Les Grands Chelems sont-ils éternels ?

25 oct. 2013 à 00:00:00

La configuration actuelle des quatre tournois du Grand Chelem est-elle éternelle ? Le MAG ouvre le débat et s’intéresse à quelques ambitieux candidats.

Melbourne d’abord, puis Roland-Garros enchaîné avec Wimbledon, et l’US Open pour finir : le calendrier annuel des tournois du Grand Chelem n’a pas changé depuis ses débuts, au point qu’il paraît inimaginable qu’il puisse être un jour remis en cause. Vraiment ?

 

Après tout, il n’existe aucune loi décrétant que l’Australie, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis seront les seuls pays à pouvoir organiser un tournoi du Grand Chelem ad vitam aeternam. Alors pourquoi ces quatre tournois majeurs seraient-ils plus sûrs qu’un 500 Series d’être encore au calendrier ATP l’année prochaine ? Au nom de quoi ? Pour bien situer l’enjeu, procédons à un rapide cours d’histoire. C’est en 1924 que la fédération internationale de tennis (ITF) a décrété que l’Australia Open, le French Open, Wimbledon et l’US Open constitueraient désormais les pics majeurs d’une saison. Sur ces quatre gardiens du temple, seul Wimbledon n’a subi aucune modification dans son organisation depuis la création du tournoi en 1877. S’agissant de l’US Open, il a d’abord eu lieu sur gazon, dans la localité de Newport, avant de déménager à New York à partir de 1915. En France, la compétition fondée en 1891 n’a concerné jusqu’à cette date de 1924 que les joueurs de tennis évoluant en France. Il a aussi plusieurs fois changé de lieu avant de se stabiliser dans le quartier d’Auteuil à Paris, là où le tournoi se dispute actuellement. Une édition s’est même tenue à Bordeaux, bien loin de la capitale. Quant à l’Australia Open, il est celui des quatre qui a le plus changé, avec plusieurs villes d’accueil à se succéder (dont Christchurch et Hastings en… Nouvelle-Zélande !), avant de s’installer à Melbourne depuis 1972.

Cet historique permet de mieux considéré la question posée. Si ce système de répartition des tournois du Grand Chelem a près de 90 ans, il y a déjà eu par le passé des changements de lieu et de surface qui montrent que dans l’absolu, rien n’est fondamentalement éternel. Par exemple, qu’arriverait-il si une des fédérations nationales qui gère l’organisation des quatre tournois émet le désir de se désengager ? C’est évidemment peu probable mais l’hypothèse ne peut pas être totalement exclue. D’autres critères peuvent aussi être pris en considération, notamment la question climatique. Sur ce point, c’est Roland Garros qui a subi le plus de critiques ces dernières années, avec des conditions de jeu incertaines au moment où se déroule la compétition, au printemps, et alors que la question des travaux de rénovation du court central Philippe-Chatrier est longtemps resté sans réponse. Finalement, un toit rétractable devrait finir par voir le jour à partir de 2018. Il était temps, les organisateurs du Masters de Madrid auraient vu d’un bon œil le fait de venir un jour se substituer au tournoi parisien…

 

Le China Open, si ambitieux

 

Mais l’idée qui revient le plus souvent serait d’organiser un cinquième tournoi du Grand Chelem. Les calendriers ATP et WTA sont déjà particulièrement chargés mais qu’importe, certains pays émergents commencent à s’intéresser à cette question, ce qui n’est pas forcément pour déplaire aux instances internationales du tennis… En 2011, l’ancien président de l’ATP Brad Drewett, récemment décédé, avait déclaré : « La Chine a le plus grand potentiel de croissance au monde, donc c’est une superbe plateforme pour le tennis professionnel », insistant sur le « développement incroyable » du tennis en Asie ces dernières années. Il avait néanmoins rejeté l’idée d’un cinquième Grand Chelem, estimant qu’il manquait un élément plus important que les structures ou l’argent (la Chine a les deux) : un patrimoine historique. Ce à quoi Charles Hsiung, le co-directeur du China Open à Pékin, avait déclaré, un brin vexé : « Nous ne sommes peut-être pas un tournoi du Grand Chelem mais regardez autour de vous et vous verrez que nous n’avons rien à leur envier. »

Pour contrer les ambitions de pays comme la Chine ou la Malaisie (avec son nouveau stade de tennis d’une capacité de 16 000 places, soit plus que les courts principaux à Melbourne, Paris et Wimbledon…), les organisateurs de l’Australia Open ont dernièrement assuré leurs arrières en renommant le tournoi : « The Grand Slam of Asia/Pacific ». Un bon moyen d’élargir la zone d’influence de Melbourne… Reste l’éventualité d’un « Grand Slam of the Middle East ». Un pays comme le Qatar a bien réussi à convaincre la toute puissante FIFA d’organiser la Coupe du monde chez elle en 2022, alors pourquoi ne pas aussi réussir à accueillir un jour ce qui se fait de mieux en matière de tournoi de tennis ? « Comme au Qatar ou en Chine, nous avons beaucoup d’argent », pérorait en 2010 Salah Tahlak, le directeur de l’Open de Dubaï, qui promettait l’agrandissement de l’Aviation Club, le stade où a lieu chaque année le tournoi, pour le porter à 15 000 places dès 2012. Un chantier aujourd’hui toujours au point mort. L’Open de Dubaï reste encore aujourd’hui seulement un Masters 500 et l’Open du Qatar un Masters 250. Les gardiens du temple peuvent donc dormir tranquille, ce n’est visiblement pas demain la veille que les quatre géants seront concurrencés.

 

Par Régis Delanoë

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