Quel match ! Mais quel match ! Il a fallu veiller jusqu'à deux dum, mais nom de Dieu, ça en valait la peine !
Pour commencer, Rafael Nadal est bien là. Certes, on pourrait écrire ces lignes dès qu'il gagne un match, mais là, ce n'est pas la même. En face, il y avait un client de chez client. A dix-huit ans, Alexander Zverev est déjà monstrueux. Il sert le plomb, envoie du très lourd en coup droit et en revers, mais doit un peu travailler sa volée de coup droit. Ceux qui ont vu le match comprendront. Pour les autres, « Sacha » (diminutif d'Alexandre en Russe et surnom du jeune prodige) a eu une volée de coup droit relativement facile, « le coup le plus facile du match » d'après lui, pour envoyer Nadal à l'aéroport. Mais, cette balle a fini en bas du filet. Derrière, le Russe avait quitté le court et il ne restait que son fantôme pour subir les coups d’un Nadal solide et agressif comme à ses vingt ans.
S’il reste « healthy » et « fit » et s’il ne prend pas (trop) le « boulard », Alexander Zverev va être numéro 1 mondial. Il a tout et même la belle gueule qui va, bien sûr, plaire à Nike, Adidas et autres qui ne vont pas hésiter à mettre la main bien au fond de la poche pour ce joueur qui va être ultra bankable.
Nous aurons beaucoup de temps pour parler du phénomène Zverev, mais attardons nous sur Rafael Nadal. Il n'a pas dix-huit ans, lui, et se trouve beaucoup plus prêt de la fin de sa carrière que du début (snif snif). Peu importe, hier il m'a fait vibré. Je serrais le poing tout seul chez moi devant ma télé. J'ai eu peur pour lui, mais étrangement aussi confiance. Je ne sais pas pourquoi mais je sentais qu'il allait s'en sortir, et ce, même lorsqu'il était mené 5-2 dans le troisième set. Il dégageait ce « je ne sais quoi » qui renvoyait quelques années en arrière. D'ailleurs, lui-même l'a dit après le match : « Je suis particulièrement heureux de l'attitude que j'avais sur le court, ce désir de se bagarrer pendant tout le match, le fait de croire que je pouvais gagner même dans les moments compliqués ». Cette phrase est intéressante car elle sous-entend que ce n'était plus le cas. Rafael Nadal ne croyait plus en lui ! J’espère vraiment que ce match lui servira de déclic et l'amènera jusqu'en finale de Roland-Garros où il affrontera Novak Djokovic ! Après le reste …
Un fait de jeu a eu lieu dans le premier set. L'arbitre de chaise, Cédric Mourier, a mis un warning pour « audible obscenity » (obscénité audible) à Rafael Nadal qui, alors qu'il était mené 2-4. L'Espagnol a été très touché par cette décision arbitrale, qui soit dit en passant était juste. « C'est la première fois de ma carrière qu'on me met ce type de warning », a immédiatement dit Nadal à l'arbitre. Il a continué au changement de côté en disant qu'il ne trouvait pas ça normal et qu'il n'était pas à l'aise à l'idée d'avoir pris ce type d'avertissement. C'est une situation un peu étrange, car on ne peut pas en vouloir à l'arbitre qui a suivi le règlement à la lettre, et en même temps on comprend Rafa car si son premier avertissement pour abus de langage tombe après quinze ans de carrière c'est qu'a priori il se comporte plutôt bien sur un court de tennis. Personnellement, je ne lui aurais pas mis mais, et je ne cherche pas à accabler Cédric Mourier, il va falloir qu'il soit intransigeant sur tous les « putain », « fuck » et « mierda » qu'il pourra entendre à l'avenir sans quoi on pourrait le taxer d'avoir voulu s'accorder quelques secondes sous le spotlight.
C'est le métier qui rentre pour Zverev diront certains. Rafael Nadal a prouvé qu'il en a encore sous le capot diront d'autres. Moi je dis : « comme c'était bon » !