Numéro 1 mondiale… à 56 ans

26 févr. 2013 à 16:31:15

En 2007, l’Australienne Evonne Goolagong Cawley s’est vu officiellement attribuer la place de numéro 1 mondiale par la WTA, plus d’un quart de siècle après sa retraite sportive. On vous raconte pourquoi.   Le...

En 2007, l’Australienne Evonne Goolagong Cawley s’est vu officiellement attribuer la place de numéro 1 mondiale par la WTA, plus d’un quart de siècle après sa retraite sportive. On vous raconte pourquoi.

  Le téléphone sonne dans la maison des Cawley. Dehors, comme tous les jours de l’année ou presque, le soleil accable de sa chaleur Noosa Heads, modeste ville côtière aux plages de sable fin de l’état du Queensland. Nous sommes le 27 décembre 2007. C’est John, le mari, qui répond. Au bout du fil, John Dolan, le responsable communication de la WTA, annonce la divine nouvelle : « Pouvez-vous avertir votre femme qu’elle a officiellement été reconnue comme numéro 1 mondiale de tennis ? » Sa femme, c’est Evonne Goolagong Cawley, le « trésor national » de l’Australie comme elle a parfois été surnommée et l’une des plus grandes championnes de l’histoire du tennis. A son pedigree, quatre victoires aux Internationaux de Melbourne, deux succès à Wimbledon et un triomphe à Roland-Garros, entre autres récompenses. Une icône de la communauté aborigène, qui évoque des souvenirs lointains. Et pour cause, la championne a sévi sur les circuits féminins de tennis dans les années 70 et a pris sa retraite en 1983 !  

Quand Billie Jean King s’en mêle

C’est donc une femme âgée de 56 ans qui se voit honorer du titre de numéro 1 mondiale par la WTA en cette fin d’année 2007. « Un fabuleux cadeau de Noël et une vraie fierté », commente-t-elle alors, trophée récompensant cette place de leader entre les mains. Mais si la nouvelle est belle, elle a assurément de quoi surprendre. Comment une joueuse retraitée depuis plus d’un quart de siècle peut-elle recevoir de tels honneurs ? En réalité, il s’agit d’une vieille erreur que les instances de la WTA ont réparée sur le tard. Retour aux origines du professionnalisme du tennis féminin : peu de temps après la création de l’ATP masculin, le circuit féminin voit le jour à la fin de l’année 1975, avec Chris Evert comme première détentrice de la place de numéro 1 mondiale. Mais dès le début de l’année suivante, la suprématie de l’Américaine est menacée par les performances en série d’Evonne. « A l’époque, je déroulais mon meilleur tennis, le plus régulier de ma carrière. Dans ma tête, je savais que j’étais la numéro 1 », se souvient-elle. Pourtant, la jeune Australienne a beau gagner le troisième de ses quatre Opens d’Australie consécutifs et s’imposer dans les semaines suivantes à Chicago, Akron, Dallas, Boston, Philadelphie et Los Angeles, les instances de la WTA sont formelles : Chris Evert reste leader du classement devant la pauvre Evonne. La joueuse aussie laisse alors passer sa chance de se positionner au sommet du tennis féminin mondial. Interrogée lors de ce printemps 1976, alors que le tournoi de Wimbledon s’apprête à débuter, l’autre championne américaine de l’époque Billie Jean King s’étonne de ne pas voir l’Australienne tête de série numéro 1. « Evonne est clairement la numéro 1 », affirme-t-elle, alors que les calculs prétendument scientifiques des résultats persistent à faire d’Evert la meilleure du circuit. Jusqu’au 9 juillet 1978 et l’avènement d’une certaine Martina Navratilova, c’est donc Chris Evert la seule et unique numéro 1 mondiale.  

Un travail de détective

Mais en 2007, coup de tonnerre. Sont retrouvées à St. Petersburg en Floride, dans les archives de la WTA, des feuilles de résultats non traitées couvrant la période d’avril à juillet 1976. Or, précisément le 12 avril de cette fameuse année 1976, Evonne Goolagong Cawley conquiert son quatrième titre consécutif sur le sol américain, le Masters de Los Angeles, en dominant en finale… Chris Evert, 6/3 5/7 6/3. John Dolan et son équipe de la WTA sont chargés de mener un véritable « travail de détective » pour réinsérer les résultats manquants dans le calcul du classement du circuit professionnel féminin de l’époque. Le verdict tombe : le 26 avril 1976, Evonne Goolagong Cawley devance de 0,8 points Chris Evert et passe en tête du classement ! Un leadership qui ne tient que pendant deux semaines, avant que l’Américaine ne reprenne les devants dès le 9 mai. Mais au moins cette fois c’est officiel : la belle Australienne est réhabilitée en tant que deuxième numéro 1 mondiale de l’histoire du tennis pro féminin. « Les systèmes d’enregistrement des résultats manquaient de fiabilité dans les premières années », s’excuse Larry Scott, responsable de la WTA, au cas où on lui reprocherait cette annonce si tardive. Mais en réalité, personne en cette fin d’année 2007 n’a eu à se plaindre de voir Evonne Goolagong Cawley être sacrée aussi tard. Même pas la principale intéressée, qui se savait intérieurement la meilleure joueuse de ce printemps 1976 et qui ne peut que se réjouir de voir enfin la réalité éclater au grand jour. Histoire de profiter, l’esprit encore plus léger, de l’été austral.   Par Régis Delanoë

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