Top 10 : joueurs africains de tennis

9 avr. 2013 à 00:00:00

Alors que se dispute cette semaine le Grand Prix Hassan II de Casablanca, seul tournoi organisé en Afrique inscrit au calendrier de l’ATP, tentons de dresser un classement des 10 joueurs les plus mémorables de...

Alors que se dispute cette semaine le Grand Prix Hassan II de Casablanca, seul tournoi organisé en Afrique inscrit au calendrier de l’ATP, tentons de dresser un classement des 10 joueurs les plus mémorables de l’histoire de ce continent aux 13 000 courts et 1,3 millions de joueurs réguliers. Un classement où pourrait déjà figurer le jeune Sud-Af’ Kevin Anderson, seul joueur actuel issu du continent africain figurant dans le top mondial (29e rang).

 

 

1. Wayne Ferreira (Afrique du Sud)

 

Le plus talentueux. Le plus régulier aussi. Un monstre de régularité même, avec 56 participations consécutives aux tournois du Grand Chelem. A raison de 4 tournois par an, ça fait 14 années au plus haut niveau ! C’est en 1992, lorsque l’Afrique du Sud abolit les dernières lois de l’Apartheid et retrouve le concert international que cet échalas de 21 ans déboule parmi les meilleurs du tennis. Avec sa bouille de garçon candide, il réalise cette année-là un Open d’Australie exceptionnel – demi-finale – et offre à sa patrie meurtrie une médaille d’argent en double aux Jeux de Barcelone, avec son pote Piet Norval. Johnny Clegg likes this.
 

 

2. Younès El Aynaoui (Maroc)

 

Le plus sympa. Dans un monde tennistique parfois trop aseptisé, le profil de Younès El Aynaoui faisait vraiment plaisir. Dans un style rappelant « Guga » Kuerten, le Marocain s’est imposé sur le tard sur le circuit mondial, obtenant son meilleur classement – un 14e rang ATP – à l’âge de 31 ans. Formé à l’école Bollettieri en Floride, il a beaucoup donné au tennis de son pays, hissant l’équipe de Coupe Davis par BNP Paribas du Maroc dans le prestigieux groupe mondial pendant trois années (2001, 2002, 2004), avec les deux autres mousquetaires Hicham « le magicien des courts » Arazi et Karim Alami. Les deux compatriotes d’El Aynaoui, respectivement 22e et 25e au classement mondial au début des années 2000, auraient aussi pu prétendre à figurer dans ce « Top 10 ».
 


 
 
3. Johan Kriek (Afrique du Sud)

 

Le plus titré. Un 7e rang mondial en 1984, 14 titres à l’ATP dont deux tournois du Grand Chelem (Australie 1981 et 1982), 13 finales, des victoires face aux meilleurs joueurs des années 80, Connors, McEnroe, Borg, Agassi… Johan Kriek possède le plus beau palmarès du continent africain. Un continent qu’il a dû fuir pour vivre sa vie de tennisman professionnel, à une époque où son pays l’Afrique du Sud était boycotté et isolé. Une bien sale période.
 

 

4. Bob Hewitt (Afrique du Sud)

 

Le plus controversé. Australien d’origine naturalisé sud-africain en 1967 par son mariage, Bob Hewitt a connu un succès fou en double, associé à son compatriote Frew McMillan, les deux remportant notamment 9 tournois du Grand Chelem. Mais évoquer la carrière du gars Bob, si grande soit-elle, suscite aujourd’hui la gêne. En 1974 d’abord, il est de l’équipe sud-africaine de Coupe Davis par BNP Paribas qui l’emporte dans la polémique, profitant du forfait de son adversaire en finale. L’Inde avait en effet refusé de participer pour protester contre les mesures ségrégationnistes alors en cours. Et plus récemment, Hewitt a encore fait parler de lui en mal, étant accusé d’agressions sexuelles sur des mineures, alors qu’il s’était reconverti comme entraîneur. L’International Tennis Hall of Fame a même décidé depuis de le retirer de son classement…

 

5. Kevin Curren (Afrique du Sud)

 

Le plus révolté. Comme son compatriote Johan Kriek, Kevin Curren a dû quitter très jeune son pays l’Afrique du Sud, pour ne pas avoir à subir les conséquences du boycott. Ce choix douloureux lui a permis de réaliser une très honorable carrière, ponctuée de 5 titres à l’ATP et d’une 5e place mondiale en 1985. Naturalisé américain cette même année, il n’a pas pour autant tourné le dos à son pays, devenant pendant un temps capitaine de l’équipe de Coupe Davis par BNP Paribas et restant un fin observateur du tennis sud-africain. Un tennis qu’il juge d’ailleurs impitoyablement. Dans une interview accordée en septembre dernier, il a tiré à vue, à l’arme lourde, et sur tout le monde : les joueurs actuels qui ne s’investissent pas assez, les gloires passées qui ont tous quitté le navire, les dirigeants et les politiques qui n’investissent plus dans la balle jaune… Kevin, un homme en colère.
 

