La semaine dernière à l’Open d’Australie, le thermomètre est monté jusqu’à 44°C sur les courts du Melbourne Park. Un photographe a même réussi à faire cuire deux œufs dans une poêle posée sur un siège. Si personnellement tu n’as pas encore tenté l’expérience, il t’est en revanche déjà arrivé de vouloir, comme Tsonga à l’entraînement, retirer le haut pour te sentir plus à l’aise sous ce soleil de plomb.
…on est mi-juillet, il est 15h, tout le monde mate le Tour à l'ombre des volets, mais toi t'es convoqué pour ton 2ème tour à 15/2. Ton 2ème match de la journée après le 1er tour ce matin à 9h...
…tu viens d'écraser tes belles Ray-Ban en essayant de tirer un passing en bout de course. Bah ouais, t'avais qu'à avoir les lunettes dégueues d'Arnaud Clément.
…tu as même hésité à jouer avec un tee-shirt sans manches, mais tu te respectes quand-même.
…tu as voulu te mettre torse nu, mais tu n'as pas réussi à enlever ton t-shirt à cause de la sueur.
…ton gros thermobag Wilson n'a jamais été autant utile !
…mais comme ça fait deux ans que tu le traînes, il est troué.
…pour garder la fraîcheur de tes trois bouteilles d'eau, tu les as mises au congélo.
…au milieu du premier set, tu as déjà terminé la bouteille de menthe à l'eau préparée par ta maman.
…tu ne vois plus rien parce que tu es chauve et que la sueur ruisselle directement de ton crâne jusque dans tes yeux.
…tu as mis un deuxième t-shirt dans ton sac pour te donner la contenance d'un bon joueur, mais tu n'assumes plus de le sortir lorsque tu vois le score. Et ton adversaire de 4ème série s'en sort très bien sans.
…casquette à l'envers et imbibée d'eau, t'as aussi ressorti tes poignets absorbeurs.
…la température de l'air est de 33 degrés, le béton poreux de ton court à 45, t'as les pieds qui brûlent tels les pneus d'une F1 sur le circuit de Jerez.
…t'aurais dû t'inscrire à un tournoi sur terre, au moins tu peux t'amuser avec le jet d'eau à la fin du match.
…manches de t-shirt retroussées jusqu'aux épaules, crème solaire sur le visage façon camouflage, t'es en mode Pat Rafter.
…pour ne pas rester trois heures dans la fournaise, tu prends le filet d'assaut.
…asphyxié, liquéfié, tu en mets pas une dedans, tu traverses le désert au sens propre comme au figuré.
…et là tu te souviens des matchs en cinq sets à l'Open d'Australie comme la victoire de Paire alors mené deux sets à rien...
…sauf qu'il y a 6/1 6/2 pour ton adversaire et que t'y crois encore. T'as chopé une insolation.
…comme Guillaume Raoux un jour à Roland-Garros, tu as une bonne excuse pour expliquer ton niveau de jeu: tu avais le soleil dans les yeux.
…tu rêves de porter la même casquette que Laurence d’Arabie.
…tes pieds ressemblent à un kebab après 2h de match.
…après le premier set, tu changes de t-shirt, mais personne ne te siffle.
…tu ne pensais pas qu’une douche d’après-match pouvait te procurer autant de sensations.
…avec ton adversaire, tu partages un banc en plastique blanc. Sans parasol...
…pour échapper au soleil à son zénith, tu n'as que ta serviette trempée qui recouvre ta tête.
…comme les pros, t'as même pris une 2ème serviette pour t'essuyer entre les points...
...sauf que le grillage auquel tu l'accroches ne te tend pas les bras pour te la donner.
…tu as voulu te mettre torse nu, mais tu as pensé à ton corps.
…le juge arbitre au frais dans le club house te donne les boîtes de balles et te souhaite un bon match. Tu les ouvres, elles se dépressurisent. Un bruit similaire retentit. Le juge arbitre vient d’ouvrir une canette de coca bien fraîche...
…t’as le slip qui te gratte.
…tu comprends d’ailleurs enfin pourquoi celui de Nadal colle autant.