Les bizuts vainqueurs de l’ATP World Tour Finals

17 nov. 2016 à 11:37:57

Pour leur première apparition à l’ATP World Tour Finals, Monfils et Thiem vont tenter de faire bonne figure. Jusqu’à gagner ? D’autres avant eux ont montré que remporter les Masters lors d’une première participation au tournoi n’était pas

Pour leur première apparition à l’ATP World Tour Finals, Gaël Monfils et Dominic Thiem ont tenté bon an, mal an, de faire bonne figure, mais ne rejoindront pas ceux qui ont montré que gagner les Masters lors d’une première participation au tournoi n’était pas impossible.

 

Àlex Corretja (1998, Allemagne) 


Avant Rafael Nadal, il y eut Corretja. Un Espagnol qui surkiffait la terre battue mais qui vendait chèrement sa peau sur toutes les surfaces. Un mort de faim qui n’abandonnait jamais et possédait un mental à toutes épreuves. Son tournoi remporté sur dur à Hanovre en 1998 représente bien cet état d’esprit. Alors sixième mondial, le Barcelonais fait preuve d’une abnégation assez stupéfiante, mêlée à une franche réussite. Mené un set à zéro par Andre Agassi dans son premier match, il profite finalement de la méforme physique de ce dernier pour s’imposer, par forfait. Un signe, déjà. Sa deuxième partie se solde par un échec difficile à digérer face à Tim Henman, derrière lui au classement ATP. Son succès deux manches à rien face à Albert Costa, remplaçant de Marcelo Ríos, lui permet de continuer l’aventure, alors même que Greg Rusedski, remplaçant d’Agassi, n’a pas perdu un seul set en deux rencontres ! Pas sûr que l’histoire eut été la même si Rudeski avait débuté d’entrée… Toujours est-il que Corretja ne compte pas gâcher cette succession d’événements favorables. Malmené par le grand et incontesté numéro un Pete Sampras en demies, le Catalan renverse la vapeur après avoir concédé trois balles de match et s’offre la finale grâce à un tie-break bien maitrisé dans le set décisif. La finale sera du même acabit contre Carlos Moya. Le score : 3-6, 3-6, 7-5, 6-3, 7-5. Le Catalan reviendra une seule fois disputer l’ATP World Tour Finals, en 2000, avec une fin moins heureuse (dernier de sa poule). N’empêche qu’Àlex Corretja restera le premier joueur à s’emparer de ce titre sans avoir jamais triomphé en Grand Chelem.

 

 

John McEnroe (1978, États-Unis) 


McEnroe et l’ATP World Tour Finals, c’est une petite histoire d’amour. Triple gagnant de la compétition en simple (1978, 1983 et 1984) et sept fois vainqueurs d’affilée en double (entre 1978 à 1984 avec Peter Fleming), la relation entre les deux ne pouvait que bien commencer. Alors que Björn Borg, Vitas Gerulaitis ou encore Guillermo Vilas ne sont pas de la partie, le petit bonhomme de vingt piges va écraser la concurrence dans ce tournoi disputé en janvier de l’année suivante (janvier 79 pour l’édition de 78). Aucun set ne lui échappe jusqu’à la finale et il ne lâche que 19 minuscules jeux en quatre rencontres. Seule la dernière marche est un peu plus coriace, face au surprenant Arthur Ashe qui remporte la première des trois manches (à l’époque, on joue la finale en trois sets gagnants). Mais le gros moment de son parcours reste son duel avec Jimmy Connors en phases de groupe, qui entamera réellement la rivalité entre les deux hommes. L’aîné se moque publiquement de son cadet avant la partie : « Il est très jeune. Il sera un bon entraînement pour moi. » Manque de bol, Connors se blesse et doit abandonner à 7-5, 3-0 en sa défaveur. McEnroe se permet alors de célébrer ce forfait en levant les bras au ciel, comme s’il avait triomphé de manière classique. Un beau pied de nez avant de choper le cinquième de ses 77 titres officiels.

 

 

Guillermo Vilas (1974, Australie) 


De l’avis de tous, 1974 est l’année de la révélation pour Vilas : sept tournois récoltés à seulement 22 ans, dont l’ATP World Tour Finals de fin d’année. Pour le Masters, 1974 est aussi une année particulière. Une année de premières. C’est en effet la première fois que le tournoi se déroule sur une autre surface que la moquette, à savoir sur le gazon de Melbourne. C’est également la première et unique fois qu’une édition rassemble huit tennismans de nationalité différente. Suédoise, australienne, mexicaine, espagnole… Vilas, lui, défend les couleurs argentines. Dans ce contexte, le Sud-Américain, cinquième mondial, n’est absolument pas favori. Les joueurs attendus à la victoire finale se nomment John Newcombe, Björn Borg ou Ilie N?stase, vainqueur des trois éditions précédentes. C’est d’ailleurs contre N?stase que Guillermo finira sa belle aventure. Premier de sa poule devant Newcombe et Borg après une grosse bataille contre Onny Parun (11-9 au dernier set), celui qui deviendra le premier Argentin à attraper un tournoi du Grand Chelem ne connait pas de grandes difficultés en demies-finale, jouées en trois sets gagnants. Contre N?stase, c’est en revanche plus compliqué. Vilas débute bien en empochant les deux premières manches, puis fatigue en laissant les deux suivantes. Avant de donner un nouveau et dernier coup d’accélérateur dans la dernière par la force d’un spectaculaire jeu au filet (7-6, 6-2, 3-6, 3-6, 6-4). Vilas se lève, N?stase tombe.

 

 

Ilie N?stase (1971, France) & Stan Smith (1970, Japon) 


Forcément, il est plus facile de gagner un tournoi pour la première fois qu’on y participe quand la compétition vient tout juste d’être créée. C’est de cette manière que N?stase et Smith ont tous deux inscrit leur noms dans l’histoire de l’ATP World Tour Finals. Ainsi, les trophées des deux opportunistes n’étaient pas vraiment surprenants : le Roumain est le premier numéro 1 mondial dans l’histoire du classement ATP en 1973 et l’Américain est l'un des cinq meilleurs joueurs du monde de la première moitié des années 1970. C’est dire leur niveau à cette époque, qui explique que leurs victoires n’ont pas étonné qui que ce soit. Lors de la première édition, Smith avait également remporté l’épreuve en double avec Arthur Ashe. En 71 et 72, N?stase le prive de titres. N?stase possède d’ailleurs - avec quatre titres et 23 victoires en 26 matchs- le meilleur pourcentage de succès dans la compétition (88,5 %). À jamais les premiers.


 

Par Florian Cadu

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