Service, coup droit à une main, revers à deux mains et parfois un smash ou une volée. S’il fallait expliquer à un enfant les différents coups du tennis, voilà probablement comment un éducateur s’en sortirait. Sauf qu’il y a bien d’autres moyens de renvoyer la balle jaune dans le camp d’en face. La preuve avec ces dix gestes sortis un jour de l’esprit instinctif de tennisman et tenniswoman de génie.
Le lob de Frank Hadow
Aujourd’hui, il fait partie des bases du tennis. Mais le lob n’a pas toujours existé. Il a été inventé en 1878 par un certain Frank Hadow. A 23 ans, ce paysan en vacances fait le pari fou de participer à Wimbledon. Mieux, il bat ses adversaires les uns après les autres sans perdre le moindre set. En finale, il affronte l’immense Spencer Gore. « Avec un homme de grande taille, aux longues jambes et aux bras tentaculaires au filet, la balle me revenait aussi vite que je l’avais frappée », explique Frank Hadow à l’époque. Alors l’Anglais a une idée : envoyer la balle par-dessus son adversaire. Le lob est né. Une technique qui permet à Hadow de venir à bout de Spencer (7-5 6-1 9-7).
Le coup droit à deux mains de Gene Mayer
Comme cela se faisait souvent à son époque, Gene Mayer a appris à jouer au tennis à deux mains, que ce soit en revers ou en coup droit. Mais contrairement à la plupart de ses adversaires, le joueur américain n’est jamais passé à un coup droit à une main, sa main gauche ne lâchant sa raquette que pour les smashs et les services. Exigeant un placement parfait, cette technique a permis à Mayer de développer une palette de jeu très large, faite d’effets et de variations. Une technique dont s’inspireront plusieurs joueurs parmi lesquels Hans Gildemeister et Fabrice Santoro.
La « Gran Willy » de Guillermo Vilas
Contrairement à ce que beaucoup croient, ce n’est pas Yannick Noah qui a inventé le fameux coup entre les jambes dos au filet, mais bien Guillermo Vilas. Un coup que l’Argentin a imaginé à l’entraînement après avoir vu une pub pour un whisky dans laquelle un joueur de polo, Juan Carlos Harriott, effectuait un « backhander ». Il l’a ensuite tenté et réussi en match lors d’un tournoi d’exhibition à Buenos Aires contre le Français Wanaro N’Godrella. En 1975 au tournoi de Munich, Vilas le réussit de nouveau en lobant son adversaire. Mais après sept ou huit tentatives réussies consécutivement, l’ancien vainqueur de Roland Garros manque son « Gran Willy » à Wimbledon. Il ne le tentera plus jamais.
Le smash pieds joints de Yannick Noah
Inventée par Vilas, la « Grand Willy » a été démocratisée par Yannick Noah qui l’avait réussie sur le Central de Flushing Meadows. Mais le joueur français ne s’est pas contenté de copier son illustre aîné, il a inventé son propre geste : le smash pieds joints. Un geste réalisé pour la première fois lors de la demi-finale de Roland Garros 1983 contre Christophe Roger-Vasselin. « Je sers sur son revers et je monte tout de suite à la volée, raconte Noah dans Le Monde. Vasselin fait une espèce de retour slicé lobé : la balle reste plus longtemps en l'air, et là, je fais le coup de ma vie. La balle est parfaite, je m'élève, je mets la gomme au niveau des cannes, mes quinze jours d'entraînement y passent. L'effet est tel que la balle reste un dixième de seconde de plus en l'air, mais c'est comme si j'étais attiré. Et là, je lui balance un smash avec quinze jours de rage dans la raquette. La balle rebondit et va dans les tribunes. Je n'avais jamais vu ce coup. Je l'ai inventé pendant le tournoi, j'ai le brevet, c'est mon coup : le smash façon volleyeur. Le smash pieds joints. »
Le service à la cuillère de Michael Chang
Ce geste a fait le tour du monde. On est en 1989, le jeune Michael Chang, 17 ans, affronte Ivan Lendl en huitième de finale de Roland Garros. Affaibli par des crampes, proche de l’épuisement, Chang tente un coup de poker incroyable à 4-3 dans le cinquième set en servant à la cuillère. Mieux encore, il remporte le point face à un Lendl aussi surpris qu’abattu. Le numéro 1 mondial ne s’en remettra pas et s’inclinera quelques minutes plus tard sur une double faute. Une semaine plus tard, Chang remporte Roland Garros.
Le smash 360 degrés de Gaël Monfils
Gaël Monfils est un showman. Adepte du smash pieds joints créé par Noah, le Français a toujours une bonne idée pour amuser la galerie. Contre Tommy Haas à Halle en juin 2013, « La Monf’ » a un coup de folie. Sur une défense haute de son adversaire, il laisse rebondir la balle entre ses jambes, fait un 360° et exécute son smash. Hallucinant. Il finira par perdre le point (et le match) mais il aura gagné l’admiration du public.
La feinte de smash de Victor Hanescu
Autre coup improbable, celui de Victor Hanescu contre Michael Llodra à l’US Open en 2010. Monté au filet, le joueur roumain s’apprête à conclure le point en smashant sur une balle haute de son adversaire. Mais au moment de frapper la balle, il la manque volontairement pour finalement la prendre par en-dessous et réaliser une belle amortie. Habile. Un geste qui rappelle celui d’un certain Mansour Bahrami.
La volée 360 d’Agnieszka Radwanska
Autre style de 360°, celui d’Agnieszka Radwanska. En 2013 face à Kirsten Flipkens, la Polonaise réussit un coup improbable. Montée à la volée, elle semble être battue sur un passing de son adversaire, mais la balle est ralentie par la bande du filet. Prise à contre-pied, Radwanska a le réflexe de faire un tour sur elle-même et de mettre sa raquette en opposition. Avec une bonne dose de réussite, elle marque le point. Flipkens en fait encore des cauchemars.
Le smash rétro de Roger Federer
Certes, le coup est très chanceux. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une première. A Brisbane le 1er janvier 2014, Roger Federer dispute un double avec Nicolas Mahut face à la paire Chardy-Dimitrov. Sur un lob du Bulgare, le Suisse tente le smash mais ne touche la balle qu’avec le haut de sa raquette. La balle passe juste derrière le filet avant de revenir dans le camp du duo Federer-Mahut grâce à un effet rétro incroyable. Les quatre joueurs n’en reviennent pas, les spectateurs non plus.
La demi-volée derrière le dos de Grigor Dimitrov
Grigor Dimitrov n’a pas toujours été la victime de points hors du commun. Face à Viktor Troicki, le joueur bulgare réussit une exceptionnelle demi-volée gagnante derrière son dos alors que le Serbe avait visé ses pieds. Ce n’est pas pour rien que Dimitrov est surnommé « baby Federer ».
Par Quentin Moynet