Depuis toujours, la question des pauses accordées aux joueurs pour qu'ils répondent à un besoin naturel fait débat. Si certains sont sincères, d'autres en profitent pour sa ressaisir mentalement et faire basculer un match en leur faveur. Florilège de ces pauses pipi qui ont marqué l'histoire.
10. Patrick McEnroe / Thomas Högstedt, Australian Open, 1991
Dans la famille McEnroe, on a plutôt tendance à se souvenir de John le tempétueux. Mais ce dernier avait un frère, Patrick, qui se définissait lui-même comme plus calme et plus posé que son aîné. Bon joueur de double – il remporte Roland-Garros en 1989 avec Jim Grabb – il n'a jamais su s'imposer dans le top 20 mondial en simple. En 1991, au premier tour de l'Open d'Australie, Patrick affronte le suédois Thomas Högstedt. Après avoir perdu les deux premiers sets (4-6 4-6), McEnroe demande à un ramasseur de balles de le guider aux toilettes. Högstedt patiente cinq bonnes minutes et Patrick revient enfin. Problème, le Suédois est complètement sorti de son match et laisse filer les trois sets suivants assez facilement (6-3 6-1 6-3). À la fin de la rencontre, Thomas fulmine « bien sûr que ça a joué ! J'avais le match en main et après cette longue pause, je perds tout ! »
9. Rafael Nadal / Mikhail Kukushkin, Wimbledon, 2014
Même les plus grands champions ont parfois besoin de se soulager. Lors du tournoi de Wimbledon édition 2014, les pauses pipi ont été plus nombreuses que d'habitude. L'une d'entre elles a fait couler pas mal d'encre. Alors qu'il vient de perdre le premier set de son troisième tour face à Mikhail Kukushkin, Rafael Nadal demande à l'arbitre s’il peut aller aux WC. Accordé. La suite ? Rafa remporte les trois sets suivants sur un score identique et sans appel, 6-1. « Je devais aller aux toilettes, c'est tout. J'ai pris un t-shirt et un bandana parce que j'avais besoin de me changer là-bas, c'est tout. Je ne voulais pas faire une pause autre qu'une pause toilettes », se défendait le champion espagnol immédiatement après la rencontre. Mikhail Kukushkin, lui, a préféré ne pas répondre aux questions posées à ce sujet. Un exemple qui confirme encore la théorie du « un pipi pour une victoire ».
8. Roger Federer / Nikolay Davydenko, Australien Open, 2010
En 2010, Nikolay Davydenko avait fait sensation à Melbourne en accrochant un quart de finale face au grand Roger Federer, qui visait en entrant sur le court une 23ème demi-finale de suite dans un tournoi majeur. Après avoir perdu le premier set et s'être fait breaker d'entrée de jeu dans le second, le Suisse a demandé une pause pipi pour se reprendre. À son retour, le champion a renversé la vapeur et s'est adjugé assez finalement les trois sets suivants (2-6 6-3 6-0 7-5). Après la rencontre, c'est le Suisse lui-même qui a avoué s'être servi de sa pause pour attendre que le soleil arrête de le gêner... « Le soleil m'éblouissait pendant le premier set. Je voulais attendre qu'il descende. Je n'utilise jamais mes pauses toilettes donc je me suis dit que ce serait une bonne idée de le faire pour attendre que le soleil bouge de quelques centimètres », expliquait-il, apparemment content de son coup.
7. Andy Murray / Kevin Anderson, US Open, 2015
Si certains joueurs arrivent à garder leur calme quand leurs adversaires s'en vont à l'urinoir, ce n'est pas le cas d'Andy Murray. Au quatrième tour de l'US Open 2015, le Britannique était opposé au sud-Africain Kevin Anderson. Après un premier set perdu au tie-break, Andy a littéralement pété un boulon en voyant son adversaire partir aux toilettes au début du second set. Il s'est alors mis à crier sur le court : « Fuck ! Fuck ! ». Après que les arbitres lui ont demandé de se calmer, Murray leur a alors hurlé dessus : « Allez-y ! Foutez-moi une suspension ! » Complètement sorti de son match, le champion l’a laissé filer (7-6 6-3 6-7 7-6). Après la rencontre, Anderson a préféré ne rien dire d'autre que : « Andy est un vrai guerrier et un super joueur. » Il était effectivement préférable de ne pas en rajouter.
