Une brute russe, un artiste british repenti du zinc, une nouvelle pépite de l’Est qui s’entraîne chez Mouratoglou... On connait depuis lundi (les classements ATP et WTA du 17 avril faisant foi) la liste des entrants directs dans les tableaux principaux de Roland-Garros (on prend les 104 premiers chez les hommes et les 108 premières chez les femmes). Parmi ceux qui feront leur début cette année à Paris, quelques profils intéressants...
Karen Khachanov, 20 ans, 52è mondial
« Il sera top 20 d’ici 2015 ! ». Saint-Pétersbourg, octobre 2013. L’ancien n°1 mondial Yevgeny Kafelnikov lâche cette prophétie. Pas encore classé à l’ATP, le jeune et inconnu Karen vient tout juste de « taper » Janko Tipsarevic. Certes, « Kafel » s’est peut-être un peu emballé : depuis 6 mois et sa victoire, son jeu de déménageur casse plus qu’il ne passe et K.K stagne aux portes du top 50. Mais attention, c’est ce superbe pur-sang de 198 centimètres, drivé par le terrien Galo Blanco sous le soleil de Catalogne, a mis fin l’automne dernier à trois ans de disette pour le tennis russe en remportant le tournoi ATP 250 de Chengdu. S’il n’a gagné que trois matchs lors du premier trimestre 2017, une bonne moitié des têtes de série rêvera de l’éviter au premier tour à Paris. L’argument est irréfutable : un joueur qui a battu Roberto Bautista-Agut sur la terre de Barcelone est tout à fait apte à déboulonner d’autres gars du gotha.
Dan Evans, 26 ans, 44è mondial
Même si ce drôle de zigue perpétue la grande tradition des Britanniques qui ne savent pas glisser – son bilan est clair : zéro match gagné sur terre battue - sa première participation au grand tableau de « Roland » est un évènement. Déjà parce que depuis deux ans, le Brummie a pris conscience de son potentiel, qui se mesurait alors plutôt en soirée. « Il ne fait aucun sacrifice pour son sport, il ne comprend pas que le tennis est sa priorité » disait de lui son coach belge Julien Hoferlin, dont la mort en 2016 des suites d’un cancer du cerveau provoque en lui un électrochoc. En septembre dernier à l’US Open, Dan Evans passe à un point d’écarter le futur vainqueur du tournoi, Stan Wawrinka, au troisième tour. C’est finalement en janvier dernier à Sydney qu’il se paie un premier top 10, Dominic Thiem, avant de récidiver contre Marin Cilic à Melbourne, où sa story d’ancien fêtard repenti qui évolue sans sponsor et va s’acheter ses polos lui-même a évidemment fait fureur...
Daniil Medvedev, 21 ans, 62è mondial
Aucun lien de parenté avec Andreï, finaliste malheureux à Paris en 1999. Sauf au niveau de l’âme, très russe, tendance génie illuminé. Comme l’était « l’autre » Medvedev à ses débuts, le grand Daniil (1m98) est ambitieux : bien qu’il n’ait disputé qu’une seule finale sur le grand circuit, à Chennaï en janvier dernier, le Moscovite n’hésite pas à dire qu’il vise le top 10. Et à l’instar de l’Ukrainien, il manie la vanne « border line » avec autant de maladresse que son toucher de balle est inspiré. Il y a pile un an, il fut disqualifié du challenger de Savannah pour avoir noté à voix haute que l’arbitre était de la même couleur de peau que son adversaire, Donald Young... Basé à l’académie de Jean-René Lisnard à Antibes, Daniil Medvedev parle couramment le français, et ne devrait pas passer inaperçu Porte d’Auteuil, où on ne l’a pour l’instant vu que chez les Juniors, en 2013 et 2014.
Catherine Bellis, 18 ans, 57è mondiale
Elle garde certainement un mauvais souvenir de sa dernière venue en 2015 – une défaite sèche contre la Paraguayenne Veronica Cepede Royg au premier tour des « qualifs », un matin et sur le tout petit court 11, devant trois pelés et un tondu. Plus globalement, ne porte pas spécialement la terre battue dans son cœur. Mais son titre de championne du monde Juniors 2014 et son statut de plus jeune joueuse du top 100 pourrait suffire à en faire l’une des attractions du tournoi parisien.
