Le calendrier de la saison de tennis est long comme le bras, tout comme la liste des pays que visitent les joueurs et les joueuses. Et pendant un tournoi, solution numéro 1 pour se loger : l'hôtel. Un lieu qui, à l’image de la récente mésaventure d’Andy Murray avec une femme de chambre, a apporté au monde du tennis son lot d'aventures et d'anecdotes.
Le triomphe de Suzanne Lenglen
Qui peut battre Suzanne Lenglen ? Au milieu des années 20, la réponse est : personne. Impériale, dominatrice et invaincue depuis 1919, le Française entend toutefois parler d'une tornade venue d'Amérique, nommée Helen Wills, et qui serait elle aussi considérée comme imbattable chez elle. C'est l'Américaine qui offre au monde l'occasion de les voir s'affronter, en traversant l'Atlantique pour participer au tournoi de l'hôtel Carlton de Cannes. Wills et « la Divine » se retrouvent en finale, pour l'un des matchs les plus illustres de tous les temps. Le Carlton est envahi par les spectateurs et les journalistes, et ce petit monde observe la Française triompher en deux sets. Une partie légendaire qui a contribué à forger la légende des deux joueuses, encore considérées aujourd'hui comme des icônes intouchables.
La cuite de Roy Emerson
En 1964, Roy Emerson est au sommet de son art. Vainqueur de plusieurs tournois cette saison-là, l'Australien marche presque sur l'eau. Du coup, il préfère ne pas trop en boire, et s'offre une beuverie de temps à autres, parfois même en pleine compétition. Lors du tournoi de Toronto de 1964, Emerson s'autorise ainsi une petite virée et rentre complètement ivre à son hôtel au beau milieu de la nuit. Après avoir titubé dans son couloir, il s'effondre en réveillant l'occupant d'une chambre, qui sort immédiatement voir ce qu'il se passe. Le curieux n'est autre que l'Égyptien Ismail El Shafei, adversaire d'Emerson le lendemain, qui s'est sagement couché de bonne heure. En voyant Emerson dans cet état, il se met à espérer, mais quelques heures plus tard, le fêtard australien lui flanque une rouste sur le court comme si de rien n'était.
La montre de Nadal
À l’image de ses tics sur le court, Nadal change rarement ses habitudes. Quand il vient à Paris pour Roland Garros, l'Espagnol descend donc toujours au Melia Royal Alma, un point c'est tout. Après sa victoire en 2012, Rafa est tout de même sorti de son hôtel pour aller diner en ville avec des amis, et fêter son septième titre à Roland. Le barman de l'hôtel en a alors profité pour pénétrer dans sa chambre, et lui voler une montre Richard Mille à 300 000 euros. Mais le voleur est vite attrapé, et explique lors de son procès qu'il trouvait Nadal antipathique, l'accusant de ne jamais dire bonjour. Il ajoute aussi : « Je voulais la conserver car cela m'aurait porté chance d'avoir la montre de Nadal, tout simplement. » Un argument qui n'a pas suffi à séduire le juge, le barman-voleur est condamné à 6 mois de prison ferme.
Le festin de Serena Williams
En mai dernier, Serena Williams disputait le tournoi de Rome, étape phare de la saison de terre battue et de la préparation pour Roland Garros. Et elle n'avait pas fait le voyage seule, puisque son chien l'accompagnait dans l'aventure. Un petit yorkshire nommé Christopher, dont elle poste régulièrement des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux, et qu'elle semble aimer éperdument. Dans son hôtel romain, l'Américaine s'étonne de voir à la carte un menu pour chien, avec entrée, plat et dessert, et des mets tels que de la soupe, du riz et du saumon. Elle commande donc un repas pour sa bête, et ne peut s'empêcher de le gouter elle-même. « Ça paraissait parfait. C'était même plus alléchant que mon propre plat , explique t-elle dans une vidéo Snapchat filmée dans sa chambre d'hôte. La suite ? Elle a dû courir aux toilettes deux heures après et aurait même failli s'évanouir.
Le stage de Bacsinszky
Avant d'être membre du Top 10 mondial, la Suissesse Timea Bacsinszky a failli tout plaquer en 2013. Dans une période difficile, elle s'inscrit à l'école hôtelière de Genève, et effectue un stage dans un hôtel de luxe d'une station de ski en Suisse. Elle y fait du service, du bar, de la cuisine, et pense avoir définitivement tiré un trait sur le tennis pour se consacrer à sa nouvelle vie dans les hôtels. Mais Roland Garros arrive, et un courrier l'informe que même si elle n'a pas joué depuis longtemps, elle peut y participer. Bacsinszky monte à Paris, perd au premier tour des qualifications mais prend conscience qu'elle a encore envie de jouer, et relance sa carrière dans la foulée.
Bonus
Comme souvent avec les sports, ce sont les Anglais qui ont le plus participé à institutionnaliser et à populariser le tennis. C'est surtout dans la deuxième moitié du XIXème siècle que ce sport s'est diffusé un peu partout en Europe occidentale, et il le doit en grande partie aux hôtels. En effet, afin de satisfaire la demande des riches vacanciers anglais qui voulaient jouer au tennis, plusieurs hôtels de la côte d'Azur se munissent de courts, parfois forcés par les meilleurs joueurs de l'époque. C'est par exemple le cas pour Willis et Ernest Renshaw, deux jumeaux anglais ayant remporté huit fois Wimbledon à eux deux dans les années 1880, et qui poussent les dirigeants de l'hôtel cannois Le Beau Site à construire des courts. Les hôtels de Nice et de Monaco suivront, organisant également des tournois qui deviennent rapidement réputés.