« Le jour où j’ai fait tomber Pete Sampras »

30 oct. 2012 à 16:33:11

De Guillaume Raoux, on connaît ses inséparables lunettes et sa victoire en Coupe Davis par BNP Paribas en 1996 comme pilier du double français. Mais sa carrière a décollé par un coup d’éclat magistral lors du BNP...

De Guillaume Raoux, on connaît ses inséparables lunettes et sa victoire en Coupe Davis par BNP Paribas en 1996 comme pilier du double français. Mais sa carrière a décollé par un coup d’éclat magistral lors du BNP Paribas Masters en 1990. Issu des qualifications, Raoux alors âgé de 20 ans s’offre le récent vainqueur de l’US Open (6-3, 3-6, 6-3). Un certain Pete Sampras. Presque 22 ans après, le Français revient sur ce qu’il refuse de qualifier d’exploit.

  Racontez-nous votre parcours avant ce huitième de finale contre Pete Sampras ? Je n’ai aucun souvenir de mes adversaires en qualification. Ensuite, je sais que je joue Filippini et Pérez-Roldan, plutôt un bon tableau sur surface rapide, et je me retrouve en huitième de finale contre Pete Sampras. J’ai tout juste 20 ans, lui 19. Sauf que lui vient de gagner l’US Open. Il n’était peut-être pas très connu par le grand public, mais était déjà cinquième mondial. J’étais dans une période où je jouais très bien. Je suis arrivé avec le plein de confiance sur une surface qui me plaisait et avec cinq victoires derrière moi. J’y suis allé sans me poser de question et pour me faire plaisir. C’était mon premier grand match, sur un grand court et en plus à la maison. Que saviez-vous de Sampras ? Il était plus tendre que le Sampras qu’il allait devenir. Il servait déjà très bien, mais son revers était beaucoup plus friable que par la suite. J’avais décidé d’être très agressif sur son coup faible et faire service-volée sur première et seconde balle. Racontez-nous le match… Je n’ai plus aucune idée du déroulement du match. Je l’ai revu la semaine d’après, mais impossible de trouver des images de la rencontre aujourd’hui. Mes parents ont peut-être une VHS chez eux, il faudrait que je la retrouve pour  numériser le match. Mais pour être honnête, je ne sais même plus si j’ai gagné le premier set. Vous le gagnez 6-3… Ok. Je savais que c’était en trois sets au moins. Je me souviens d’un jeu de retour au troisième set où je tente que des coups gagnants. Je breake Sampras et je tiens derrière mon engagement. Mais je n’ai pas de souvenirs ultra-précis du match, je n’ai aucun souvenir de la balle de match, mais je me souviens surtout de l’émotion au moment de la victoire. J’avais 20 ans à l’époque et cette victoire a lancé ma carrière. Avez-vous le sentiment d’avoir réalisé un exploit à ce moment-là ? On ne peut pas classer cette victoire dans la catégorie des exploits du sport français. Battre un joueur, un jour sur un match, ça fait partie de notre métier. Oui, sur un match j’ai battu Sampras. Je suis très content, mais ce n’est pas un exploit. J’ai aussi battu Chang – alors 2e mondial – à l’Open d’Australie, gagné un tournoi à Brisbane et remporté la Coupe Davis par BNP Paribas. Dans ma conception du tennis, gagner en quart de finale d’un tournoi, ça ne peut pas être un exploit. J’ai joué quinze ans au tennis, heureusement que j’ai bien maîtrisé quelques matchs (rires). Bon, j’ai connu aussi pas mal de matchs moins bien maîtrisés. Qu’est-ce que cette victoire a changé dans votre carrière ? Je suis passé du parfait anonyme à quelqu’un qu’on commence à reconnaître. Le lendemain, je me souviens être allé acheter L’Equipe chez moi à Boulogne-Billancourt pour me faire plaisir. Tout le monde m’a reconnu et félicité. J’ai pris conscience de la portée de ce résultat. Je n’ai pas gagné , j’avais juste battu le 5e mondial, mais ce petit truc a changé mon statut. Dans les moments de doute, je me suis raccroché à ce match en me disant que je pouvais battre un Top 10. Je me disais que si je l’avais fait une fois, je pouvais le refaire. Auriez-vous imaginé que Sampras puisse gagner douze autres tournois du Grand-Chelem par la suite? C’est difficile de dire ce que va devenir un joueur. Chang gagne Roland-Garros à 17 ans, mais n’a jamais connu une autre victoire en Grand-Chelem derrière. On disait de Sampras qu’il pouvait devenir très fort, mais il y a tellement de facteurs qui entrent en compte. A 19 ans, on n’avait aucune certitude. Il avait déjà son service et son coup de fusil en coup droit, mais de là à prédire une telle carrière. Vous avez eu l’occasion de le recroiser sur un court? Je l’ai rejoué deux fois pour deux matchs très serrés. J’ai le souvenir de l’avoir accroché à Tokyo où je gagne le deuxième set au tie-break. Je ne sais pas pourquoi, mais j’arrivais bien à lire son service contrairement à d’autres joueurs. Vous avez pris vos distances avec le tennis, que devenez-vous aujourd’hui ? Je travaille pour le groupe Vivalto à Paris dans le secteur des maisons de retraite. Mais je garde toujours un pied dans le tennis, même si j’ai une activité assez prenante. Je suis le capitaine de l’équipe du Tennis Club de Boulogne-Billancourt en première division et je commente la quinzaine de Roland-Garros pour le signal international. Propos recueillis par Alexandre Pedro  

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