 

6. Byron Black (Zimbabwe)

 

Le plus assisté. En solo, Byron Black se débrouillait correctement raquette en main, avec notamment une 22e place mondiale en 1996. Mais c’est en double avec son frangin Wayne qu’il a connu ses plus grands succès. En 1994, il décroche ainsi une victoire en Grand Chelem à Roland Garros. Les frangins Black, issus de la communauté blanche du Zimbabwe, sont même parvenus à hisser leur pays jusqu’en quart de finale de Coupe Davis par BNP Paribas (0-5 face à l’Italie en 1998). Mais Byron a pris sa retraite en 2002, Wayne quatre ans plus tard et depuis, le Zimbabwe n’a plus sorti un bon joueur de tennis. Tristesse.
 

 

7. Cliff Drysdale (Afrique du Sud)

 

Le plus médiatique. Cliff Drysdale a connu deux carrières de joueur, avec entre les deux une fracture : 1974, l’année où il décide de ne plus répondre à l’appel de son capitaine de Coupe Davis par BNP Paribas. Un choix militant pour ce joueur charismatique, qui n’hésitait jamais à l’ouvrir en public, à une époque charnière pour le tennis pro et alors que le circuit mondial ATP venait d’être créé. Ce boycott de 1974 lui coûtera un titre en Coupe Davis par BNP Paribas, mais lui vaut d’être très respecté dans son pays encore aujourd’hui, même s’il vit depuis aux Etats-Unis, où il est devenu un consultant très apprécié des médias, car très à l’aise face caméra.
 

 

8. Ismail El Shafei (Egypte)

 

Le plus surprenant. Grosse moustache, regard acéré et port de raquette main gauche, l’Egyptien Ismail El Shafei a permis au moins pendant quelques années à son pays d’exister sur le circuit ATP. C’est en 1974 surtout qu’il se distingue : d’abord en remportant son seul titre en simple à Manille, mais surtout en signant la perf de sa vie à Wimbledon, où il élimine Björn Borg dès le 3e tour, alors que ce dernier venait pourtant de conquérir le premier de ses 11 tournois de Grand Chelem à Roland Garros quelques semaines auparavant. « Le match s’est disputé sur le court numéro 1, l’un des plus rapides, s’est-il souvenu récemment. A l'époque, Borg n’était pas encore habitué à bien jouer sur ce type de surface, j’ai pu en profiter. » Le Suédois retiendra la leçon, remportant le tournoi cinq fois consécutivement les années suivantes. 

 

9. Yahiya Doumbia (Sénégal)

 

Le plus opportuniste. Sacré Yahiya Doumbia ! Son honnête mais banale carrière a été marquée par deux coups d’éclat totalement imprévisibles, obtenus à 7 ans d’intervalle. En 1988 d’abord, il réussit l’exploit unique de s’imposer à l’Open de Lyon, alors qu’il ne pointe qu’au 453e rang mondial. Un exploit inédit à l’époque pour un joueur aussi mal classé. Puis en 1995, toujours en France mais cette fois à Bordeaux, il bat Jakob Hlasek en finale pour ravir son deuxième titre, alors qu’il était encore issu des qualifications. Deux finales sur le circuit ATP, deux victoires : le Sénégalais ne faisait jamais le voyage pour rien.
 

 

10. Nduka Odizor (Nigéria)

 

Le plus patient. Aujourd’hui, le meilleur Nigérian sur le circuit se nomme Sanni Adamu et ne pointe qu’au 1413e rang mondial. En clair, le Nigéria n’existe plus vraiment sur la mappemonde du tennis. Il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les années 80, Nduka Odizor a fièrement représenté son pays, en double comme en simple, avec à son actif deux performances dignes du « Guinness Book ». En 1984 d’abord, associé à l’Américain David Dowlen, il remporte le plus long tie-break dans un set décisif d’un match en double : victoire 19-17 au 3e face aux frères jumeaux Gullikson au tournoi de Boca Raton. Puis en solo, sur l’herbe du Queen’s en 1987, Odizor bat Guy Forget au terme d’un match marathon, terminé 7-6, 4-6, 22-20, ce qui reste encore aujourd’hui le record du plus grand nombre de jeux disputés dans un match en trois manches. Un record que John Isner n’a pas.
 

 

   Par Régis Delanoë

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