Top 10 : Oh regarde, une étoile filante !

20 mars 2014 à 00:00:00

Comme Roger Federer, ces joueurs et joueuses ont fait la Une des magazines pour leurs performances raquette en main, mais n’avaient pas le talent du Suisse pour rester 237 semaines d’affilée au firmament du circuit.

Un one shot (ou presque) et puis s’en va. Voici quelques exemples de comètes ou étoiles ayant brillé trop brièvement sur les circuits WTA ou ATP pour avoir pu les contempler. En musique, on appelle ça un one hit wonder.

 

1/ Les vacances de Mr Hadow

 

L’honneur d’ouvrir cette série revient à Frank Patrick Francis Hadow. Ce Britannique est entré dans l’histoire lorsque ne sachant que faire durant ses vacances passées à Londres, il décide d’inscrire son nom au tournoi de Wimbledon. C’était en 1978 et le Grand Chelem n’était pas encore aussi select. Bref, le natif de Regent’s Park spécialisé dans la plantation de Ceylan surprend tout le monde et même le tenant du titre, Spencer Gore, en utilisant une arme révolutionnaire à l’époque : le lob. Il grave donc son nom au palmarès du tournoi, titre qu’il ne prend même pas la peine de défendre. Il attend 1925 pour revenir sur le gazon de ses exploits en guise d’invité d’honneur. À croire que le tennis, au fond, n’était pas sa tasse de thé.

 

2/ Le Golden Set de Julian Reister

 

Bien plus proche de nous, il en est un qui eut son quart d’heure de gloire, et ce sans gagner le moindre tournoi du Grand Chelem. Ni même ATP du reste. Son nom : Reister. Julian Reister. Le 23 août dernier, pour sa deuxième apparition à Flushing Meadows, cet Allemand de 27 ans, réalisant la meilleure saison de sa carrière (il la terminera au 86e rang mondial), terrasse son compatriote Tim Putz (6-7, 6-4, 6-0) grâce à une dernière manche de folie où il aligne 24 points d’affilée, devenant ainsi le deuxième joueur seulement de l’Histoire à réaliser un Golden Set après Bill Scanlon (1983). Une prouesse qui n’empêche pas Reister de chuter face à un illustre inconnu, Jarmere Jenkins (620e mondial à l’époque),  au tour suivant.

 

3/ Edmondson, un quincaillier dans le vent

 

S’il est moins connu que les Cash, Rafter ou Hewitt, ces derniers ont pourtant rêvé de marcher dans ses pas et de remporter à leur tour l’Open d’Australie. Mais voilà, le dernier Aussie à figurer au palmarès est Mark Edmondson. Nous sommes en 1976. Quincailler de son état, le gaillard âgé alors de 22 ans et pointant au 212e rang mondial, décide de rallier Melbourne, distant de 940 kilomètres de son Gosford natal. Cette année-là, en raison d’un plateau particulièrement appauvri et de conditions météorologiques insensées (la finale est interrompue deux fois en raison de terribles bourrasques de vent), il est écrit que le titre va revenir à un régional de l’étape. Pour preuve, dès les quarts de finales, il ne reste que des Australiens ! Finalement, Mark Edmondson décroche le pompon après avoir quand même sorti John Newcombe et Ken Rosewall. Il se hissera quand même jusqu’au 15e rang mondial et décrochera cinq autres titres. Dont quatre sur le sol australien.

 

4/ Gaudio, l’opportuniste ultime

 

« L’opportuniste ultime ». Avec ce surnom que lui attribue Wikipédia, Gaston Norberto Gaudio a incontestablement sa place dans ce Top 10. Vainqueur en 2004 de Roland-Garros, aux dépens de Guillermo Coria, il devient le deuxième Argentin à décrocher un titre du Grand Chelem. Le deuxième tout court à s’imposer dans un tournoi de ce calibre après avoir sauvé une balle de match en finale.  En rejoignant ainsi Guillermo Vilas dans la cour des très grands, Gaudio est donc promis à un très bel avenir. Mais au final, et malgré un revers croisé époustouflant, il ne glanera au total que huit titres et ne dépassera plus jamais le stade des 8es de finales d’un Grand Chelem. Il prend sa retraite en 2011 sans émouvoir grand monde.

 

5/ Santa Barbara

 

Avant de voir débarquer les sœurs Williams, le tennis féminin avait déjà eu sa fratrie au féminin avec la famille Jordan. Barbara et Kathy. Si la dernière est plutôt spécialiste du double, la première a fait une carrière convenable, dépourvue d’éclat si ce n’est celui réalisé en 1979. Cette année-là, profitant d’un Open d’Australie 1979 délaissé par les meilleures, Barbara Jordan s’impose en dominant en finale sa compatriote Sharon Walsh. Ce sera l’unique titre de sa carrière sur le circuit professionnel. L’unique mais le bon.

