Que sera le tennis en 2050 ?

26 mars 2014 à 00:00:00

Que sera le tennis en 2050 ?
Que sera le tennis en 2050 ? Le MAG WeAreTennis a demandé à un ancien membre du top 10, un entraineur et un journaliste de livrer leur vision du tennis de demain...

Le tennis sera-t-il toujours le même sport dans quelques décennies ? Entre l’arrivée des raquettes intelligentes et de compétitions type Intervilles, le MAG WeAreTennis a demandé à un ancien membre du top 10, un entraineur et un journaliste de discuter des évolutions majeures et de lancer des hypothèses à la volée sur le tennis de demain... Attention, ils ont des choses à dire.

 

- Un niveau de jeu moyen en progression constante

 

« Le premier constat que l'on peut faire en observant le tennis actuel est simple : il va de plus en plus vite et le niveau moyen augmente. Les joueurs frappent toujours plus fort et ils se déplacent toujours plus rapidement. Il y a une dizaine d'années, Andy Roddick servait le plus vite, autour de 230 km/h. Aujourd'hui les services les plus rapides dépassent les 250km/h... », pose en préambule Laurent Raymond, ancien coach de Fabrice Santoro, Michaël Llodra, ou encore Albano Olivetti. Avant d'étayer son propos : « Entre le premier point acquis sur le circuit ATP et l'entrée dans le top 100, il y a cinq ans en moyenne aujourd'hui. L'apprentissage est long. Il y a une vingtaine d'années, le grand saut se faisait en moins de deux ans ». Marc Rosset prend le relais : « A l'époque, des types comme Jimmy Arias faisaient carrière avec un grand coup droit. Aujourd'hui, ce n'est plus possible, il faut être complet. » Et Frédéric Viard, journaliste à Canal+, de rappeler que « le matériel - les raquettes et les balles - en constante évolution joue un rôle dans  l'accélération du jeu et l'augmentation du niveau général du circuit ». Conclusion : en 2050, les services atteindront les 300 km/h, il faudra 10 ans pour intégrer le Top 100 et les raquettes seront faites dans le même matériau que les fusées de la NASA. On exagère, mais à peine.

 

- Une homogénéisation des surfaces et des styles de jeu

 

« Les tournois ralentissent les surfaces pour rendre les matchs plus spectaculaires pour les spectateurs. A commencer par Wimbledon où le gazon a été changé pour pouvoir contrer les grands serveurs comme Pete Sampras ou Goran Ivanisevic. Dans les années 90, Rafael Nadal n'aurait jamais gagné Wimbledon ». Marc Rosset n'y va pas par quatre chemins pour dire ce qu'il pense. Peu dire que cette évolution ennuie profondément le Suisse : « Un match entre Rafael Nadal et Novak Djokovic à l'US Open est le même qu'à Roland-Garros, qu'à Wimbledon... Je ne suis pas sûr que ce soit une nbonne chose. On uniformise le tennis et les styles de jeu ». Un constat partagé par Frédéric Viard : « C'est vrai, un serveur-volleyeur comme Michaël Llodra est aujourd'hui un dinosaure. Radek Stepanek également, un joueur original... Les joueurs de toucher sont désormais de moins en moins nombreux même si Bernard Tomic et Grigor Dimitrov restent un peu dans cette veine-là ». Laurent Raymond est lui aussi d’accord avec le postulat de départ : « Il n'y a plus de différence fondamentale entre le gazon de Wimbledon et les cours sur dur de Melbourne. L'année dernière, le temps d'échange moyen était supérieur à Wimbledon qu'à Roland-Garros, c'est dire ». Pour autant, il a encore l’espoir que tous les joueurs ne seront pas des clones. Pour lui pas de doute, des originaux comme les serveurs-volleyeurs, par exemple, ont encore de l'avenir : « Je ne pense pas qu'on ait tué des profils de joueurs en ralentissant les surfaces. Les joueurs n'ont jamais aussi bien servi qu'aujourd'hui. Les attaquants vont à nouveau avoir le vent en poupe. Roger Federer joue mieux qu'il y a deux ans parce qu'il est plus offensif, c'est un signe ».

