Élégant et charismatique, Juan Monaco a officiellement annoncé la fin de sa carrière. À 33 ans, l’Argentin s’arrête sur une moche 196e place et neuf petits titres qui résument mal son talent et sa belle présence sur les courts. Peut-être parce que Monaco, c’était bien plus que du tennis.
Les sommets
23 juillet 2012. Monaco a 28 piges et est au top de sa forme lorsqu’il atteint son meilleur classement après avoir gagné le tournoi de Hambourg (au détriment de Tommy Haas en finale). Le seul ATP 500 remporté par le Sud-Américain. Le voilà donc dixième mondial, enfin à la place qu’il mérite. Il n’ira jamais plus haut, malgré une année 2012 où il glane quatre de ses neuf trophées. Le bon temps.
L’esthète
Si l’on pouvait résumer la carrière de Monaco en un point et un match, ce serait sûrement ceux-là qui seraient choisis. Au troisième tour du BNP Paribas Open d’Indian Wells en mars 2015, Juan affronte Thanasi Kokkinakis, contre qui il vient de concéder le premier set. À 4-3, balle de break dans la deuxième manche, son adversaire, chanceux, touche le filet mais Monaco s’arrache pour aller au filet et rétorquer par un amorti. Kokkinakis ne se démonte pas et essaye un lob… superbement rattrapé par l’Argentin, qui répond par un tweener lobé. Magnifique. Monaco, les bras levés, kiffe. Puis perdra la rencontre sans s’emparer d’un seul set. Comme un symbole.
Les pleurs
Quelques mois plus tard, en août, Monaco vit sans doute son plus mauvais moment sur un court de tennis. À Kitzbühel en Autriche, celui qui est alors quarantième mondial doit abandonner dès le premier tour contre Robin Haase (6-2, 1-1 en sa faveur), son poignet droit le faisant horriblement souffrir. Après avoir lâché quelques larmes, le joueur livre la vérité sur Facebook : « J’ai une lésion depuis trois ans que je soigne avec des infiltrations et un traitement de kinésithérapie. Cependant, sur un coup droit, la douleur était cette fois différente. Il me faut maintenant revenir en Argentine pour tenter de guérir cette lésion. » Autrement dit, il faudra du temps. Sauf que le bonhomme n’en a déjà plus beaucoup…
Le dernier triomphe
Au moins, il aura pu goûter une dernière fois à la victoire finale. Absent depuis de longs mois, Monaco tente le coup en avril 2016 à Houston. Là-bas, il écarte tour à tour Gerald Melzer, Benoit Paire, Sam Querrey et Feliciano López pour se défaire enfin de Jack Sock, champion en titre, lors de la dernière marche. À 32 balais, l’ancien espoir s’offre donc un ultime titre, un retour dans le top 100 (86e) et un accès direct à Roland-Garros, tournoi qu’il adore.
Son Roland
Roland-Garros, justement. Joueur de terre battue par excellence, le plus espagnol des Argentins n’y a jamais dépassé les huitièmes de finale. Pourtant, il y a vécu de bons moments. Surtout sur le court numéro deux. « Le Philippe Chatrier et le Suzanne Lenglen sont deux grands courts et c’est toujours spécial d’y être programmé mais j’aime aussi le court numéro deux, a-t-il ainsi confié à Eurosport. Nous, les Argentins, surnommons ce court La Bombonera parce qu’il ressemble un peu au stade de Boca Juniors à Buenos Aires, une équipe de foot très connue en Argentine. Les tribunes sont très proches du court et on sent vraiment le soutien du public. » Sinon, Monaco adore aussi le Plaza Berri, restaurant italien situé près des Champs Elysées, où il mange chaque année. À tel point qu’il est devenu un proche des propriétaires.
Son Nadal
Quelle personne normalement constituée aimant Roland pourrait ne pas admirer Rafael Nadal ? Ok, mais la relation entre Monaco et l’Hispanique va bien plus loin que ça. Meilleur ami du gaucher, Juan entretient un rapport très affectueux avec lui. Arrivé en Espagne à quatorze ans, Juan a commencé à taper la balle avec Nadal très tôt. Parties de PlayStation, ballades, diners communs… Les deux potes ne cessent de passer du temps ensemble depuis le début de leur carrière et les tournois Futures. Ils ont même gagné un titre en double, le seul de Monaco, en 2015 à Doha. La seule chose que le nouveau retraité n’aime pas chez le Matador ? Jouer contre lui. Car c’est comme jouer « contre un mur ».
L’avion
S’il existe une chose que Monaco n’apprécie pas dans l’univers de la balle jaune, ce sont les déplacements en avion. L’homme de 33 ans n’a jamais caché qu’il vivait mal le fait d’être éloigné de ses proches. Et les trajets en l’air ne le rassurent pas franchement, puisqu’ils lui font « un peu peur, mais pas comme si je ne pouvais pas dormir ». Bref, autant dire qu’il n’assistera pas à tous les tournois européens pendant sa retraite.
Pico
Piquito, Pico Junior, puis Pico. Voici les quatre lettres qui forment le surnom de Juan Monaco depuis son plus jeune âge. Un surnom qui lui vient des amis de son papa, ces derniers appelant le paternel de la même façon. Les supporters ont très rapidement pris la même habitude et souvent utilisé ce terme pour célébrer le joueur.
Le fan de football
Le saviez-vous ? Sur la cheville gauche de Juan Monaco se trouve un tatouage à l’effigie de l’Estudiantes de La Plata. C’est dire si le garçon est un amoureux du club. L’Argentin l’a d’ailleurs déjà reconnu : s’il n’avait qu’un seul objet à sauver, ce serait son maillot de l'Estudiantes. « Je me vois comme un ambassadeur du club à l'étranger, et offrir des maillots est un bon moyen de le faire connaître. J'ai réussi à convertir Nadal, Murray, Fabio Fognini, qui adore Juan Sebastián Verón parce qu'il a joué à l'Inter, Gaël Monfils, John Isner, Marcos Baghdatis… », a-t-il carrément appris sur le site de la Fifa. C’est que Monaco est allé au stade avec son père dès l’âge de onze ans, et a même envisagé une carrière dans le ballon rond. « Je suis un bon milieu de terrain, mais sur une grande pelouse, je suis plutôt défenseur central !, lâche celui qui organise parfois des matchs au BNP Paribas Open d’Indian Wells. Ma passion, c'est le foot, et le tennis c'est un travail où je prends énormément de plaisir. » Tout est dit.
Le fan de football américain
Plus globalement, Monaco est un amoureux du sport. Le football américain ne déroge pas à la règle. La preuve : John Isner, un autre de ses copains, a déjà posté une photo du joueur avec le maillot des Panthers. La faute à John selon lui, puisqu’il préférait auparavant les Steelers de Pittsburgh. « J’aime tellement le foot américain. » Il aura désormais tout le temps de le suivre.