 

6/ Kournikova, as de cœur et roi de carreau

 

Championne du monde junior à 14 ans (1995), membre de l’équipe russe de Fed Cup par BNP Paribas au même âge et demi-finaliste de Wimbledon à 16, il était dit qu’elle ferait une grande carrière. Elle, c’est Anna Kournikova bien sûr. Dans le genre promesse non tenue, l’ex-compagne d’Enrique Iglesias est une véritable pépite. Malgré tout son talent, elle quitte le circuit sans le moindre titre à son palmarès. La faute, dit-on, à une satanée chute sur le gazon d’Eastbourne. C’était en 1998, alors qu’elle vient de taper au tour précédent Steffi Graff, la Russe se prend les pieds dans le tapis gazonnais et se fracture le pouce. Obligée de se tenir éloignée des courts durant de longs mois, elle profite de sa convalescence pour se pavaner dans les mondanités. De retour en 99, et malgré un service aux abonnés absents, elle effectue surtout une belle année 2000 où, sans glaner le moindre tournoi, elle dispute la finale à Moscou et se hisse à huit reprises en demi-finales. Bref, beaucoup d’atouts mais peu de réussite. Ce qui lui vaut d’ailleurs de figurer dans l’encyclopédie du… poker. En effet, le terme Anna Kournikova désigne une main composée de l’as de cœur (pour le « A ») et du roi de carreau (pour le « K »). Explication d’Elkan Allan et de Hannah Mackay, auteurs de The Poker Encyclopedia : « C’est très joli mais ça ne gagne que très rarement… »

 

7/ 94, année Berasategui

 

L’année 1994, Alberto Berasategui l’entame au 36e rang mondial, soit son meilleur classement jusqu’alors. Mais voilà que l’Espagnol, âgé quand même de 29 ans, décide de sortir de son relatif anonymat. S’appuyant sur un coup droit surpuissant et une prise de raquette extrême, utilisant la même face du tamis en coup droit comme en revers, il glane pas moins de sept  des quatorze titres qu’il décrochera durant sa carrière (tous sur terre battue), cette année-là. Et se hisse même en finale de Roland-Garros où il tombe face au tenant du titre, Sergi Bruguera. S’il figure jusqu’en 2000 parmi le Top 100 mondial, Alberto Berasategui reste à jamais la comète de l’année 1994…

 

8/ Brian Teacher, le revers du chèque

 

Habitué à sillonner les tournois de deuxième échelon, Brian Teacher reste comme l’un des plus inattendus vainqueur de Grand Chelem. Et une fois encore, c’est à Melbourne que l’Américain connaît son quart d’heure de gloire en s’imposant en finale (1980) face à l’Australien  Kim Warwick, bourreau de Guillermo Vilas au tour précédent.  Cet exploit  lui a permis de décrocher le plus gros chèque de sa carrière (50 000 dollars). « Jamais, je n’aurais imaginé gagner un tournoi du Grand Chelem », déclare Teacher au New York Times. Par la suite, il n’atteint qu’à deux autres occasions le stade des quarts de finales d’un Grand Chelem. Le train n’est pas passé une deuxième fois.

 

9/ Joachim Johansson et ses 51 aces

 

Court mais intense. Dans le Top 100, Joachim Johansson ne sera resté que deux petites saisons. Le temps de grimper jusqu’au 9e rang en 2004, année où il se hisse jusqu’en demi-finale de l’US Open. En 2005, à l’Open d’Australie, Pim-Pim établit un nouveau record du nombre d’aces réalisés en un seul match (51). Une statistique qui tient quatre ans et les 55 aces d’Ivo Karlovic. Après un vrai-faux départ en retraite en 2008, le géant suédois (1,98 m pour 90 kg) est toujours sur le circuit où il figure actuellement au… 691e rang mondial.

 

10/ Iva Majoli, de Roland-Garros au botox

 

Deux ans. Telle est, en grossissant à peine le trait, la longévité d’Iva Majoli. De son premier succès, à Zurich (1995) à son sacre à Roland-Garros (1997), elle s’amuse à taper les Pierce, Sabatini, Sanchez, Novotna et autre Hingis. Ce qui lui permet logiquement de devenir membre du Top 10 et d’atteindre la 4e place mondiale (1996). Elle en disparaîtra irrémédiablement malgré un dernier titre à Charleston (2002). Au total, son CV compte huit titres. Aujourd’hui, Majoli porte plus que jamais bien son nom puisqu’elle s’amuse à faire de la publicité pour la Clinique Milojevic basée à Zagreb et spécialisée dans l’injection de… botox. 

 

Par Charles Michel

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