauer comme tous les observateurs du tennis le savent : autant le terme de « jeu à l’espagnol » est un compliment en football, autant il a longtemps été synonyme d’ennui s’agissant de la balle jaune. Ennui mais aussi efficacité : Bruguera a soulevé deux fois la fameuse Coupe des Mousquetaires, et son compatriote Albert Costa une fois dans un style de jeu sensiblement identique.

 

L’amorti de… Andy Murray

 

« Attention, prévient Loïc Courteau, si l’amorti est une arme importante en terre battue, il faut savoir l’utiliser à bon escient, seulement de temps en temps. » Le but est bien sûr de parvenir à bousculer les terriens dans leurs habitudes de fond de court et de tromper leur vigilance. Plus facile en théorie qu’en pratique… « L’amorti nécessite un excellent toucher de balle, estime Patrice Hagelauer. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus à l’utiliser, c’est intéressant dans la variation du jeu : Murray mais aussi Nadal bien sûr. »

 

La créativité de… Roger Federer

 

« Avec son intelligence, Roger Federer a su s’adapter à la terre. Son jeu aujourd’hui est intéressant, très complet, plein de variation. » Le compliment est signé Patrice Hagelauer, qui apporte juste une nuance : « Sa seule faiblesse, c’est son revers slicé sur balle haute. Chaque fois, Nadal réussit à le matraquer dans ce registre. » Reste qu’avec la large palette qu’offre son jeu et son expérience, le Suisse reste un sérieux candidat à la victoire sur chaque tournoi de terre battue.

 

La patience de… Mats Wilander

 

Si le premier tournoi du Grand Chelem conquis par Mats Wilander est Roland-Garros en 1982, ce n’est pas un hasard : le Suédois avait tout pour se plaire sur l’ocre. Le jeu bien sûr, mais aussi des qualités humaines. « Il était d’une rare intelligence, se rappelle Patrice Hagelauer. Mats était patient, il attendait de pouvoir exploiter la moindre faiblesse ou défaillance de son adversaire. » Gare aux joueurs trop impulsifs, les « rallyes » que peuvent constituer certains échanges sur terre battue peuvent finir par les agacer au point de déjouer.

 

Le mental de… Rafael Nadal

 

Last but not least, le Majorquin aurait pu figurer dans toutes les caractéristiques précédentes. « Le portrait-robot du joueur de terre battue, c’est bien simple : c’est Nadal », reconnaît Hagelauer, admiratif. Courteau ne dit pas autre chose : « Il est au-dessus de tous actuellement. Et même s’il est difficile de comparer les époques et les générations, il n’a pas non plus d’adversaires à sa mesure dans l’histoire du tennis. » Ses qualités ? « Deux coups liftés ultra puissants, un physique hors norme et un mental de guerrier. » Formidable puncheur, Nadal est une bête de compétition. Il sera bien évidemment encore le grand favori à sa propre succession lors des prochains Internationaux de France.

 

Par Régis Delanoë

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