Ernesto Escobedo, 20 ans, 73è mondial
En voilà un qui n’a encore jamais mis les pieds dans le stade parisien. Ni chez les Juniors, ni pour y disputer les qualifications. Et voilà encore un rejeton d’une famille de la balle. Sa tante, Xóchitl, a représenté le Mexique aux Jeux Olympiques de Séoul en 1988. Egalement bon joueur, son père ne voulait pas qu’Ernesto suive le même chemin... jusqu’à ce qu’il voie son fils avec une raquette dans les mains à l’âge de 4 ans. Si vous le croisez à Roland, vous noterez sans doute sa ressemblance physique et tennistique avec un l’ex top 20 Vince Spadea. Tout nouveau venu dans le top 100, il vient de prouver à Houston qu’il savait glisser et trimer pendant trois heures en battant John Isner sur le score épique de 7/6 (8/6) 6/7 (6/8) 7/6 (7/5).
Thiago Monteiro, 22 ans, 80è mondial
On va beaucoup parler de Gustavo Kuerten cette année. Vingt ans déjà que le Brésilien, alors sorti de nulle part, est allé au bout en sortant trois anciens vainqueurs sur sa route. L’anniversaire pourrait inspirer le jeune gaucher carioca Thiago Monteiro, trop jeune pour avoir des souvenirs de l’épopée de 1997, mais qui assure en avoir de la fin de la grande période de « Guga », au début des années 2000. Comme Kuerten et Tomaz Bellucci, Thiago Monteiro est lui aussi passé entre les mains du sorcier brésilien, Larri Passos. Une excellente base, en attendant le déclic.
Jared Donaldson, 20 ans, 74è mondial
La première fois en 2014 qu’il s’est fait remarquer, c’est quand Roger Federer avait invité le jeune ricain de 17 ans à venir s’entraîner avec lui pendant trois semaines à Dubaï. Un séjour évidemment charnière pour J.D., qui n’a pas perdu de temps pour infiltrer le top 100, dont il est en ce moment le quatrième membre le plus jeune, derrière Alexander Zverev, Borna Coric et Karen Khachanov. Ses victoires l’été dernier sur Fabio Fognini (à Toronto) et David Goffin (à l’US Open) en font même l’un des jeunes joueurs US les plus prometteurs... Un dernier détail : Roland-Garros ne lui est pas totalement étranger. Il a en effet participé aux « qualifs » en 2015 et 2016, battu les deux fois au dernier tour par le même homme, le Géorgien Nikoloz Basilashvili.
Yuichi Sugita, 28 ans, 94è mondial
Surtout connu pour avoir battu Alexander Zverev à Cincinnati l’été dernier, Yuichi Sugita est encore vierge de toute victoire sur terre battue. Quatre fois inscrit dans les qualifications de Roland-Garros (2010, 2012, 2014 et 2015), il a été corrigé à chaque fois dès le premier tour en deux sets. Un premier tour contre Rafael Nadal pourrait tourner à l’exécution...
Nicolas Kicker, 24 ans, 96è mondial
Vainqueur de deux tournois challenger sur terre battue en 2016 (à Guayaquil et Perugia), le discret Nicolas Kicker, entré sans bruit ce 17 avril dans le top 100, a arraché in extremis sa place dans le grand tableau. Pour cet Argentin qui n’a disputé que 10 matchs jusqu’à présent sur le grand circuit, cette participation à Roland-Garros sera tout bonus, pour celui qui disputera alors son tout premier Grand Chelem.
Natalia Vikhlyantseva, 20 ans, 78è mondiale
Derrière ce nom de famille difficile à bien prononcer du premier coup se cache une élève de Patrick Mouratoglou. Agée de 20 ans depuis ce mois de février qui l’a vu atteindre les demi-finales du tournoi de Saint-Pétersbourg, cette énième pépite russe (mais la plus jeune du top 100) s’entraîne depuis l’an dernier à Sophia Antipolis. L’occasion pour elle d’aller poser sur la terrasse du Monte Carlo Country Club et de poster la photo sur twitter, où elle écrit en phrase d’accroche qu’« il y a tant de raisons d’être heureux ».
Jouer son tout premier Roland-Garros devrait en être une autre…