Top 4 : du premier coup !

3 nov. 2016 à 00:00:00

En remportant à Chengdu son premier titre ATP dès sa 12e apparition sur le circuit principal, le Russe Karen Khachanov a réalisé un joli coup en termes de précocité. Ce n’est pas pour autant un record loin de là.

En remportant à Chengdu, il y a quelques semaines, son premier titre ATP dès sa 12e apparition sur le circuit principal, le Russe Karen Khachanov a réalisé un joli coup en termes de précocité. Ce n’est pas pour autant un record – loin de là, même : quatre joueurs ont réussi le tour de force de repartir avec la coupe dès leur première qualification dans un tableau final ! Ce qui ne présage pas forcément d’une carrière glorieuse ensuite...

 

Yahiya Doumbia (Lyon 1988)

Le premier à taper dans le mille à sa première tentative, et celui dont le succès s’avère le plus impressionnant quant au pedigree des adversaires battus. Issu d’un pays, le Sénégal, où les perspectives de professionnalisme sont minces malgré une famille très impliquée dans le tennis (son père est directeur de la fédération sénégalaise), Yahiya Doumbia fait sa formation en France, à Roland-Garros, avant d’opter pour un cursus universitaire aux Etats-Unis. Jouant bientôt plus en Coupe Davis par BNP Paribas que sur le circuit pro, il a déjà 24 ans quand il s’aligne en qualifications au Grand Prix de tennis de Lyon en 1988. Il parvient à en sortir pour décrocher un premier tour prestigieux contre Andrei Chesnokov, 25e mondial et déjà deux fois quart de finaliste en Grand Chelem (Roland-Garros 1986 et Open d’Australie 1988). Fin de l’aventure ? Début du conte de fées, narré précédemment dans nos pages.

 

Jose Francisco Altur (Saint-Marin 1989)

L’exploit de Yahiya Doumbia est encore frais dans les mémoires quand Jose Francisco Altur l’imite un an et demi plus tard à Saint-Marin. A 21 ans, ce gaucher espagnol dispute sa première saison pleine sur le circuit international et il n’a pas encore eu le loisir de remporter le moindre tournoi satellite, ni même joué de finale. Mais il apprend vite : il gagne son premier match dès son premier Challenger, dispute sa première demie à son huitième tournoi, et sort des qualifications dès sa première tentative sur le circuit principal, en septembre à Saint-Marin. Il est déjà aux portes du Top 200 (204e) et tire parfaitement parti d’un tableau ne lui réservant aucun Top 100 en chemin. Son adversaire le mieux classé ? L’Américain Lawson Duncan, 109e, écarté en demies (6/4 2/6 6/2). Altur gagne même ses trois derniers matchs en trois sets, dont la finale contre l’Argentin Roberto Azar, 159e, en surmontant la perte du premier (6/7 6/4 6/1). La suite de sa carrière ne tiendra pas toutes ces promesses originelles et le joueur fait l’ascenseur entre circuit principal et Challengers : brièvement Top 100 (88e début 1990), il joue encore une demi-finale à Munich en 1993 (dans un contexte autrement plus relevé puisqu’il bat Petr Korda et Arnaud Boetsch) mais bloque en Grand Chelem, où ses 11 participations à des tableaux finaux sont sanctionnées d’autant de défaites au premier tour. Il a ensuite connu un certain succès en tant qu’entraîneur, principalement au côté du Russe Igor Andreev et, plus furtivement, de David Ferrer.

 

Nicolas Lapentti (Bogota 1995)

Le seul du quatuor pour qui le titre précoce a représenté une rampe de lancement vers une carrière de tout premier plan. Nicolas Lapentti vient juste de fêter ses 19 ans quand, en septembre 1995, il s’extirpe des qualifications à Bogota. Le tournoi colombien n’est pas le plus relevé du circuit mais Lapentti, 258e à l’ATP, joue en « perf » à quasiment chaque tour, particulièrement en quarts de finale face au prometteur Chilien Marcelo Rios, 38e et battu 6/3 6/4. Le seul match qu’il dispute dans la peau du favori est en fait la finale, face à la wild-card locale Miguel Tobon, 281e, dans un duel de mal classés rarissime à ce niveau de la compétition. Signe de la qualité du jeune Lapentti, ni le passage d’outsider à favori, ni la pression de l’enjeu, ni le chaud soutien du public colombien envers « son » joueur n’ont de prise sur lui, et il ouvre son palmarès en trois sets (2/6 6/1 6/4). Le début d’un bail de quinze ans au plus haut niveau pour Lapentti, marqué par quatre autres titres ATP (Indianapolis 1999, Lyon 1999, Kitzbühel 2001, Sankt Pölten 2002), une demi-finale à l’Open d’Australie (1999), un quart à Wimbledon (2002), quatre demi-finales en Masters 1000 et une qualification pour le Masters de fin d’année en 1999 (6e mondial en fin d’exercice). Sans oublier un statut de recordman de capes en Coupe Davis par BNP Paribas pour l’Equateur, devant même Andrés Gomez. Parmi ses 95 matchs joués, un record tous pays confondus, celui du nombre de matchs gagnés en cinq sets : 13. Le tiebreak au cinquième set en Coupe Davis ? Très peu pour lui.

 

Santiago Ventura (Casablanca 2004)

Début 2004, Santiago Ventura est un joueur de Futures parmi d’autres et, trois ans après son passage chez les pros, rien n’indique que son statut doive changer de sitôt… et surtout pas son premier tournoi de l’année, une défaite au premier tour à Deauville face au Français Jordane Doble, 1345e mondial ! L’Espagnol est encore 316e lorsque, au printemps, il parvient à sortir des qualifications sur la terre battue de Casablanca. Et là… magie d’un parcours dépourvu de purs spécialistes de la surface – ce qu’il est, lui, indéniablement : il ne perd pas un set contre Razvan Sabau, 155e, Nicolas Mahut, 111e et Ivo Heuberger, 141e, avant une demie décousue contre Christophe Rochus, 133e (6/1 1/6 6/2). Reste la finale, face au collectionneur d’ATP250 du moment, Dominik Hrbaty, 32e mondial et déjà trois fois titré en 2004 (Adélaïde, Auckland, Marseille). Il n’y aura pas de quatrième : Ventura l’emporte à la surprise générale, 6/3 1/6 6/4. L’homme de Castillon de la Plana (comme Roberto Bautista Agut aujourd’hui) n’a jamais regoûté à pareil honneur par la suite, mais il s’est imposé comme un bon joueur de Challengers et a tout de même atteint deux autres demi-finales sur le circuit principal – toujours sur terre, évidemment. Surtout, il s’est avéré être un joueur de double plus qu’honnête, remportant 5 titres entre 2005 et 2010. Dont Casablanca, décidément son tournoi fétiche, en 2008.

 

Par Guillaume Willecoq

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