 

- La fin de l’hégémonie de quelques-uns

 

« Dans les années 80, les gens se lassaient de voir des finales entre Lendl et Wilander avec des échanges interminables. Dans les années 90, les gens se sont lassés de voir des gros serveurs l'emporter. Aujourd'hui, avec le ralentissement des surfaces, on voit surtout des matchs qui se jouent au fond du court. En 2050, peut-être qu'on assistera au retour des surfaces rapides et des grands attaquants », s'interroge Marc Rosset. Le tennis comme éternel recommencement ? « Pas forcément, répond pour sa part Laurent Raymond. Je ne vois pas le tennis être autant dominé par quelques joueurs dans le futur. On a connu l'ère de McEnroe, Connors et Borg, l'ère de Sampras et Agassi et l'ère du Big Four. Je ne vois pas une telle domination possible une nouvelle fois. Parce que le niveau progresse et de plus en plus de joueurs seront dangereux à l'avenir ».  Frédéric Viard, lui, a lu dans le marc de son café et il pressent la chute du Big Four actuel : « Roger Federer se fait vieux, Rafael Nadal aussi car il est usé physiquement, Andy Murray et Novak Djokovic sont des cadors depuis qu'ils ont 19 ans, les années ne vont pas tarder à peser, le renouvellement va bientôt s'opérer... ».

 

- Quel circuit à l'avenir ?

 

L’International Premier Tennis League, le projet de ligue fermée de Mahesh Bhupathi, a fait grand bruit récemment avec ses grosses rémunérations, ses équipes regroupant stars actuelles et retraitées, sa draft et ses matchs d'un set de cinq jeux. De quoi inquiéter les tournois ATP ? « Les Grands Chelems et les grands tournois resteront les moments clés d'une saison. Ces ligues pourraient en revanche faire du mal aux ATP 250, moins intéressants financièrement », explique Marc RossetEt de rappeler, pour étayer sa thèse d’une disparition progressive des petits tournois du circuit, les contraintes dont ils souffrent actuellement : « On en revient aux problèmes que génèrent le Big Four. Les ATP 250 ne peuvent pas attirer les meilleurs joueurs du monde et ils perdent de l'argent parce qu'on ne parle plus des autres joueurs qui les jouent... Vous êtes un ATP 250, vous payez une grosse garantie à Ferrer ou Tipsarevic, est-ce qu'ils vous remplissent le stade ? Non ! David Ferrer n'a gagné qu'un Masters 1000 dans sa carrière ! On en revient à cette uniformisation des surfaces et du jeu qui favorise certains joueurs, même s'ils sont très très forts. » Ça c’est pour la version anxiogène. Pour l’optimiste, il faut demander à Frédéric Viard. Le journaliste télé regarde au loin : « L'enjeu sportif des tournois du Grand Chelem et des Masters 1000 sera toujours plus important. On s'en fout du reste. On veut voir l'histoire du tennis en marche ».

 

- L'avenir du tennis entre les mains des médias ?

 

« Aujourd'hui à l'US Open, ce sont les télés et Nike qui décident de la programmation... Plus on avancera dans le temps, plus la contrainte économique sera importante et plus les sponsors et les médias dicteront ce que sera le tennis », se projette Marc Rosset. « On ne sait jamais quand une rencontre va se terminer ou quand elle va reprendre lorsqu'elle est interrompue. Dans une société de zapping, ce modèle devient de plus en plus archaïque, anticipe Frédéric Viard. Avant de conclure : « Les diffuseurs apportent beaucoup d'argent aux compétitions. Il n'est pas absurde d'imaginer les voir demander un jour des durées de matchs établies... Ça pourrait être la prochaine grande évolution du tennis. » 

 

Par Antoine Mestres

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