Il n’y a pas que sur le terrain de la politique qu'Emmanuel Macron souhaite être le meilleur. Sur les courts de tennis aussi, le Président fraîchement élu est un compétiteur qui sait frapper vite et fort. Rencontre avec Patrice Kuchna, son professeur de tennis, qui nous en dit un peu plus sur ce fan de Stefan Edberg.
Patrice Kuchna était petit, mais il a déjà vu jouer Jacques Chaban-Delmas, premier ministre de Georges Pompidou entre 1969 et 1972, qui, pour embêter les journalistes, demandait au juge-arbitre de programmer ses matchs aux aurores et de le faire jouer sous différents pseudos en double et double mixte à Roland-Garros. Et pour Patrice, ça ne fait aucun doute : depuis « Chaban », « Emmanuel Macron est sans la doute le meilleur homme politique au tennis ». Et depuis cinq ans, l’ancien 104ème joueur mondial, vainqueur d’Andre Agassi à Roland-Garros en 1987, qui s’est reconverti professeur de tennis au Touquet dans le Pas-de-Calais, donne des leçons de tennis au candidat du mouvement En Marche ! à l’élection présidentielle. Tout a commencé quand le banquier de chez Rothschild sollicite le père de Patrice, professeur de tennis lui aussi, pour prendre des cours lors de ses week-ends dans la résidence secondaire au Toquet dont a héritée sa femme, Brigitte. Mais quand le paternel est absent, c’est le fils qui prend le relais. Un jour, la famille Kuchna apprend que leur élève est désormais secrétaire générale de l’Elysée. Par hasard. « Je dis à mon père : ‘Tu savais qu’Emmanuel bossait pour le Président Hollande?’ Non, il n’en savait rien. » Leur collaboration ne s’arrête pas pour autant, perdure même quand Macron est nommé ministre de l’Economie. « Même si depuis, son emploi du temps ne lui permet plus de jouer tous les week-end. » La dernière fois que les deux ont tapé la balle ? Il y a un peu plus d’une semaine. « Après le premier tour… Il avait besoin de décompresser un peu. »
Macron ramasseur de balles
Un cours comme un autre, d’une heure et demi, avec toujours le même programme : d’abord échauffement, où « il impressionne toujours, même quand il ne joue pas pendant trois semaines », des exercices pour travailler la technique et quelques points pour finir. Macron joue fond de court -bien que ses joueurs préférés soient Stefan Edberg et Boris Becker- et possède « un très bon revers à une main lifté », précise Patrice, qui pointe sa « générosité dans l’effort », son écoute et son souci de « toujours vouloir s’améliorer ».Une denrée rare ? « Je connais très peu de joueurs que j’entraine qui, quand ils loupent un geste, veulent tout de suite recommencer pour comprendre ce qu’ils ont raté. » Depuis cinq ans, Kuchna n’a jamais vu son Macron participer à un tournoi, mais croit savoir qu’il pourrait être classé 15/2 s’il s’en donnait les moyens. Faute de temps, encore une fois. Qui plus est pendant cette campagne électorale à laquelle Patrice ne veut pas se mêler. « Je le soutiens mais quand il vient me voir, ce n’est pas pour parler politique mais tennis. Je ne veux pas l’embêter avec des discussions extra sportives. » Ce qui n’empêche pas l’ancien ministre de faire quelques selfies avec les jeunes qui le croise aux abords de terrains. « C’est un gars accessible, qui n’a pas le melon », poursuit le professeur, qui se souvient qu’un jour, alors qu’il terminait un cours avec un jeune joueur de 12 ans, Macron, arrivé en avance, est entré sur le court… pour faire le ramasseur de balles ! Aujourd’hui âgé de 16 ans, ce jeune a alpagué Kuchna il y a quelques jours. « Il m’a dit : Patrice, tu te souviens quand le futur Président de la République m’a ramassé les balles ? C’est un bon souvenir pour le gamin… Son Jacques Chaban-Delmas à lui… »
