Pourquoi ne ferait-on pas des matchs d'un set?

5 févr. 2013 à 19:29:01

Les tournois du Grand Chelem s’enchaînent mais laissent peu de place au suspense.  Tandis que les quatre fantastiques du circuit se tirent la bourre, les autres se disputent les miettes. Le format Grand Chelem avec...

Les tournois du Grand Chelem s’enchaînent mais laissent peu de place au suspense.  Tandis que les quatre fantastiques du circuit se tirent la bourre, les autres se disputent les miettes. Le format Grand Chelem avec ses rencontres au meilleur des cinq manches satisfait souvent la raison du plus fort. Mais alors pourquoi le tennis ne se jouerait pas en un set sec ?

Le jeu de paume. Voilà où se situe la réponse. C’est d’ailleurs là où Franck Sabatier, responsable des arbitres à Roland Garros, renvoie les curieux. Il faut puiser dans les règles de base de ce glorieux ancêtre du tennis pour comprendre ce format en deux sets gagnants (trois pour la Coupe Davis par BNP Paribas et les tournois du Grand Chelem messieurs). Chargé des collections et de la médiation culturelle au Tenniseum, le musée de la Fédération Française de Tennis, Michaël Guittard explique: « Historiquement ça date de 1555, quand le moine Antonio Scaïno codifie, pour la première fois, les règles du jeu de paume. Le système de décompte des points est alors évoqué, en précisant le 15, 30, 40, jeu, six jeux pour gagner un set et deux sets pour gagner un match. » Ces règles historiques sont reprises plus tard lors de la création du tennis moderne: « En 1874, le Major Wingfield codifie les règles d’un sport qui deviendra le lawn-tennis. Là encore, il est précisé qu’il faut gagner deux sets pour emporter le match. » Pour autant, les raisons "logiques" de ce choix sont un peu floues. « Au final, il n'y a aucune justification précise, sinon qu’un set pouvait être rapidement joué », reprend Guittard.  Rapidement joué ? Allez dire ça à Nicolas Mahut et John Isner qui se sont écharpés en plein cagnard à Wimbledon pendant cinq sets et près de 11 heures et 5 minutes de jeu.  

« Ça perdrait de son sel si ça se jouait en un seul set »

Pour autant, cette raison historique a été adoptée par tous les cousins du tennis. En effet, le principe de diviser une rencontre en plusieurs manches est inscrit dans l'ADN de tous les sports où un filet sépare les adversaires. Les lois du ping-pong, squash ou badminton ne disent pas autre chose. Il est donc logique que le tennis ne voit pas l'intérêt de remettre en cause des règles connues par tous et inscrites dans son patrimoine génétique. Le volley-ball aussi partage cette particularité de jouer ses rencontres au meilleur des cinq sets. Un format qui semble satisfaire Benjamin Toniutti, passeur de l'équipe de France : « Au volley comme au tennis, les sets font partie des codes du jeu. Un match en une manche ça pourrait se faire mais bon quand il y a des victoires 3 sets à 2 au tennis, c'est toujours impressionnant en terme de durée, d'intensité de jeu, de spectacle. Ça perdrait de son sel si ça se jouait en un seul set. » En revanche, au tennis comme au volley-ball, le fait de jouer en plusieurs sets semble réduire les chances du "petit" face au gros : « Avec ce format en 5 sets, les grosses équipes l'emportent presque toujours parce qu'elles ont forcément un ascendant psychologique à la base. Généralement, la pause entre les manches permet à l'équipe la plus forte de se remobiliser et de gagner le set suivant. Au volley c'est quasiment impossible qu'une équipe de deuxième division batte une première division. Je pense que c'est la même chose au tennis entre les 4-5 meilleurs mondiaux et les autres joueurs. »  

« Federer n’a pas besoin de se battre pour en remporter un troisième »

Quoiqu'il en soit, renoncer au fait de jouer les rencontres en plusieurs sets est inenvisageable. En revanche, le tennis porte en lui cette incongruité de faire jouer certains matchs au meilleur des trois sets et d'autres au meilleur des cinq (en Grand Chelem messieurs et en Coupe Davis par BNP Paribas). Un deux poids, deux mesures qui ne satisfait pas tout le monde. Certaines voix, au sein du circuit s'élèvent pour disputer les tournois du Grand Chelem en deux sets gagnants. Nikolay Davydenko évoquait l'idée en conférence de presse après sa défaite en cinq sets (4-6, 6-7, 6-2, 6-1, 6-2) contre Mardy Fish lors du dernier US Open : « Il faut être extrêmement fort physiquement pour des matchs aussi longs. Pourquoi jouons nous des matchs en cinq sets ? Nous devons jouer au meilleur des trois sets en Grand Chelem. Tout le monde serait favorable à cette idée, même Roger. Pour lui c'est facile de gagner deux sets en une heure. Pas besoin de se battre pour en remporter un troisième. » L'histoire ne dit pas ce que Federer en pense. Toniutti lui en a une : « C'est sûr que c'est pas évident pour eux physiquement. Mais moi en tant que spectateur, je me régale devant un match en cinq sets. Et quand je vois l'intensité qu'ils arrivent encore à mettre après 5 heures, je leur tire mon chapeau. » Par Arthur Jeanne  

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