Roger Federer a gagné sur toutes les surfaces. S’il ne fallait cependant en retenir qu’une pour tapir son royaume, ce serait l’herbe. Celle de Wimbledon. Le Suisse n’y a plus gagné depuis plus de deux ans. Sauf qu’à...
Roger Federer a gagné sur toutes les surfaces. S’il ne fallait cependant en retenir qu’une pour tapir son royaume, ce serait l’herbe. Celle de Wimbledon. Le Suisse n’y a plus gagné depuis plus de deux ans. Sauf qu’à la clé cette année, il y a la place de numéro un mondial et la silhouette des JO.
Au fond de lui, Roger Federer a encore -au moins- deux rêves. Redevenir numéro un mondial et gagner un autre Grand Chelem. Pour la première option, il devra passer sur le corps de ses principaux rivaux, Novak Djokovic et Rafael Nadal. Trop réguliers pour le Roger d’aujourd’hui. Ou espérer une épidémie, plutôt longue, de ses deux cadets. Pour ce qui est de la seconde hypothèse, c’est presque aussi compliqué, à cette réserve près, que Wimbledon est son jardin et que s’il devait réussir, ce serait là et nulle part ailleurs. « Il n’a pas grandi sur cette surface mais il se l’est appropriée. C’est chez lui, il y a gagné six titres et il veut battre le record de Pete Sampras » souligne Henri Leconte, lui-même brillant à Londres. Sauf que la star suisse n’est plus aussi brillante sur l’herbe depuis deux ou trois ans. Federer avait l’habitude de se préparer à Halle, en Allemagne, sur gazon également, là où il a remporté cinq fois le titre. Le dernier…en 2008. Depuis, il s’est incliné deux fois en finale : il y a deux ans contre Lleyton Hewitt et il y a dix jours contre Tommy Haas, deux joueurs…plus âgés que lui. Cruelle ironie. A Wimbledon, aussi, les deux derniers tournois ne sont guère mieux passés : défaite contre Tomas Berdych en 2010 et contre Jo-Wilfried Tsonga l’an passé après avoir mené deux sets à zéro, une première pour lui. A chaque fois, en quart de finale. A chaque fois, avec un arrière-goût d’inéluctable. La paresse journalistique y verrait sans doute l’ombre des champions usés qui passent de l’autre côté de la colline à l’orée de la trentaine. Et les jeunes pousses sont impitoyables. Une hypothèse que réfute Henri Leconte : « Ces deux dernières saisons, Roger Federer a dû faire face à deux monstres. Nadal en 2010 et Djokovic l’année suivante ont fait le petit Chelem et n’ont pas été loin de rafler les quatre levées (Nadal en Australie en 2011, battu sur blessure en quart et Djokovic à Roland-Garros en 2012, battu par le même Rafa, il y a trois semaines en finale, Ndlr). Ces deux-là ne marchent plus sur l’eau maintenant. Et puis Roger c’est Roger, il est toujours capable de grandes choses… »Federer peut ‘ressusciter’ n’importe quandAu reste, le Suisse a démontré entre la fin de l’US Open de l’an dernier (où il a eu balle de match contre le futur vainqueur Nolé en demi-finale, Ndlr) et le début de la saison de terre battue qu’il restait un concurrent sérieux dans la course. Outre les tournois de l’automne, il a ajouté un sixième tournoi des maîtres à la fin de l’année calendaire à sa collection et il a égalé le record de Masters Series (vingt, codétenteur avec Nadal, Ndlr) en gagnant au BNP Paribas Open. La distance des cinq sets et des sept tours en deux semaines ne l’avantagent pas à Londres, mais il demeure un outsider on ne peut plus dangereux. « Même si je crois qu’il peut ‘ressusciter’ n’importe quand contre n’importe qui sur herbe, je pense que Roger sera plus à son affaire lors des Jeux Olympiques, soutient encore Henri Leconte. Cela se jouera en deux sets gagnants avec la pression que ses adversaires auront de jouer pour leur pays. Il a l’expérience de tout ça… » Gagner sur le gazon de Wimbledon sans gagner Wimbledon, donc. On jurerait que le recordman de victoires en Grand Chelem signerait volontiers pour une telle option. La médaille d’or olympique est le seul titre (avec la Coupe Davis par BNP Paribas, Ndlr) qui manque dans son armoire à trophées. Le genre de performance qui vous assure la postérité. En a-t-il seulement besoin ? Roger Federer est déjà entré dans l’histoire et ce qui régit son statut, comme celui de Rafael Nadal, c’est son insatiable appétit de victoires. Les J.O c’est bien mais les J.O plus Wimbledon, c’est encore mieux… Par Rico Rizzitelli