Après la finale historique de Roland-Garros, retour à l’ordinaire du circuit avec le début de la saison sur herbe et Wimbledon dans le viseur. Mieux : il y aura même un oral de rattrapage cette année avec l’épreuve de tennis des Jeux Olympiques au All England Club quinze jours plus tard…
Et après ? On est passé tout près de quelque chose de colossal. Un truc que Rosewall, Newcombe, Nastase, Borg, Panatta, Stan Smith, Connors, McEnroe, Vilas, Wilander, Lendl, Becker, Edberg, Kuerten, Sampras, Courier ont espéré atteindre un jour. Une performance réussie par Agassi, Nadal et Federer mais sur plusieurs années. On parle du Grand Chelem sur douze mois ; que ce soit sur une année calendaire importe peu. Détenir les quatre grands majeurs en même temps, ça reste le Graal. Nolé s’en est approché et qui sait ce qui serait advenu s’il avait remporté la quatrième manche en finale du French. Hélas pour lui, il n’est pas devenu le deuxième joueur à battre Rafael Nadal à Paris (après Söderling), ni celui capable (après Federer à Miami en…2005) de remonter deux sets contre le Majorquin pour l’emporter ensuite. S’il l’avait réussi, les superlatifs auraient manqué. Au lieu de quoi, Rafa est devenu le recordman des victoires aux Internationaux de France et on ne sait quelle performance est la plus invraisemblable…
« Les courts les plus lents de l’année »
Et après ? La grande secousse n’est pas encore digérée qu’il faut déjà se projeter sur la saison du vert. Le mois de l’herbe connaîtra cette saison une extension de trois semaines puisque le tournoi olympique de Londres aura lieu, fin juillet, début août, sur les courts du All England Law Tennis and Croquet Club. Roland-Garros n’était pas terminé que déjà on jouait au Queens et à Halle. Comme on joue cette semaine à ‘s-Hertogenbosch et comme on jouera après « Wim’ » dans un des tournois les plus improbables de l’année, celui de Newport en Amérique. Rien que ça. « Depuis 2001, les organisateurs de Wimbledon ont modifié les conditions de jeu. La composition de l’herbe n’est plus la même. Le jeu y est plus lent, plus sensible au lift puisque le sol est plus dur, les rebonds ne sont plus les mêmes. Du coup, le passage de la terre au gazon n’est plus aussi compliqué », analyse Ilie Nastase, finaliste à Londres en 1976. Dès l’implantation de ce nouveau revêtement, Tim Henman se plaignait de la lenteur du court. En 2002, la finale entre David Nalbandian et Lleyton Hewitt ne fut qu’une succession de longs rallyes de fond du court. « Avant 2001, je montais sur la quasi-totalité de mes premières balles et la moitié des secondes. Après, je ne faisais service-volée que sur la moitié de mes premiers services et plus du tout sur mes seconds. Ce n’était plus jouable » rappelait le Sud-Africain Wayne Ferreira au Guardian en 2009. La faute à cette nouvelle herbe, aux nouvelles raquettes et même aux nouveaux cordages qui facilitent les passing-shots : « Beaucoup de joueurs qui n’existaient pas sur gazon sont devenus performants. Il y a beaucoup d’échanges et les joueurs de fond de court peuvent exister à Wimbledon. Avant, il n’y avait que Borg et Agassi et encore, ils savaient volleyer. Aujourd’hui, quand il pleut et qu’il fait froid, on dirait les courts les plus lents de l’année », affirme encore Ilie Nastase.
La ligne qu’il manque à Federer
Et après ? Les Jeux Olympiques de Londres, donc. Seule différence de taille : le tournoi se jouera en deux sets gagnants. Plus susceptible d’engendrer de grosses surprises. Sur ce format, Novak Djokovic n’aurait pas passé les huitièmes de finale à Paris. Si Mecir (en 1988), Agassi (96), Kafelnikov (2000) ou Nadal (08) sont devenus champions olympiques, le format des deux sets ouvre la porte à toutes les surprises. La présence au palmarès de Marc Rosset sur la terre battue barcelonaise (1992) ou celle du Chilien Massu à Athènes (2004) peuvent en attester. Sans parler de la présence d’improbables finalistes comme Arrese (92) ou Mardy Fish, tout jeune top gun, il y a huit ans. « Le tournoi de tennis aux Jeux Olympiques représente quelque chose de spécial dans la tête des joueurs. Il leur rappelle leur enfance devant la télé, toutes les stars des autres sports et il n’a lieu que tous les quatre ans. J’ai grandi dans la Roumanie de l’après-guerre et les Jeux Olympiques représentaient la plus grande des compétitions. J’aurais adoré y participer (absent depuis 1924, le tennis est revenu aux J.O en 1988, Ndlr). Roger Federer adorerait les gagner, c’est un des seuls tournois qu’il n’a pas gagné mais ce sera la loterie… », poursuit Nastase. La loterie ? Des outsiders, des seconds couteaux qu’on a peu vus au fil de la saison, des révélations… Des noms peut-être ? « Tomic qui était en quart l’an passé à Wimbledon ; Raonic, Gasquet ou Dolgopolov ou un gars comme le Sud-Africain Anderson peuvent réaliser le tournoi de leur vie, conclut le vainqueur de Roland-Garros 1973. Mais bon, les trois monstres du classement, ils le veulent aussi le titre olympique. Faudra leur passer dessus… ». Par Rico Rizzitelli