Au milieu des années 2000, le tennis français a organisé son propre Masters, le temps de deux éditions. Une initiative qui n’a pas été retentée depuis. Voilà pourquoi il le faudrait.
Pour redonner un vrai tournoi à Toulouse
Dans l’histoire, la ville rose semble bien être le dindon de la farce. Car le Masters français était destiné à se dérouler chaque année au milieu des briques. Ce qui s’est passé lors des deux premières éditions, en 2008 et 2009. Sauf que si le contrat prévoyait une durée minimum de trois ans, le troisième volet n’a jamais eu lieu. Or, Toulouse souffre terriblement de ce manque. Depuis la disparition de son ATP en 2001 – remplacé par feu le tournoi de Moselle –, la quatrième ville de France ne dispose en effet plus que d’un tournoi Future. « Les amateurs de tennis appréciaient l'ambiance du tournoi ATP de Toulouse, avant que celui-ci ne disparaisse en 2001 suite au drame de l'usine AZF, disait d’ailleurs à l’époque Jean Gachassin, le président de la ligue Midi-Pyrénées. Le Palais des Sports a été reconstruit il y a deux ans. Il est facile d'accès, il est fonctionnel, il est neuf. On a tout pour réussir. » Ne restait plus qu’à redessiner le court sans couloirs, le même que lors du grand Masters entre 1986 et 2002 (New-York, Francfort, Hanovre, Lisbonne…).
Pour que des joueurs improbables se fassent connaitre du public
Oui, le Masters français était censé regrouper les meilleurs joueurs de l’Hexagone, à savoir les sept Tricolores ayant obtenu le plus de points ATP dans les tournois nationaux (Marseille, Metz, Lyon et les Masters de Paris). Que des têtes connues pour les spectateurs, donc ? Et non. Parce que le huitième participant gagnait sa place grâce à une wild-card. Du coup, le choix était libre pour les organisateurs. Avec ce système, peut-être que Stéphane Robert aurait été découvert et applaudi par la France bien avant ses trente ans. Peut-être que le public non averti connaitrait la tronche de Jonathan Eysseric, ancien numéro un mondial chez les juniors qui avait bien fait galérer Andy Murray à Roland-Garros 2008.
De plus, comme lors de tous les Masters, les blessures sont régulières. C’est ainsi qu’en 2008, Josselin Ouanna et Adrien Mannarino ont profité des forfaits de Richard Gasquet, Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga et Fabrice Santoro pour s’inviter à la fête à respectivement 22 et vingt ans. En 2009, ce fut au tour de Laurent Recouderc, 138ème mondial, David Guez, 146ème mondial, et Thierry Ascione, 152ème mondial, de se montrer dans une épreuve où Gilles Simon, Tsonga, Monfils et Gasquet ne pouvaient répondre présents. Pour leur plus grand plaisir.
Pour qu’un Masters soit remporté par un Français
Certes, un Masters français ne remplace par le vrai Masters, appelé aussi l’ATP World Tour Finals, mais au moins, il permet d’oublier un moment le manque de réussite des Tricolores dans cette dernière épreuve. Faut-il rappeler qu’aucun joueur français n’a jamais réussi à soulever cette coupe ? Et que depuis la création de la compétition en 1970, seuls Sébastien Grosjean (2001) et Tsonga (2011) ont atteint la dernière marche, sans cependant pouvoir emprunter le costume du gagnant ? Simon, vainqueur du premier Masters français face à un Michaël Llodra abandonnant sur blessure, peut au moins se vanter d’avoir cette ligne sur son palmarès. Julien Benneteau, lauréat du même titre un an plus tard au détriment d’Arnaud Clément, également.
Pour joindre l’utile à l’agréable
Période de fêtes, pré-saison, le tout à la maison… Quoi de mieux qu’un petit tournoi local entre compatriotes pour se préparer tranquillement ? « C’est vraiment l’idéal avant d’entamer la tournée australienne, estimait alors Marc Gicquel, ex-37e mondial qui n’a pas passé les poules en 2008. C’est mieux de faire un tournoi que d’enchaîner les sets d’entraînement à Paris. À cette période de l’année, on a besoin de ‘matcher’ pour trouver le rythme. » Bien plus intensif qu’un entraînement, beaucoup moins de pression que pour un autre ATP, le Masters français pourrait faire du bien à tout le monde. Et Yannick Noah en profiterait pour terminer le programme par un petit concert dont il a le secret.
Pour concurrencer les JO
Le point commun entre les Jeux Olympiques et le Masters national ? Aucun ne donne de points ATP. Or, quand on voit les matchs proposés aux JO, impossible de dire que c’est un inconvénient. Si les joueurs défendent les couleurs de leur pays, les Français sueraient à l’occasion pour leur région. Et même Benoit Paire serait motivé. D’une, parce que la concurrence serait logiquement moins relevée. De deux, parce qu’en 2007 et 2008, le vainqueur remportait 80 000 euros. Soit 30 000 de plus que le prize money réservé au médaillé d’or intercontinental.