Mes vacances à Miami m'ont permis de comprendre pourquoi le tennis, dans ce pays, est inexistant.
Je tiens à préciser que je ne blâme pas les autochtones pour leur ignorance. Je les tiens plus pour des victimes...
Mes vacances à Miami m'ont permis de comprendre pourquoi le tennis, dans ce pays, est inexistant.
Je tiens à préciser que je ne blâme pas les autochtones pour leur ignorance. Je les tiens plus pour des victimes d'une accumulation de faits.
D'abord, il n'y a pas, aux Etats-Unis, de quotidien sportif, pas « d'Equipe » à feuilleter en sirotant son Starbucks matinal. En revanche, chaque ville, sous-ville, village, bled, et même centre commercial (appelé « Mall ») publie son canard, dans lequel on trouve une section « sport » d'une bonne douzaine de pages. Aucun de ces journaux n'évoque le tennis, jamais. Même pas un rappel des scores. D'aucuns, interrogés sur le sujet, m'ont rétorqué : « Mais si ! Dans le New York Times, ça parle de tennis ». Mais combien sont-ils à lire le New York Times dans ce pays ?
La télé maintenant : tous les soirs sur ESPN, la chaîne du sport US, des millions d'Américains assistent à la messe donnée par « Sports Center ». Une heure quotidienne d'images sur tous les faits sportifs du jour. Baseball, football (américain), softball (baseball féminin), basketball, hotdog ball et que sais-je encore... Mais pas un mot de tennis. Peut-être que si le sport s'appelait tennisball, ils en parleraient un peu plus. Ce qui est quand même fascinant, c'est qu'un des neuf tournois majeurs de la saison se dispute en ce moment même sur le sol américain et que tout le monde s'en fout. J'exagère un peu : Sport Center y a consacré 17 secondes en fin de programme, un échange sans intérêt entre Djokovic et Fish suivi du résultat du match.
Et puis, pour être franc, quels joueurs américains sont capables, aujourd’hui, de susciter un intérêt du (très) grand public ? Mardy Fish ? Are you kidding me?! Comment voulez-vous qu'un gars qui jouait il y a peu encore en socquettes attire les sponsors et donc les médias et donc Bill affalé sur son canapé ? Andy Roddick est beaucoup plus proche de la fin que du début et la relève masculine est une sorte de Grand Canyon, mais plus profond et moins fréquenté que le vrai.
Chez les filles, c'est encore pire. Même s'il y avait relève (ce qui n'est pas le cas), elle n'aurait rien à relever. Venus et Serena suscitent bien l’intérêt. Quand elles jouent. C'est à dire presque jamais.
Le dernier point, qui m'a définitivement convaincu. Je barbotais dans la piscine en discutant avec un Américain qui « s'y connait ». Au sujet de Rafa, il a eu raison de tous mes espoirs pour les Américains en affirmant : « Nadal ? Non seulement il est fini, mais en plus il ne détient aucun record important! ». J'ai répondu : « Non c'est vrai, il est juste recordman de titres à Roland-Garros ». Et là, il a lâché la phrase qui tue : « Mais on s'en fout du French Open !» Tout est dit.
J'ai tourné les talons, et d'un coup de brasse coulée, je me suis dirigé vers un endroit où j'avais pieds, pour éviter d'avaler trop d'eau tant ma bouche était bée!