Le sujet de la parité homme/femme au tennis est malheureusement récurent. Le débat a été relancé par l’intervention désastreuse Raymond Moore, ex -directeur du BNP Paribas Open 2016 d’Indian Wells. «Si j'étais une joueuse, je me mettrais à genoux pour remercier Dieu que Roger Federer et Rafael Nadal aient vu le jour, car ils ont porté notre sport » a déclaré le subtil sud africain. Très fin , le bonhomme forcé de démissionné après sa déclaration fracassante, a cru bon d’ajouter : « Dans ma prochaine vie, quand je reviendrai, je veux être membre de la WTA (rires), parce qu'ils ne font que profiter du succès des hommes ». Voilà, voilà …
La presse s'est évidemment emparé de la déclaration et a questionné les joueurs et joueuses encore sur place.. Serena Williams a dit : « Evidemment, je ne pense pas qu'une femme devrait être à genoux pour remercier qui que ce soit. » Victoria Azarenka a demandé aux femmes de «s'élever au-dessus de ces commentaires». Jusque-là tout va bien sauf que voici ce qu'a dit Novak Djokovic : « Le circuit masculin devrait se battre pour plus (de prize money), les matches masculins attirent beaucoup plus de spectateurs».
Ce n'est pas le tennis masculin qui dans sa globalité attire du monde, mais seulement trois ou quatre joueurs et malheureusement pour lui, Novak Djokovic n'en fait pas partie. Bien sûr qu'il suscite l'admiration mais pas au niveau atteint par Roger Federer et Rafael Nadal. Ce sont eux les icônes du tennis masculin. Je suis fan du jeu de Djoko ainsi que de ses pitreries mais s’il joue sur le court A et Rafa ou Roger sont sur le court B , vous savez où me trouver.
Mais peu importe finalement car le débat n'est même pas là. Il s'agit de parité homme/femme. Nous sommes au 21e siècle !! Ce débat ne devrait même pas avoir lieu. Il y a quelques jours, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, était aux Nation Unis où il expliquait « dire que les hommes et les femmes sont égaux devrait être comme dire que le ciel est bleu et l'herbe est verte ».
La parité financière entre Victoria Azarenka et Novak Djokovic, les deux vainqueurs du BNP Paribas Open ne devrait même pas être un débat. Ils ont tous les deux gagné, ils ont chacun leur million. C'est quand même incroyable que certains puissent mettre en doute cette parité. « Il s'agirait d'avancer » comme disait OSS 117.
Bien qu'il s'agisse juste de bon sens, le progrès pour l'égalité entre les hommes et les femmes n'est que récent. Rappelons que dans notre bonne vieille France, le mari n'est plus le « chef de famille » depuis 1965 seulement.. Il a fallu attendre cette date aussi pour que la femme puisse exercer une profession et ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de son mari. C'est en 1980 seulement que le viol a été qualifié de crime par la loi française. Il a fallu attendre 1992 pour que la loi pénalise les violences conjugales et le harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Ce n'est qu'en 2001 qu'on a décidé que le nom de famille des enfants pouvait être celui du père, celui de la mère ou les deux accolés.
Bref, toute ces décisions qui paraissent totalement naturelles datent d'hier. C’est aussi la raison pour laquelle il faut condamner très fermement des déclarations du genre de celles de Raymond Moore, ne pas se demander qui attire le plus de spectateurs et qui passe le plus de temps sur le terrain mais s’intéresser à la « bigger picture »*. Hein Novak !
Pour terminer, je ne sais pas si un nouveau directeur de tournoi a été nommé pour le BNP Paribas Open 2017 mais j'espère de tout mon cœur que ça sera une femme.
*avoir une vision plus globale