Comme chaque année, à l’aube des internationaux de France, cent-vingt-huit joueurs rêveront la nuit de lendemains qui enchantent. Peut-être pas de la passe de sept titres comme Nadal, ni du ‘Djoko Slam’ comme Nole. Parmi eux, cinq jeunes espoirs –et autant de paris incertains- qui rêvent de faire mordre la poussière à des têtes couronnées et prendre un peu la lumière des projecteurs parisiens.
1. Albert Ramos (24 ans, Espagne, 42ème mondial)
Le Catalan est, ô surprise, fan du FC Barcelone et préfère la terre battue. Depuis 2007, il progresse régulièrement et vient camper cette année dans les cinquante premiers mondiaux. Finaliste à Casablanca, en demie à Sao Paulo, il compte des victoires sur Verdasco, Gasquet ou Chela. Même si son ratio 2012 (16 victoires, 12 défaites) n’a rien de fracassant, on sent que cette saison pourrait être la bonne. Suffit d’un déclic. Pour l’instant, ce gaucher efflanqué, fils de dentiste, est encore à la recherche d’une grosse performance dans un tournoi 500, un Masters Series ou un Grand chelem. Plus que sa prestation au Maroc, ce sont ses récentes sorties à Acapulco et Barcelone qui inspirent notre intuition. Délié, dur au mal, énième maillon de la pépinière espagnole, Albert Ramos devrait faire des dégâts à Roland-Garros. Ne reste qu’à tenir la distance des cinq sets…
2. Milos Raonic (21 ans, Canada, 23ème mondial)
Un jour prochain, un éditeur produira un livre sur tous les joueurs issus de l’ancienne Yougoslavie dans les cent premiers mondiaux. Né au Monténégro, il grandit au Canada et a vraiment explosé l’année dernière. Trois titres sur dur (dont deux à San José), Milos peine à confirmer sur les Grands chelems. Le « crazy canuck » possède un profil de basketteur (il est fan des Toronto Raptors) avec ses cent quatre-vingt-dix-huit centimètres. D’une certaine façon, il incarne la modernité des géants comme Dirk Nowitzky, le basketteur de Dallas ou John Isner, le Gulliver US : même coordination dans le geste et dans la course, même talent gestuel. Comme le tombeur des Français en Coupe Davis par BNP Paribas, Milos Raonic devrait faire quelques dégâts cette année au ‘French’ avec son service et son coup droit… Sa performance à Barcelone le mois dernier l’atteste…
3. Kei Nishikori (22 ans, Japon, 17ème mondial)
Petit format (1,78m, 68 kg), Kei Nishikori est presque une incongruité sur le circuit international. Parti très tôt du foyer familial, il intègre l’académie Bollitieri via la fondation Morito, du nom l’ancien boss de Sony. Bienvenue dans le village global. Cornaqué de loin par Brad Gilbert, Nishikori a frappé un grand coup lors du dernier Australian open (1/4 battu par Murray), trois mois après une demi-finale au Masters Series de Shangaï et une finale à Bâle contre Federer après avoir défait Djokovic au tour d’avant. Le déclic que Ramos et Raonic attendent encore, la preuve tangible que l’on tend à appartenir au grand monde avant de tamponner le passeport sur la durée. Spécialiste de rien mais complet en tout, Kei s’est fait les dents à Buenos-Aires et Barcelone (1/4 à chaque fois). En attendant de briller à Paris ?
4. Marin Cilic (23 ans, Croatie, 22ème mondial)
On aurait pu jouer facile. Citer le Bulgare Dimitrov ou l’Australien Tomic ou encore la comète ukrainienne Alexandr Dolgopolov. On préfère Marin Cilic, un nom qui dit quelque chose à tout le monde mais que personne ne calcule vraiment. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix-huit, le Croate semble tailler pour l’herbe et le dur (là où il a déjà gagné ses six titres) mais il peut et doit réussir une performance à Roland-Garros. Histoire de bafouer les lois de la pesanteur et des lois du déplacement sur terre. Comme un grimpeur massif escaladerait un col hors-catégorie des Dolomites au Tour d’Italie avec la légèreté d’un lutin…
5. Ernests Gulbis (23 ans, Lettonie, 84ème mondial)
La grosse cote. Pas grand monde ne pariera sur lui à l’heure où débutera Roland-Garros. Et pourtant… Le Petit prince a du tennis plein les mains et on ne veut pas croire qu’un diamant pareil passe à côté de sa carrière. Ce mix presque parfait entre Miroslav Mecir et Richard Gasquet est un joyau au mental…friable. L’été dernier, il avait eu le bon goût d’embaucher Guillermo Canas comme coach et remporté le tournoi de Los Angeles dans la foulée. Une performance sans lendemain et le Letton végète dans les profondeurs du classement, eu égard à son potentiel. Quart de finaliste à Paris à pas même vingt ans en 2008, Gulbis devrait néanmoins s’inspirer de son coach qui possède tout ce qu’il lui manque : la grinta, le vice, le sens tactique, le mental. Que des trucs qui s’apprennent. Le reste, l’essentiel, le talent incandescent, Ernests l’a depuis longtemps. Et ce n’est toujours pas en vente libre.