6. Pedro Sousa / Victor H?nescu, qualifications ATP 250, 2015
On peut être un joueur de tennis et adorer le football. Le problème, c'est quand un match tombe en même temps qu'un autre. Grand fan de Benfica, le Portugais Pedro Sousa affirme ne jamais louper un match de son équipe. C'est peu dire qu'il est prêt à tout pour supporter les siens. L'année passée, alors qu'il jouait un match de qualifications face à Victor H?nescu, Pedro Sousa a demandé une pause pipi à l'arbitre. Est-il allé effectivement uriner ? Pas du tout. Il a profité de l'indulgence de l'arbitre pour aller voir le score de Benfica/Porto. « J'ai été soulagé de voir qu'il y avait 0-0 », déclarait-il à la fin de la rencontre. Au final, Sousa a gagné son match et les joueurs de Benfica sont devenus champions du Portugal. Tout est bien qui finit bien. Sauf pour H?nescu, évidemment.
5. Anna Kournikova / Jana Novotna, Roland-Garros, 1998
En 1998, Anna Kournikova n'a que 16 ans et apprend à appréhender les difficiles lois du monde du tennis. Face à Jana Novotna en huitième de finale, la Russe s'est vue refuser une pause pipi à la tombée de la nuit. Selon l'arbitre, la joueuse voulait simplement gagner du temps pour que le match reprenne le lendemain. Au final, ce n'est que quelques minutes plus tard que le match sera arrêté à cause de la nuit, à la demande de son adversaire, Novotna, qui ne mettra qu'un quart d'heure à plier le match le lendemain matin (6-7, 6-3, 6-3). Après le match, Kournikova ne décolérait pas. « Ils ont arrêté un autre match une heure avant le nôtre en disant qu'il faisait plus sombre là-bas, à quelques mètres ! En plus, je voulais vraiment aller aux toilettes, c'était la première fois que ça m'arrivait ! Je penserai à demander à la WTA quand est ce que je peux aller faire pipi maintenant. »
4. Heather Watson / Timea Babos, Australian Open, 2016
Si les hommes ont parfois besoin de soulager une envie pressante, les femmes ont elles d'autres soucis sur les courts de tennis. En tout début d'année 2016, la numéro un britannique, Heather Watson, s'est inclinée au premier tour de l'Open d'Asutralie face à Timea Babos (6-7 7-5 7-5). À la fin de la rencontre, Watson a mis le doigt sur un problème encore jamais évoqué : elle a mis sa défaite sur le compte de ses « problèmes de femme ». Ses règles, oui. Quelques jours plus tard, Annabel Croft, une ancienne joueuse, déclarait : « On n'ose jamais évoquer ce sujet. On parle de sexe, de grosses poitrines mais jamais de ça. Je comprends que ce soit un peu inconfortable mais c'est bien de briser le tabou. »
3. Milos Raonic / Jack Sock, BNP Paribas Masters de Paris, 2014
Comme évoqué ci-dessus, il arrive que les joueurs s'agacent des pauses trop longues ou trop fréquentes de leurs adversaires. Parfois, ce sont les supporters eux-mêmes qui prennent la mouche et qui le font savoir au joueur concerné. En 2014, Milos Raonic joue son premier tour à Paris face à l'Américain Jack Sock. Après avoir remporté le premier set assez facilement, il perd le second et demande alors à un ramasseur de l'accompagner aux toilettes. Alors qu'il n'a le droit qu'à trois minutes, Raonic ne revient qu'après dix bonnes minutes, expliquant que les premiers WC dans lesquels il était allé n’avaient pas de cuvette. « Je ne voulais pas faire de squats », expliquera-t-il en conférence de presse d'après match.
2. Ana Ivanovic / Barbora Zahlavova Strycova, Generali Ladies Linz, 2010
C'est assez rare mais il arrive que des pauses pipi trop longues entraînent des pénalités pour les joueurs et les joueuses. En 2010, après avoir remporté son tout premier jeu de service face à Barbora Strycova, Ana Ivanovic réclame une pause. Elle lui est accordée. Seulement, elle prend plus de trois minutes à se soulager. En revenant, Ivanovic s'aperçoit qu'il n'y a plus 1-0 mais 1-1. L'arbitre, scrupuleux, lui a fait perdre un point toutes les vingt secondes passées aux toilettes au-delà de la limite des trois minutes. Une mésaventure qui n'a pas empêché la championne de remporter aisément la rencontre (6-3 6-2).
1. Cuevas et Granollers / Jonny Marray et Adil Shamasdin, Wimbledon, 2016
C'est le fait marquant de ce Wimbledon 2016 qui a relancé le débat sur les pauses toilettes accordées aux joueurs. Dans un match dantesque entre la paire Cuevas/Granollers et la paire Marray/Shamasdin, que ces derniers ont finalement remporté (6-3, 4-6, 6-4, 3-6, 14-12), Cuevas s'est vu refuser une pause pipi dans le dernier set, à 8-9. Après une première protestation virulente, Cuevas aurait uriné dans un pot de balles – une information depuis démentie par les organisateurs. À 12-13, il a en tout cas refusé de jouer les derniers points. Il a fallu dix minutes de négociations pour que le jeu ne reprenne.