Du lundi 13 au dimanche 26 janvier, le Melbourne Park ouvre ses portes pour le premier Grand Chelem de l'année : l'Open d'Australie. Pas la peine de rester éveillé toute la nuit pendant quinze jours, car tout est déjà là. Voici, en exclusivité, ce qui restera de l’Australian Open. Garantie 100% mauvaise foi.
Lundi 13 janvier : En cet opening day, Novak Djokovic gère les affaires courantes contre
Lukáš Lacko et montre qu'il compte bien profiter de son tableau royal. Dans les gradins, Boris Boom Boom Becker est déjà chaud. Les cadors de cette seconde partie de tableau expédient les uns après les autres leurs adversaires et rappellent que les surprises c'est sympa, mais on le paie toujours quand on voit la gueule de la deuxième semaine. Seul Tommy Haas passe à la trappe. Tommy, ta casquette va nous manquer. Parce qu'il aime trop ça, Nicolas Mahut s'offre un match acharné contre Matthew Ebden. L'histoire ne dit pas qui en est sorti vainqueur, sûrement parce qu'elle ne le retiendra pas. Pendant ce temps-là, Ashleigh Barty se sent très seule dans la Rod Laver Arena face à Serena Williams.
Mardi 14 janvier : Le Rafael Nadal-Bernard Tomic tient en haleine la Rod Laver Arena. D'un côté, un héros des temps modernes qui n'a pas tant gagné dans cette enceinte, de l'autre, le héros que toute l'Australie attend. Seulement voilà, à un set partout, Tomic abandonne. Nadal lui rappelle ainsi qu'on ne peut pas prétendre comme ça régner sur le circuit avec un bandana et un revers à deux mains. Dans l'indifférence, Radek Stepanek et Michaël Llodra se font sortir. Sauf que Petra Kvitova n'en consolera qu'un seul. Sinon, le tableau féminin ressemble à un peloton d'exécution. Les victimes ? Johanna Larsson et la ressuscitée Bethanie Mattek-Sands. Leurs bourreaux ? Victoria Azarenka et Maria Sharapova.
Mercredi 15 janvier : Le deuxième tour est bien souvent le tour le plus nul. L'excitation du premier est passée, l'intérêt des suivants n'est pas encore là et le tournoi offre quelques matchs sans suspense. Richard Gasquet se sort d'un sacré bourbier face à Nikolay Davydenko. Ce fameux match contre un mort-vivant où la différence entre trois sets expédiés et cinq sets acharnés ne tient qu'à un retour trop long. Pour ne pas laisser les années 2000 mourir, Tommy Robredo se sert de Julien Benneteau comme d'un vulgaire sparring-partner.
Jeudi 16 janvier : Roger Federer s'amuse avec Blaž Kavcic qui s'était offert Radek Stepanek deux jours plus tôt et qui confirme donc qu'une surprise au premier est toujours suivie d'un retour sur terre douloureux au second. Il n'y a qu'un seul Martin Verkerk. Le match de la journée oppose Marin Cilic à Gilles Simon. Un serveur contre un relanceur. L'histoire ne pouvait se terminer que dans l'enfer du cinquième set, la chaleur de l'été austral et le silence du court trois. Gilles Simon l'emporte et déclare : « Le tennis masculin me procure plus de plaisir que le tennis féminin. » Personne n'a très bien compris le sens de cette phrase. Sinon Francesca Schiavone est toujours là, avec son bandana.
Vendredi 17 janvier : Richard Gasquet évite le piège Robredo en quatre sets. Pendant ce temps là, Daniela Hantuchova se sent très seule dans la Rod Laver Arena face à Serena Williams.
Samedi 18 janvier : Le gros jour du tournoi. Ce vendredi de 3ème tour offre deux belles rencontres : Rafael Nadal-Gaël Monfils, un match pour souffrir et Juan-Martin Del Potro-Benoît Paire, un match pour rire. Dans la première rencontre, Gaël Monfils créé l'illusion un set, fatalement perdu 7/6. La suite n'est qu'une longue traversée du désert. La Monf’ regarde, tête baissée, le Majorquin l'assassiner froidement, sans retenue 6/1, 6/2. Dans l'autre rencontre, et dans la Margaret Court Arena, Benoît Paire a la main chaude, s'adjuge les deux premiers sets et mène 3-1 dans le troisième. C'est le moment venu pour son mental de rentrer en jeu. A 30-30 sur son service, il claque une volée facile dans le filet puis une double. La suite est un long chemin de croix fait de raquettes cassées, d'auto-persuasion, d'insultes à soi-même et finalement de regrets. Une partie a été supprimée içi.
