5 histoires de Hawk-Eye

24 mars 2016 à 11:44:08

Alors que se joue cette semaine le tournoi de Miami, cette édition 2016 marque le dixième anniversaire du Hawk-Eye. L’occasion de revenir en cinq anecdotes sur l’histoire récente de cette petite révolution pour le monde du tennis.

Alors que se joue cette semaine le tournoi de Miami, cette édition 2016 marque le dixième anniversaire de l’instauration du système informatique d’aide à l’arbitrage Hawk-Eye. L’occasion de revenir en cinq anecdotes sur l’histoire récente de cette petite révolution pour le monde du tennis. Qui n’a pas fait que des heureux…

 

1/ « La balle était tellement bonne »

 

« Dans tous les sports pour lesquels nous avons développé Hawk-Eye, il a fallu un incident majeur pour susciter l’intérêt des organisateurs »expliquait à ses débuts son créateur, Paul Hawkins. Au tennis, cet incident est arrivé en 2004, lors de l’US Open, durant un match opposant Serena Williams à Jennifer Capriati. À cette occasion, Williams est victime de nombreuses décisions d’arbitrage discutables. Exemple : à un set partout, un point est accordé à Capriati à la suite d'une attaque en revers long de ligne, pourtant valable, de Williams. Qui se dirige alors vers l’arbitre de chaise et entame la conversation. « Que se passe-t-il ? La balle était tellement bonne. Qu’est-ce que c’est que ça ? La balle n’était pas dehors, la balle n’était pas dehors ». L'arbitre Mariana Alves ne bronche pas. Problème : l’action repasse au ralenti à la télévision à l’aide de caméras à haute vitesse surnommées les Mac Cams, en référence à John McEnroe et donne raison à l’Américaine. Cette décision et ce match pèseront lourdement dans la prise de décision par les instances du tennis mondial d’adopter l’arbitrage électronique, en complément de l’arbitrage traditionnel. Un besoin est né.

 

2/ « J’ai vu la même marque que tout le monde »

 

Quart de finale du tournoi de Dubaï, en 2007. Tenant du titre, Rafael Nadal affronte Mikhail Youzhny. Tie-break du premier set, le score affiche 6-5 en faveur du Russe. L’un de ses coups droits frôle la ligne. La balle est annoncée faute. Sans grand espoir, Youzhny demande vérification avec l’aide du Hawk-Eye. La balle est annoncée bonne. Rafael Nadal voit rouge. « J’ai dit à l’arbitre ‘mais elle est dehors’ et il m’a répondu ‘je sais’, expliquera après la rencontre l’Espagnol. Il y avait même la marque de la balle dans le couloir. » Même étonnement du côté de Youzhny : « J’ai vu la même marque que tout le monde… Quand le Hawk-Eye a finalement validé mon point, je dois bien reconnaître que j’étais plus que surpris. » Résultat : ce dernier remporte le premier set, le second, se qualifie pour les demi-finales et laisse au passage son adversaire dans le doute. « Il va falloir un jour qu’on pose la question de la réelle fiabilité du Hawk-Eye », lâchera Nadal en conférence de presse. La question qui fâche ?

 

3/ Le Haw-Eye, vraiment fiable ?

 

D’après les créateurs du Hawk-Eye, la marge d’erreur est de 3 à 4 millimètres. Infime, certes, mais il n’est pas si rare de voir certains impacts de balles sortant ou accrochant la ligne pour un seul millimètre. En 2013, un papier du Guardian mettait en exergue quelques zones d’ombre quant à la méthode utilisée. Premières d’entre elles, le système Hawk-Eye fonctionne grâce à des caméras qui captent les locations successives de la balle dont la trajectoire est estimée par un modèle statistique entre deux points d’enregistrement. Mais quand une balle traverse le terrain à une vitesse trop rapide, l’estimation de sa « vraie » vitesse est difficile. Par exemple, si une balle est excessivement rapide et que le Hawk-Eye enregistre deux images successives, l’une avant, l’autre après le rebond, dès lors la marge d’erreur peut être importante. Pouvant ainsi répondre à la question de Rafael Nadal…

 

4/ « Que tout le monde soit logé à la même enseigne »

 

On l’a bien compris : le Hawk-Eye ne fait pas que des heureux. La technologie a ses détracteurs. À l’instar du Français Arnaud Clément qui, en 2006, estimait que son usage favorisait les grands joueurs au détriment des plus petits. En effet, dans les grands tournois, le Hawk-Eye est installé sur les courts principaux et non sur les courts annexes. « Je ne vois pas pourquoi ce système serait utilisé sur le Central et pas sur les autres courts. Je comprends les raisons techniques. Mais fondamentalement, il faudrait que tout le monde soit logé à la même enseigne », s’insurgeait-il de concert avec d’autres joueurs de « second plan ». Mais alors, pourquoi ne pas appliquer le Hawk-Eye sur tous les terrains ? Réponse des organisateurs : son coût, tout simplement, le système nécessitant un écran géant pour vérifier la sentence. Imparable ?

 

5/ « Comment peut-on être aussi bête ? »

 

« C’est ridicule de jouer ce type de tournoi avec ce type d’arbitre »En conférence de presse, David Nalbandian a la mine des mauvais jours. Il vient de s’incliner au deuxième tour de l’Open d’Australie 2012 contre John Isner. Les raisons de sa colère ? Alors que les deux joueurs sont à 8 jeux partout dans le dernier set, l’arbitre français Kader Nouni valide un service gagnant de John Isner et déjuge ainsi la décision initiale de l’un de ses assistants. Sans surprise, Nalbandian jette sa raquette et s’avance repérer la marque de la balle. Sur de sa preuve, il demande alors le verdict du Hawk-Eye. Demande refusée. Kader Nouni estime qu’en allant vérifier la marque, l’Argentin a pris trop de temps avant de dire « challenge ». Une décision obscure ? « Combien de fois nous regardons la marque et nous demandons le Hawk-Eye ? Quelqu’un parmi les arbitres ou à l’ATP doit expliquer cette situation. Ça veut dire quoi ? C’est un tournoi du Grand Chelem », s’emporte Nalbandian. Avant d’enfoncer le clou : « C’est ridicule de jouer ce type de tournoi avec ce type d’arbitre. 8 partout, balle de break. Comment peut-on être aussi bête à ce moment-là ? De quoi a-t-il besoin ? De la presse, de voir son nom et sa photo dans les journaux demain ? Incroyable. »

 

Par Victor Le Grand

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