Les vacances des tennismen sont-elles de vraies vacances ?

21 nov. 2013 à 00:00:00

En tant qu’athlètes de haut niveau, les tennismen ont-ils le droit aux mêmes vacances que tout le monde ? Eléments de réponse dans la Question de la semaine.

Comme tous les êtres humains, les joueurs de tennis ont bien besoin de vacances à la fin de l'année. Mais en tant qu’athlètes de haut niveau, ont-ils le droit aux mêmes  vacances que tout le monde ? Rien n'est moins sûr.

 

La coupure post-Masters est toujours un moment spécial pour le joueur de tennis. Ce dernier n'étant pas un sportif salarié mais bien un indépendant qui gagne sa croute au gré de ses performances sur le court, ses occupations lors de l'intersaison varient donc souvent en fonction de son classement. Lorsque les membres éminents du Top 10 en profitent pour enchaîner des matchs exhibitions plutôt rentables aux quatre coins du globe, le joueur ATP lambda enchaîne lui les matchs en tournois Challengers ou en compétitions interclubs pour améliorer son classement à l'approche de l'Open d'Australie et/ou arrondir les fins de mois. Un monde d'écart donc. Le seul dénominateur commun à la vie de tous les joueurs de tennis, quel que soit leur classement, est finalement la vraie coupure qu’ils s’accordent pendant cette intersaison. Paul Quétin, préparateur physique à la FFT, l'expliquait au quotidien L'Equipe : « La règle c'est de prendre 10-15 jours de repos total pour une complète décompression, pour se ressourcer. On ne fait ni physique ni tennis.»  Voilà donc pour la règle. Mais pour son application ? 

 

Destinations lointaines, excès et peur de se blesser

 

Julien Varlet, ancien 135ème joueur mondial, confirme : les vacances des joueurs de tennis sont avant tout de vraies vacances. « Elles sont le seul moment de l'année où le joueur peut tout lâcher et donc se relâcher. Beaucoup en profitent pour aller à l'autre bout du monde, voir le soleil. D'autres passent du temps avec leur famille. La coupure est de deux semaines grand maximum », explique-t-il. Interrogé à ce sujet par Le Parisien, Julien Boutter, ancien tennisman professionnel et directeur de l’Open de Moselle, ne disait pas autre chose : « C’est vrai qu’on court le monde toute l’année. Mais, en même temps, si on veut du soleil à cette période de l’année, on est obligés de partir loin. C’est la seule façon de vraiment couper.» Pas de voyages de routard donc mais surtout de quoi prendre du bon temps sous des températures estivales, alors que l'hiver approche en Europe.

 

Quitte à faire des excès ? Quitte à faire des excès. Mais sans en abuser : « C'est vrai qu'on en profite pour faire ce qu'on ne fait pas dans l'année : sortir donc, voir les copains, et boire des coups. Les joueurs qui ont entre 18 et 25 ans ne sont pas tous des moines... Personnellement, quand j'étais joueur, je sortais pas mal pendant les vacances car dans l'année, entre les tournois et les préparations, c'est impossible », ajoute Julien Varlet. Néanmoins, il tempère tout de suite en évoquant les blessures idiotes, les pires ennemis du joueur de tennis en vacances : « Nombreux sont les joueurs qui s'interdisent les sports de ballon par peur de la blessure bête ou de faire trop d'excès car après, il devient très dur de repartir à l'entraînement. Or l'intersaison est, avec la pause hivernale après l'Open d'Australie, la seule période dite "foncière" de l'année où le joueur peut vraiment travailler son jeu et son physique ». Une période clé dans la saison d'un joueur où il ne vaut mieux donc pas rester coincé trop longtemps chez le kiné à maudire cette partie de beach-volley de trop lors de laquelle le dos s'est bloqué.

 

Le spleen des vacances ?

 

Comme souvent dans les sports individuels, les joueurs de tennis fonctionnent avec des routines très personnelles, entre superstitions, écoute de leur corps et recherche de confiance. Il n'est donc pas rare de voir des joueurs partir en vacances avec paire de baskets et quelques raquettes, précise l'ancien pro : « Certains joueurs partent quand même avec leurs raquettes pour taper la balle et garder des bonnes sensations. D'autres vont faire des petits footings tous les jours. Tous les joueurs ont leurs habitudes. » Mais une question se pose alors : lorsqu'elles se terminent, les joueurs de tennis ont-ils le spleen des vacances ? Pas de doute, selon Julien Varlet : « Non, les joueurs n'ont qu'une hâte : retrouver l'entrainement puis le circuit ATP à Doha ou en Australie pour démarrer la saison au soleil... ». Les joueurs de tennis n'ont décidément pas les mêmes vacances que tout le monde.

 

Par Antoine Mestres

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