Dimanche 19 janvier : « Je respecte Roger, Rafa, Novak et Murray, mais, pour moi, ce sont tous les quatre des joueurs qui ne méritent pas d’être là. Quand vous regardez bien leurs matchs, vous constatez qu’ils ont surtout beaucoup de chance. Quant aux décisions arbitrales en leurs faveurs, n’en parlons même pas… » Le huitième de finale entre Djoko et Gulbis ne manque pas de sel. Pourtant le début est plutôt poivré pour Gulbis qui n'existe pas dans les deux premiers sets expédiés par son adversaire 6/4, 6/3. Le Letton met enfin le jeu au niveau de ses punchlines et s'adjuge le quatrième set avant de lâcher physiquement face au mur adverse. Lors de la poignée de main, Novak sourit. Voilà, c'est tout. Richard Gasquet se venge enfin du destin face à Stanislas Wawrinka. De là à dire qu'il a franchi un cap ? Pendant ce temps-là, Ana Ivanovic se sent très seule dans la Rod Laver Arena face à Serena Williams.
Lundi 20 janvier : Le début de la seconde semaine est marqué par la rencontre entre Rafael Nadal et Andreas Seppi, qui s'était offert Lleyton Hewitt au premier tour. Rencontre supposée qui ne dure en réalité que six jeux. Jusqu'à 3-3. Après, le rouleau compresseur espagnol rappelle à son adversaire que son premier quart en grand chelem n'est pas pour aujourd'hui.
Mardi 21 janvier : L'Australian Open s'offre une décompression pour le début des quarts avec un Novak Djokovic-Richard Gasquet et ses faux airs de vrai choc. La rencontre dure une heure trente, sur un score qui ne laisse pas de place aux ambiguïtés : 6/3 6/3 6/2. Richard Gasquet sort en conférence de presse un air aux allures de déjà vu : « Il a été plus fort que moi physiquement. Ça n’a pas souri. C'est dur à vivre. C'est la vie. J'ai quand même fait un bon tournoi. C'est le tennis ». #richard2015.
Mercredi 22 janvier : L'heure est aux poids lourds, aux poings levés, aux regards noirs, aux bandanas Nike et aux rallyes interminables. L'heure est à la rencontre Nadal-Del Potro, qui répond aux attentes d’une arène Rod Laver chauffée à blanc pour cette night session et ce duel de cogneurs. Del Potro est le seul Argentin qui affectionne davantage le dur à la terre battue, Nadal est un cyborg, le match se joue donc au cinquième set et se termine par une victoire de Rafael Nadal, toujours plus costaud dans la tête. Roger Federer poursuit son lent et long déclin et s'incline contre Andy Murray en cinq sets. Pour la deuxième année d'affilée. Les chiffres ne mentent pas.
Jeudi 23 janvier : C'est la journée des demi-finales dans le tableau féminin. « Je ne serai jamais une barbie girl, comme une innocente petite fleur, c'est certain. » Si Maria Sharapova et Victoria Azarenka ont des points communs tennistiques, l'une ne veut pas être ce que l'autre est devenue. Les deux filles se livrent donc une lutte féroce mais Azarenka l'emporte finalement 6/4 au troisième en confirmant que son adversaire est belle et bien une cogneuse un peu soft. Un paradoxe, donc. Pendant ce temps-là, Na Li se sent très seule dans la Rod Laver Arena face à Serena Williams.
Vendredi 24 janvier : Rafael Nadal croise sur son chemin Andy Murray, qui a tapé Roger Federer en quart mais est humain et donc fatigué. Le match est décevant et se joue en quatre sets, tous remportés facilement par les protagonistes. L'autre demie est un bis repetita. Comme l'an dernier au même stade, David Ferrer et Novak Djokovic se retrouvent. Comme l'an dernier au même stade, l'affaire tourne court. Et David Ferrer comprend qu'il ne sera à jamais que la cinquième roue du carrosse.
Samedi 25 janvier : Dans la finale dames, Serena Williams, plus en forme que jamais après avoir perdu seulement douze jeux en six matchs, s'offre une Victoria Azarenka exténuée après deux sets moyens 6/4, 6/3. Ou l'occasion de rappeler que les finales féminines de Grand Chelem sont toujours le pire rapport qualité-prix du tournoi pour les acheteurs de billets.
Dimanche 26 janvier : La finale tant attendue entre Rafael Nadal et Novak Djokovic tourne à la guerre psychologique. Au début du cinquième set, alors que le match a été interrompu à plusieurs reprises par des soigneurs, et que chacun essaye de casser le rythme de l'autre, Novak Djokovic prétexte une envie pressante à 4-4, service Rafael Nadal. Sauf qu'on n'insulte pas Rafael Nadal impunément à 4-4 dans le cinquième set d'une finale de Grand Chelem. Djoko l'apprend à ses dépens et perd 6/4, pris à son propre jeu. Il déclarera quelques heures plus tard en conférence de presse : « J'avais vraiment envie de faire pipi ». Qui a dit que les membres du Big Four n’étaient pas drôles ?