Après un week-end de Coupe Davis, lorsqu'on est journaliste, il faut, oui c'est la règle, faire un papier de retour sur la rencontre. Trouver des angles, des explications, des raisons à une victoire ou, en l'occurrence, à une défaite. Surtout à une défaite. Alors, à qui la faute, se demande la presse.
Est-ce l'incapacité de Gilles Simon à gagner un match en Coupe Davis ? Non pas du tout, rien à voir. Faut-il mettre en cause le double français, qui, je le rappelle, a eu deux balles de set sur son service pour mener deux sets à un ? Mais non, toujours pas, aucun lien de cause à effet.
Alors où est la faute ? Heureusement la presse est là pour me dire qu'en fait, si la France a perdu, c'est tout simplement la faute de Richard Gasquet !
Ben voyons. Elle n'est pas facile celle-là ? Franchement, je vous le dit comme je le pense, ça me gonfle. Autant, j’admet volontiers que par le passé, Gasquet a eu des comportements suspicieux (à prononcer avec l'accent québécois), mais comment peut-on décemment lui faire un procès sur cette rencontre ?
Richard Gasquet n'est-il pas près de jouer le meilleur tennis de sa carrière ? N'a-t-il pas disputé le premier tour de Coupe Davis ? N'était-il pas là (là-bas en fait), à Buenos Aires ? S'il n'avait vraiment pas envie de jouer, pourquoi traverser la planète ? N'était-ce pas plus simple de prendre le vol AF695 et de rentrer tranquillement à Paris pour se reposer, se soigner et préparer doucement la transition vers la terre battue. Ce n'est pourtant pas ce qu'il a fait, à ce que je sache.
Vendredi dernier, le journal l'Equipe a sorti un petit papier qui a commencé à mettre de l'huile sur le feu, citant un membre du groupe France, qui préfère rester anonyme : « Pas surpris mais déçu ». A quoi ça sert ? Gasquet n’a-t-il plus le droit de déclarer forfait sans être taxé d’être une mauviette ou un traitre ?
Même papier, un peu plus loin: « Il semblerait que le groupe avait plutôt le sentiment qu’il aurait pu se faire violence ». D’abord, il ne s'agit que de supputations, ensuite, même si c'était vrai, ils auraient l'air malin, tous autant qu'ils sont, si Gasquet avait terminé son week-end de Coupe Davis dans le même état que Djokovic, qui, je le rappelle, s'est blessé à la cheville et risque d'être indisponible pendant un bon moment.
Voilà, je me calme. J'espère que les trois gars qui ont signé ce papier, que j'adore (les gars, pas le papier mais ça vous l'aurez compris) ne m'en voudront pas trop. Mais il fallait réagir car déclencher un Gasquetleaks est totalement injuste pour un « gonze » (comme on dit à Marseille) qui est au top, qui a tenté, mais qui ne pouvait pas jouer et qui a préféré céder sa place plutôt que d'essayer et peut-être, qui sait, abandonner en cours de route.
Déjà qu'il n'a pas le droit de déclarer forfait, alors imaginez, abandonner. Il aurait été traité de Cahuzac, au minimum !