Cette semaine, le circuit ATP fait escale au tournoi du Queen’s. En 1987, le célèbre tournoi londonien fut le théâtre d’un match marathon de plus de quatre heures, entre Guy Forget et Nduka Odizor, avec un troisième set de 22 jeux à 20 en faveur du Nigérian. En clair : le match en deux sets gagnants (et non en trois avec Mahut et Isner hein!) le plus long de l’histoire des simples messieurs.
Journée exceptionnelle, en ce 11 juin 1987 : il ne pleut pas sur Londres. De bonne heure, Yannick Noah, éliminé la veille au premier tour du tournoi de Queen’s par l’Allemand Andra Maurer, part faire un footing. Il s’entraine ensuite avec le Nigérian Tony Mmoh et Arnaud Boetsch, qui n’a pas réussi à se qualifier pour le tournoi britannique. Dans l’après-midi, Noah fait un tour au club car il doit jouer son premier match de double avec Guy Forget. Un partenaire qui a lui aussi eu le temps de s’entrainer. Pendant 250 minutes, Forget vient d’affronter en simple et au premier tour le Nigérian Nduka Odizor dans un match au meilleur des deux sets. Lequel demeure, encore aujourd’hui, le plus long de l’histoire. Le score ? 7-6, 4-6, 22-20. Victoire d’Odizor. « On nous avait mis sur un court d’entrainement de mauvaise qualité, il avait beaucoup plu, l’herbe était haute, se souvient l’ancien capitaine de Coupe Davis par BNP Paribas. On était comme à la campagne, et c’était impossible de breaker. »
Zéro balle de break jusqu’au 25ème jeu
Il est midi pétante. La rencontre prend bien vite l’allure d’une bataille de services. Odizor, que l’on surnomme « The Duke », obtient une balle de 5-3 que Forget écarte par un ace. Un peu plus tard, dans le tie-break du premier set, le Nigérian se concentre sur chaque point et peut jouir d’un brin de réussite pour l’emporter par 7 points à 3. Le gaucher français revient à une manche partout. Avant que la troisième n’inscrive cette banale rencontre de deuxième tour d’un tournoi britannique dans les annales du tennis. Un marathon champêtre durant lequel chacun des joueurs remporte son service sans être jamais en difficulté. Aucune balle de break jusqu’au 25ème jeu. Odizor en obtient une. Sans résultat. Les jeux défilent les uns après les autres. Forget se procure deux balles de match à 16-15 sur service adverse. Sans résultat. Odizor égalise et les deux comparses repartent de plus belle. À ce stade, le marathon devient une véritable loterie. Forget commence à accuser la fatigue. Perd son service au 39ème jeu. Mais parvient à encore égaliser. Finalement, c’est au 41ème jeu, sur une vilaine double-faute du Français et quelques retours suivis à la volée du Nigérian que celui-ci fait la différence. Enfin.
6h15 de jeu
250 minutes : le record dure donc toujours. Malgré les 234 minutes du match entre le Russe Cherkasov et l’Italien Gaudenzi en 1993 à Tel-Aviv. Malgré les 235 minutes du match entre les Espagnols Nadal et Moya à Chennai en 2008 et les 224 minutes de la demi-finale de Madrid en 2009, opposant Nadal et Djokovic. En 1979 pourtant, toujours au Queen’s, les archives relatent la victoire d’Arthur Ashe face au Sud-Africain Bernard Mitton sur le score de 7-6 4-6 15-13. Une rencontre de 6h16, soit 376 minutes. Sauf que ces 376 minutes comprennent les interruptions dues à la pluie. Une journée londonienne pas si exceptionnelle, en somme.