Cette semaine se déroule l’ATP 250 d’Estoril, au Portugal. En 2008, le tournoi était le théâtre d’une filouterie d’un goût moyen : Gilles Simon abandonna contre Flavio Cipolla alors qu’il était mené 6-2 et 5-3. Evidemment, il n’est pas le seul à avoir choisi la fuite plutôt que l’adversité. La preuve par cinq.
1/ Retour vers le futur
Tournoi de Montpellier, février 2015. Malek Jaziri, 65e mondial, abandonne lors de son entrée en lice alors qu’il mène un set à zéro contre l’Ouzbek Denis Istomin, 61e. La raison officielle ? Une blessure au coude. L’officieuse : au prochain tour, le Tunisien aurait pu rencontrer l’Israélien Dudi Sela. Hasard ou coïncidence, en novembre 2013, Jaziri renonçait déjà à son quart de finale au tournoi de Tachkent, en Ouzbékistan. Son adversaire devait être l'Israélien Amir Weintraub. A l'époque, c'est officiellement une blessure au genou qui l’avait poussé à jeter l’éponge. En réalité, la Fédération tunisienne de tennis (FTT) avait fait pression sur le joueur au motif que le pays ne souhaitait pas voir ses sportifs affronter des représentants de l'Etat hébreu, en solidarité avec la cause palestinienne. Un an et demi plus tard, les organisateurs du tournoi de Montpelier supputent donc sans gêne sur Twitter « Jaziri semble avoir été contrait à l’abandon » sans que personne ne sache jamais le fin mot de l’histoire. Mystère et boulette de viande.
2/ Un lucky loser peut en cacher un autre
On appelle cela un lucky loser. Ou un joueur éliminé des qualifications qui se fait repêcher in extremis dans le tableau final. En 2014, au Masters 1000 de Toronto, Marinko Matosevic est de ceux-là. Il doit affronter au premier tour Malek Jaziri - encore lui - mais déclare finalement forfait à la dernière minute. Selon beIN Sports, l’Australien aurait en réalité été exclu du tournoi… pour avoir simulé une blessure à l’épaule afin de faire basculer son compatriote Thanasi Kokkinakis (216e) dans le tableau final, alors qu'il vient de remporter la première manche (7-6) au dernier tour des qualifications. En fait, tout se serait joué quelques heures avant cette rencontre, lorsque Matosevic, tête de série numéro une des qualifs’, apprend le forfait de Kei Nishikori. Comme le règlement stipule que le perdant le mieux classé est repêché, l'Australien aurait donc laissé la victoire à son ami. Selon le quotidien The Australian, le 59e mondial aurait même avoué avoir « abandonné volontairement ». Faute avouée, à moitié pardonnée ?
3/ « Je suis fier de mon pote »
En 1972, c’est main dans la main qu’ils écrasent les Roumains Ilie Nastase et Ion Tiriac dans l’enfer de Bucarest, en finale de Coupe Davis par BNP Paribas. Stan Smith et Tom Gorman sont de véritables amis. Au point de se faire de beaux cadeaux. Comme en demi-finale du Masters 1972, quand Gorman se procure une balle de match et que son corps le rattrape. « J’ai couru sur un passing-shot et en renvoyant la balle, j’ai ressenti une forte douleur au dos. Ma vieille blessure de Wimbledon 1971 s’est réveillée ». Il s’approche alors de l’arbitre et lui signale son abandon, laissant ainsi le soin à Stan Smith d’affronter Ilie Nastase - encore lui - en finale. Et de déclarer après cette passe décisive : « Il n’aurait sans doute pas pu la jouer dans ces conditions mais je connais bien des joueurs qui auraient essayé de gagner le match en se disant : ‘Les organisateurs sauront bien se débrouiller pour donner un spectacle au public demain soir’… Je suis fier de mon pote ! »
4/ « Pause Twitter !! »
Il était pourtant bien parti. Mais handicapé par une blessure au genou, Benoit Paire est contraint de jeter l’éponge au premier tour du tournoi de Barcelone, en 2014. Après seulement une heure de jeu ; alors que son adversaire, Andrey Golubev, mène 5-1 dans la deuxième manche. A un jeu, donc, de la fin du match. Un abandon tardif qui offre au Français sa petite polémique, son lot de critiques et de moqueries sur les réseaux sociaux. « Pause Twitter !! Trop de commentaires qui ne servent à rien !! », répondra sur son compte à gazouillis l'intéressé. Ce qui ne sert souvent pas à grand-chose non plus…
5/ « Je n'ai pas trop vu sa blessure »
Dans la catégorie abandons volontaires, il y en a aussi des préventifs. Ceux qu’on préfère à une défaite humiliante. En 2012, Angelique Kerber agite le petit monde du tennis féminin en renonçant à poursuivre son quart de finale contre Maria Sharapova, à Pékin. Le score ? 0-6 0-3. Son prétexte ? Une blessure au pied. Alors que, jusque-là, elle n’a montré aucun signe de douleur quelconque. Etrange. Et une question se pose : a-t-elle préféré stopper l’hémorragie pour éviter de subir plus lourde humiliation ? Mystère. De nombreux internautes se déchainent sur Twitter. Même Maria Sharapova se fend d’un petit avis : « Je n'ai pas trop vu sa blessure. J'ai été surprise quand elle a appelé le kiné et encore plus quand elle a abandonné rapidement après ». Timide, Maria.