Ce jour où David Nalbandian partait à la pêche…

6 nov. 2012 à 16:01:57

Ce jour où David Nalbandian partait à la pêche…
A quelques jours du Masters 2005 à Shanghai, David Nalbandian est loin, très loin de son plus grand exploit sur le circuit. Il s’apprête à partir pêcher avec des amis au fin fond de la Patagonie… Tout commence comme...

A quelques jours du Masters 2005 à Shanghai, David Nalbandian est loin, très loin de son plus grand exploit sur le circuit. Il s’apprête à partir pêcher avec des amis au fin fond de la Patagonie…

Tout commence comme un bon film à l’américaine. « J’étais à Unquillo (sa ville natale, près de Cordoba, Ndlr), sur le point de partir en voyage avec des amis et mes frères. J’avais rangé ma raquette et j’étais, disons, ‘déconnecté’ du circuit », avoue sans détour David Nalbandian. On est mi-novembre 2005. Dans son esprit, sa saison est terminée, avec une honorable onzième place au classement ATP à la clé. Mais une cascade de blessures et autres forfaits va précipiter son retour au Masters de tennis masculin de Shanghai. Lleyton Hewitt est sur le point d’être papa, Andy Roddick souffre du dos et Marat Safin doit se faire opérer, tandis que Nadal est blessé au pied. « Je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir autant de forfaits pour qu’on m’appelle, j’avais déjà sorti les cannes à pêche… », confesse aujourd’hui le géant blond. Remisées au placard, l’Argentin en ressort ses raquettes et se coltine trois vols pour rallier la mégalopole chinoise en urgence : « J’ai hésité avant de dire oui, ça ne m’amusait pas vraiment de faire ce long trajet pour un remplacement et j’avais déjà programmé mes vacances, mais je me suis motivé et j’ai décidé d’y aller ».  

Raquette contre canne à pêche

Voilà comment le finaliste de Wimbledon 2002 s’est retrouvé aux antipodes en quelques heures, « alors que ça faisait plusieurs jours (qu’il) n’avait pas touché une raquette ». Après un début poussif face à Federer et une défaite en trois sets (« Il fallait d’abord que je me remette du jet-lag »), Nalbandian impose petit à petit sa griffe dans l’indoor de Qi Zhong. Deux victoires face à son compatriote Guillermo Coria et à Ivan Ljubicic, pourtant en très grande forme en cette fin d’année, et le voilà face à Nikolay Davydenko. Il balaie le Russe en deux sets (6-0, 7-5), pour atteindre la finale du Masters, 31 ans après son compatriote Guillermo Vilas. « J’étais tellement heureux, qui aurait pu imaginer que j’arrive jusque-là… », s’émeut le Roi David. Pendant ce temps-là, Federer vient d’écraser Coria en alignant un double 6-0. Autant dire que ce n’est pas vraiment une partie de plaisir qui attend Nalbandian.  

« Le plus beau moment de (sa) carrière »

Ça se confirme dans les premiers échanges puisque le Suisse remporte les deux premiers sets et semble se diriger vers sa vingt-cinquième finale gagnée d’affilée. L’Argentin n’entend pas l’affaire de la même manière. « C’est vrai, il a remporté les deux premiers sets, mais ce furent des sets très disputés, analyse-t-il. Je me sentais bien et j’ai commencé à prendre confiance. Je n’avais pas l’intention de lui offrir le match… ». Au contraire, il sent que le vent tourne en sa faveur : « Je ne sais pas s’il était fatigué, mais j’ai gagné les troisième et quatrième sets avec ampleur ». Et de se remémorer les derniers instants : « J’ai toujours cru à la victoire, mais quand Federer a servi à 6-5 et 30-0 dans le dernier set, j’ai passé un sale quart d’heure ». Il force le tie-break et finit par arracher le point victorieux d’une finale d’anthologie. Le score : 6-7, 6-7, 6-2, 6-1, 7-6. Ouf. « C’est le plus beau moment de ma carrière », lâche le Cordobais à la télévision argentine, venue lui tendre un micro alors qu’il éclate en sanglots. Jugement qu’il confirme aujourd’hui : « Oui, c’est le point culminant de ma vie de tennisman ». Parce qu’il a joué sans pression ? « Non, la pression était bien là, sinon je n’aurais pas été capable de renvoyer une balle… », assure-t-il. Résultat, il signe une victoire contre le meilleur joueur de l’histoire du tennis, avec en prime un chèque de 1,4 millions de dollars et une Mercedes CLK 250. Histoire de s’offrir enfin une belle virée, la canne à pêche dans le coffre. Par Florent Torchut

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