Top 6 : Eux aussi ont dû consulter un psy

26 oct. 2016 à 00:00:00

Nick Kyrgios sommé par l’ATP de consulter ? L’Australien peut relativiser la sentence : pour certains de ses prédécesseurs, les troubles psychologiques ont été plus lourds à traiter que ses sautes d’humeur passagères…

Nick Kyrgios sommé par l’ATP de consulter ? L’Australien peut relativiser la sentence : pour certains de ses prédécesseurs, les troubles psychologiques ont été plus lourds à traiter que ses sautes d’humeur passagères…

 

Harold Blauer

L’histoire est à peine croyable. À la fin de l’année 1952, le jeune retraité tennisman Harold Blauer, en proie depuis son divorce à un gros coup de mou, se décide à consulter à l’institut psychiatrique de l’état de New York. L’ex-joueur, qui a écumé le circuit national américain dans les années 30, se voit proposer un nouveau programme de traitement de la dépression en injection par intraveineuse d’un produit révolutionnaire. Il hésite mais face aux menaces d’un internement en hôpital psychiatrique, finit par accepter. Mal lui en prend : le 8 janvier 1953, il est déclaré mort par overdose médicamenteuse à l’issue de la cinquième injection – massive – de la substance en question, qui se trouve être un dérivé de mescaline, une drogue puissance expérimentée à l’occasion du MK Ultra, le programme d’étude du comportement top secret de la CIA. L’affaire ne sera révélée que deux décennies plus tard. Blauer, une àvictime bien malgré lui du contexte de Guerre froide et des balbutiements de la guerre chimique.

 

Cliff Richey

« Je pensais que mes troubles étaient la conséquence du décalage horaire… » Durant toute sa brillante carrière de joueur, Cliff Richey sentait bien que quelque chose clochait mais il a longtemps cru que ses problèmes psychologiques avaient seulement pour cause des éléments extérieurs : le jet lag, les voyages multiples, le stress des tournois… Erreur : le champion de tennis texan, qui se hissera jusqu’au sixième rang mondial et atteindra les demi-finales ou quarts de finale des quatre tournois majeurs, a en fait souffert de dépression depuis ses débuts sur le circuit en 1964 et jusqu’à la fin en 1979. Imprévisible sur un court, capable de coups géniaux mais aussi de régulières sautes d’humeur, il n’était pas surnommé « The Bull » pour rien. Plus de dix ans après sa retraite sportive, son état dépressif atteint un pic qui le contraint à rester six mois au lit sans contact avec le monde extérieur. Jusqu’à une guérison qui passe notamment par l’écriture d’une autobiographie, justement nommée Acing depression.

 

Howard Schoenfield

Dans les catégories de jeunes, au mitan des années 70, Howard Schoenfield est le meilleur. En 1975, il remporte l’US Open junior et décroche la place de numéro 1 mondial dans sa catégorie d’âge, devant un certain John McEnroe. Mais déjà à l’époque, son comportement suscite l’inquiétude. Solitaire, réservé, à la limite du mutisme depuis son plus jeune âge, Shoenfield avait découvert le tennis pour tenter d’extérioriser ses démons. Ils le rattrapent néanmoins quand, alors qu’il est âgé de 13 ans, sa mère se suicide. Le jeune joueur se renferme toujours plus et fume joint sur joint pour calmer sa paranoïa naissante. Pas vraiment le meilleur des remèdes… Il parvient néanmoins à intégrer le circuit pro mais n’y connaît pas du tout la même réussite que chez les jeunes. Son état empire, l’obligeant à des séjours réguliers en HP, jusqu’à une retraite anticipée dès 1981, à l’âge de 23 ans.

 

Monica Seles

Foutue année 1993 pour Monica Seles. En début de saison, elle conquiert pourtant à Melbourne son huitième tournoi du Grand Chelem à seulement 19 ans mais elle va vivre le grand drame de sa vie le 30 avril à l’open de Hambourg. À l’occasion d’un changement de côté, un déséquilibré nommé Günter Parche la poignarde dans le dos.

 

 

Si la blessure physique s’avère finalement assez superficielle, les dégâts psychologiques sont en revanche assez lourds. Alors qu’elle vient d’acquérir la nationalité américaine, elle passe des mois retranchée dans sa résidence en Floride, en proie à des troubles alimentaires compulsifs qui la feront atteindre les 80 kg. Boulimique, elle consulte, guérit et réussit son retour à la compétition en 1995, remportant un dernier tournoi du Grand Chelem en Australie l’année suivante. La boucle est bouclée.

 

Mardy Fish

Jusqu’à l’US Open 2012, tout semblait aller bien pour Mardy Fish. Il semblait parfaitement assumer de succéder à Andy Roddick en tant que numéro 1 américain sur le circuit et réussissait régulièrement quelques belles performances, avec à son actif notamment plusieurs quarts de finale en Grand Chelem. Qualifié pour les 8e de finale de cet US Open 2012, il déclare forfait à quelques heures de son match face à Federer. La raison ? Arythmie cardiaque. En d’autres termes, le pauvre Mardy Fish était bouffé par le stress. Pas une première malheureusement : ses crises d’angoisse prennent des proportions telles qu’il est déclaré en burn out par les psychiatres qui gèrent son cas. À la suite de cet abandon, il ne reprendra que ponctuellement la compétition, jusqu’à des adieux aussi émouvants que symboliques à Flushing Meadows lors de l’édition 2015, où il s’incline valeureusement au second tour face à Feliciano Lopez.

 

Rebecca Marino

« Les médias sociaux ont eu un gros effet sur moi. » Conférence de presse surprise de Rebecca Marino au cours de la saison 2013. À 22 ans seulement, la jeune espoir du tennis canadien annonce une pause à durée indéterminée de sa carrière sportive. Elle explique souffrir mentalement depuis longtemps du stress lié à la compétition de haut niveau, une souffrance décuplée par la cyber-intimidation dont elle se dit victime. Des pseudo-fans qui la harcèlent, lui reprochent ses performances, surtout lorsqu’ils ne correspondent pas au score qu’ils avaient parié… Après avoir consulté, Rebecca Marino, ex-38e joueuse mondiale, décide de se retirer du circuit. Une pause qui s’est transformée en stop puisqu’elle a récemment déclaré être beaucoup plus heureuse et épanouie depuis qu’elle a remisé les raquettes.

 

Par Régis Delanoë

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