Tu sais que le gazon c'était mieux avant quand...

4 juil. 2013 à 00:00:00

Pour toi, autour du gazon, il y a toute une mythologie faite d’aces, chip and charge et de chevaliers du filet. Mais ça, c’était avant.

 

Pour toi, autour du gazon, il y a toute une mythologie faite d’aces, chip and charge et de chevaliers du filet. Mais ça, c’était avant. Avant que la direction de Wimbledon décide qu’après tout Roland-Garros n’avait pas le monopole des purges interminables en fond de court. L’herbe ralentie, les balles grossies, le gazon a pour toi perdu sa magie cette dernière décennie. Alors oui, c’était mieux avant, quand…

 

… toute trace de verdure n'avait pas disparu de la ligne de fond de court dès le deuxième jour de compétition.

… même Björn Borg, si pénible à regarder sur terre battue, devenait agréable à suivre à Wimbledon, où il sacrifiait au service-volée réglementaire.

… pareil pour Ivan Lendl. Mais lui, malgré tous ses efforts, n’a jamais gagné Wimbledon. Encore heureux, d’ailleurs.

… rien de plus beau à tes yeux qu’une volée amortie ou, gourmandise ultime, une volée haute de revers. Le filet, ou ce qui sépare les funambules des tâcherons.

… si Andy Roddick savait poser une volée haute, il aurait gagné Wimbledon.

… les noms de Becker, Sampras, Krajicek et Ivanisevic te sont doux à l’oreille.

… le bruit feutré de la balle effleurant le T avant de finir son voyage contre la bâche : le plus beau murmure du monde. Celui qui ne dépend que de toi et dont les champions des années 90 avaient élevé la maîtrise au rang d’art.

… toi, tu sais que les vraies surprises, elles avaient lieu à Wimbledon. Roland-Garros se pâme devant Dewulf ? Wimbledon a connu Voltchkov, 237e mondial sorti des qualifs, arrivé en demi-finales et jamais revu ensuite. A côté d’un tel météore, Dewulf c’est une carrière linéaire au sommet.

… tu voues un culte aux joueurs de tennis indiens. Les vrais, Amritraj, Krishnan, Paes, pas cet ersatz bollettierien actuel de Devvarman…

… le septuple vainqueur du tournoi ne jugeait pas du meilleur goût de s’affubler d'un blazer doré avant d’entrer sur le court.

… ton idole à toi portait le short trop large, tirait la langue au moment de servir et sa chevelure tôt clairsemée annonçait une calvitie précoce. Mais une fois la balle en jeu, le plus beau c’était lui.

… Borg / McEnroe 1980 > Nadal / Federer 2008.

… et les jumeaux Edberg / Becker à Wimbledon, c’était autre chose que les gémeaux hispano-suisse ces dernières années.

… ton meilleur souvenir de tennis, c’est le conte de fées d’Ivanisevic en 2001.

… la dernière finale de Wimbledon qui soit légitime à tes yeux, c’est 2003. Deux serveurs-volleyeurs face-à-face. Dès l’année suivante, même Federer trahira la Cause en restant la plupart du temps bien au chaud en fond de court.

… un match en cinq sets pouvait durer 2h30. Et 60 aces. Le coup parfait, on vous dit.

… du coup tu avais une excuse toute trouvée pour ne pas faire la vaisselle et descendre les poubelles : cinq minutes loin de la télé ? Il en faut moins que ça pour gagner ou perdre un set !

… les rares adeptes du fond de court comme Connors, Agassi et Hewitt sublimaient les oppositions de styles face aux attaquants.

… le gagnant de Roland-Garros se prenait systématiquement les pieds dans le gazon. Tant de maladresse, c’en était drôle.

… les Espagnols et autres Sud-Américains ne se donnaient d’ailleurs même plus la peine de traverser la Manche...

… les joueurs ne souriaient pas en apprenant qu’ils allaient se frotter à un Australien, fut-il complètement inconnu.

… le doublé Roland-Garros – Wimbledon n’avait pas encore été galvaudé à force d’être réalisé une année sur deux.

… un bon cru de Boris Becker se mesurait au nombre de fois où il plongeait tête en avant brouter le gazon.

… la vénérable Coupe du plus vieux tournoi du monde ne subissait pas outrages et morsures de la part d’un Jivaro en marcel et corsaire.

… les Français transparents à Paris retrouvaient illico le pied jardinier à Londres…

… et Amélie Mauresmo réalisait le plus bel aboutissement français de l’ère Open dans l’indifférence générale. Quelle idée aussi de gagner Wimbledon le week-end du coup de boule de Zidane.

… le revers à une main était le coup souverain du tennis. Le geste des Vrais. Le deux mains n’est rien d’autre qu’un aveu de faiblesse.

… tu as toujours été partagé sur McEnroe : un génie de la balle jaune, sans contestation possible, mais un caractère définitivement plus adapté au cirque new-yorkais qu’au Temple londonien.

… les sujets de Sa Très Gracieuse Majesté ne manquaient jamais une occasion de rappeler à Greg Rusedski qu’il était canadien.

… alors que si Andy Murray gagne à la fin de la semaine, les mêmes jetteront volontiers un voile pudique sur l’identité écossaise de leur héros, qui arborait une Croix de Saint-André provocatrice sur la casquette au début de sa carrière. On ne va pas mégoter sur une naissance du mauvais côté du mur d’Hadrien si un premier titre à Wimbledon depuis 1936 est à ce prix.

… la Henman Hill entretenait la douce illusion d’un succès anglais à Wimbledon.

 

Par Guillaume Willecoq

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