Pendant le trophée des légendes à Roland-Garros cette année, j'ai eu la chance d'interviewer Mats Wilander. A la question de son plus beau souvenir de la Porte d'Auteuil, il a répondu, sans aucune hésitation : « le jour où Yannick Noah a gagné » . Rappelons que Wilander a quand même remporté les Internationaux de France à trois reprises (1982, 1985, 1988). Mais c'est vrai que le jour de la victoire de Noah, et donc de la défaite de Wilander, le court Central s'est enflammé. Un peu comme le Center court de Wimbledon dimanche dernier.
Je ne suis pas particulièrement fan d'Andy Murray, mais j'étais super content qu'il s'impose, presque soulagé pour lui. Imaginez que depuis qu'il a pris une raquette en main, on ne lui parle que de Wimbledon et de la succession de Fred Perry.
Ce qu'a fait Andy Murray est colossal. Il n'a pas juste gagné Wimbledon. Il l'a fait avec 12 000 fois plus de pression que les autres.
Andy Murray et Novak Djokovic s'entendent très bien sur et en dehors du court. Ils sont de la même génération, le premier est né le 15 mai 1987, le second le 22. Ils ont joué dans les mêmes catégories de jeunes, bref il se connaissent depuis toujours et s'apprécient.
Du coup, dimanche dernier, je suis sûr que Novak Djokovic était confronté à un dilemme subconscient : gagner et empêcher son pote de réaliser son rêve, ou perdre et profiter du bonheur d'Andy.
Attention Novak Djokovic n'a pas balancé le match, même si ce n'était pas la finale du siècle, mais il n'a clairement pas joué son meilleur tennis. Etait-ce à cause de la demi-finale titanesque disputée deux jours plus tôt face à Juan-Martin Del Potro (cinq sets et presque cinq heures) ? Je ne crois pas. Ce joueur est un monstre physique qui à l'habitude d'enchaîner ce genre de bataille.
Si de l'autre côté du filet, ça avait été Rafael Nadal ou Roger Federer, je reste persuadé que Novak Djokovic aurait sorti une meilleure performance. Mais « last Sunday », c'était Andy Murray et tout ce que cela implique pour « Nole ». Et c'est cela qui l'a le plus gêné. Comme Wilander en 1983 face à Noah.
