En finale du tournoi juniors féminin de Roland-Garros, Elsa Jacquemot était menée d'un set et un break par la Russe Alina Charaeva lorsqu'elle a décidé que, foutu pour foutu, il fallait au moins tenter quelque chose. Sinon, c'était la défaite assurée. Et la défaite, Elsa la déteste. Elle ne supporte pas de perdre, qu'il s'agisse de tennis, d'une partie de Monopoly ou d'un chifoumi entre copines. C'est la gagne qui l’intéresse, qui l'habite.
C'est pourquoi, bien qu'en très mauvaise posture, la pensionnaire de la All In Academy de Thierry Ascione et Jo-Wilfried Tsonga n'a jamais lâché mentalement. Elle savait que tant qu'il y avait une possibilité de gagner, il fallait continuer à se battre. Elle le dit d'ailleurs mieux que quiconque : « Je n'avais qu'une envie, c'était de décrocher la victoire, d'avoir ce trophée et c'est ça qui a fait que j'ai gagné ».
Nouvelle numéro 1 mondiale juniors
Le match a tourné au moment du débreak au 2e set. Elsa a recollé à 4 jeux partout. Cette mise à niveau des compteurs a fait très mal à la Russe qui se voyait sans doute déjà en train de soulever le trophée. A partir de cet instant, le match a clairement basculé. Sur sa lancée, la Lyonnaise s'est emparée du set 6-4 et a ensuite fait cavalier seul dans la 3e manche. Score final : 4-6 6-4 6-2.
N'oublions pas qu'Elsa avait bénéficié d'une wild-card de la part de l'organisation du tournoi pour disputer le tournoi des « grandes » en simple dames. Elle s'y est inclinée lourdement, balayée au 1er tour par la qualifiée mexicaine Renata Zarazua 6-1 6-2 en 1h04. Faire ensuite machine arrière, pour retourner chez les « jeunes » après une telle désillusion, est très difficile. Mais la nouvelle numéro 1 mondiale juniors a réussi à éviter ce piège avec brio.
Une épaule sur laquelle pleurer
Durant les discours de la cérémonie protocolaire de remise des trophées, Charaeva, qui s 'était déjà inclinée face à Jacquemot l'an passé en demi-finale du tournoi juniors de Beaulieu-sur-Mer, n'a pu retenir ses larmes. Elle le tenait son match, mais n'a pas su conclure. Moment de solitude pour la Russe qui ne pouvait plus parler. C'est à ce moment-là, qu'en championne, Elsa a pris son adversaire du jour, amie sur le circuit, dans ses bras pour la consoler.
Quand tu réconfortes ton adversaire ?
— FFT (@FFTennis) October 10, 2020
Un très joli geste de sportivité de la part d'Elsa Jacquemot ???? ???? ????#TeamJeunesTalents @BNPParibas #RolandGarros pic.twitter.com/HbqGSh6ad9
Ce geste n'est pas anodin. Vous qui suivez le tennis, vous avez déjà vu des joueurs et des joueuses lâchés par leurs nerfs durant une remise des prix. Avez-vous en revanche ne serait-ce qu'un souvenir de l'autre joueur venir en soutien et effectuer un geste de réconfort ? Non. Dans ces cas-là, on se sent seul et on l'est vraiment. Ce n'était pas le cas de Charaeva. Durant cette remise des prix, que forcément elle n'oubliera jamais, elle avait une épaule sur laquelle pleurer.
Celle d'Elsa Jacquemot.