Pour la quatrième année consécutive, les huit meilleurs joueurs de l’année se disputeront le Masters cette semaine à Londres. Quelque chose comme un club très sélect…
…l’ATP change régulièrement le nom de sa petite sauterie annuelle pour réveiller les assoupis : Masters, ATP Tour World Championships, Tennis Masters Cup et ATP World Tour Finals, désormais. Même si tout le monde s’en moque et appelle ça « le » Masters…
…tu peux faire tes courses chez Harrods et que t’as l’embarras du choix pour voir un match de foot pendant ton day-off.
…t’as beau pousser sur les jambes et enclencher avec les épaules, ton service plafonne à 170. Vivement les vacances.
…tu perds un match, voire deux et que tu es encore en course. Même pas mort. Mieux, parfois, tu te qualifies pour les demi-finales.
…pour la première fois de l’année, il fait nuit quand tu te lèves et pareil lorsque tu te couches. A part pour les aurores boréales en Laponie, t’avais jamais vu ça.
…il faut sortir la règle à calcul pour les participants ric-rac : quatre Grands Chelems + neuf Masters 1000 (dont un n’est pas obligatoire –Monte-Carlo) + 3 tournois ATP 500 + deux 250 moins le genou de Nadal, le tout divisé par une éventuelle blessure de dernière minute, auquel on ajoute deux suppléants de luxe, dûment rémunérés égale Djoko, Roger, Andy, Ferrer, Janko, Tsonga, Del Potro, et Berdych. De leurs côtés, Gasquet, Almagro et autres Monaco en ont encore mal à la tête.
…la liste des forfaits grimpe de jour en jour comme celle des cadeaux à Noël.
…Rafa ne gagne jamais à la fin…
…on joue à qui perd gagne plus d’une fois sur deux. Huit fois sur quinze, quand deux joueurs se retrouvent en finale c’est le battu de la première rencontre qui l’emporte pour le titre.
…ta pharmacie affiche complet : anti-inflammatoires, analgésiques, aspirine, pommades, anti-tout…
…ça ressemble aux Oscars mais à la fin, il n’y a qu’une seule statuette. Et surtout, on n’est pas à L.A.
…ta girl-friandise te tanne pour enfin partir en vacances. Et en février, en avril, mi-juillet et à la fin de l’été, c’était quoi ? Un stage commando ?
…il n’y a pas d’Anglais à l’horizon. Ah bon, Murray ? Essayez donc de dire aux Ecossais que c’est la même chose…
…il y a des remplaçants comme dans n’importe quel vulgaire sport collectif.
…ton bronzage cyclo-tennistique de toute l’année s’écaille définitivement.
…un tennisman improbable -argentin, brésilien ou russe- débarque sans crier gare pour empocher le trophée.
…une semaine après les filles et leurs robes d’apparat, les huit maîtres enfilent les costards de leurs stylistes préférés. Le passage de la virgule ou des trois bandes à l’habit de lumière n’est pas toujours une évidence. Argh, le Paul Smith bleu nuit tout fripé de Ferrer…
…ton coude enfle à intervalles réguliers, tes articulations grincent, t’en mets plus une dedans. Du coup, tu balances discrètement le deuxième match. C’est Noël avant l’heure…
…le ratio victoires/défaites des spécialistes de terre (Clerc, Bruguera, Muster, Coria, Costa, Solomon, Gaudio, etc.) comme celui des as du gazon (Cash, Tanner, Ivanisevic, Krajicek…) se révèle désastreux : entre 0 et 40%.
…un Canadien inconnu, au blaze de chanteur québécois, squatte les fauteuils d’orchestre de la cérémonie depuis plus de dix ans. Et il gagne en plus. Quatre fois entre 2003 et l’an dernier. Tout le monde le situe mais personne ne le calcule vraiment ce Daniel Nestor, lauréat du…double avec Mirnyi (2 fois), Zimonjic et Knowles. Des gars beaucoup plus célèbres que lui, faut dire.
…le Moët & Chandon régale les tribunes peuplées de peoples endimanchés lors de soirées de charité pour des « causes ».
…Roger Federer bat tous les records (six, bientôt sept victoires ?). Avant même de commencer, il est déjà sûr d’égaler la marque de Lendl, Becker et Sampras avec 49 rencontres aux Masters. En attendant mieux…
…ça flotte, ça caille, ça pue le graillon des fish and chips, ça sent même le sapin et les sept battus de Londres se barrent comme des ravis de la crèche. C’est la QUUIIIIILLLE….
Par Rico Rizzitelli