Juan-Martin Del Potro doit retrouver les courts la semaine prochaine au tournoi de Delray Beach. Un retour qu’on n’attendait plus après presque deux ans d’absence. Mais l’Argentin n’est pas le premier à tenter – et peut-être réussir – un come-back improbable après une longue blessure.
Goran Prpi?
En 1985, Goran Prpi? a 21 ans et tout l’avenir devant lui comme l’atteste sa victoire en Coupe Davis par BNP Paribas contre Yannick Noah qui permet à la Yougoslavie de rejoindre le groupe mondial. Mais quelques mois plus tard, il est victime d’une grave blessure au genou à Key Biscayne. Opéré à plusieurs reprises, Prpi? passe deux ans loin des terrains. Quand il revient, il n’est plus le même joueur. La démarche paraît plus lourde et surtout il doit porter une impressionnante genouillère qu’il ne quittera plus jamais. Malgré ce sérieux handicap, celui qui est devenu croate entre temps intègre le Top 20 en 1991 et obtient une médaille de bronze olympique l’année suivante avec son ami et compatriote Goran Ivanisevic. Il range ses raquettes et sa genouillère en 1996.
Thomas Muster
Comme Prpi?, la carrière de l’Autrichien a bien failli s’arrêter à Key Biscayne. Mais pas en raison d’une blessure sur le terrain. La veille de sa finale contre Ivan Lendl, Muster est renversé par un chauffard (en état d’ébriété) devant son hôtel. « Il m’a foncé dessus à une vitesse de 100 km/h et m’a projeté d’environ six mètres », raconte celui qui manque de perdre sa jambe gauche dans l’accident. Plus fort que la douleur, le gaucher s’entraîne dès sa sortie de l’hôpital avec la jambe dans le plâtre grâce à un banc spécialement conçu pour lui. L’image fait le tour du monde et Musterminator est né. Six mois plus tard, le futur vainqueur Roland-Garros retrouve déjà les courts au tournoi de Barcelone où il atteint les quarts de finale.
Tommy Haas
« Je ne sais pas quoi attendre, j'essaye d'en profiter ». En juin dernier, Tommy Haas la jouait carpe diem pour son retour sur le circuit après un an et demi d’absence. Il faut dire que l’Allemand est un spécialiste des retours. Numéro deux mondial en 2002, Haas vit une année cauchemardesque. Son père est dans le coma à la suite d’un accident et il doit passer sur le billard en raison d’un problème à l’épaule. On le donne perdu pour le tennis, mais il revient en 2004 et retrouve peu à peu son meilleur niveau pour réintégrer le Top 10 en 2006. Il refait le coup six ans plus tard, cette fois après une blessure à la hanche. A 34 ans, il domine Roger Federer en finale du tournoi de Halle. «C'est un moment spécial sachant qu'il y a quatre mois je ne savais pas si je rejouerai à ce niveau. C'est une leçon de vie.» Une de plus.
Paul-Henri Mathieu
Junior prodige et grand espoir du tennis français, Paul-Henri Mathieu n’a pas été épargné par les blessures dans sa carrière. En 2011, on le croit perdu pour le tennis, la faute à une arthrose au genou gauche. Mais PHM s’accroche, écrit un livre sur le tennis pour s’occuper et retrouve les courts après 15 mois d’absence. Quelques semaines plus tard, il vient à bout de John Isner à Roland-Garros après une bataille de près de six heures. Celui qui traînait la réputation de joueur fragile mentalement depuis cette finale de Coupe Davis par BNP Paribas perdue contre la Russie en 2002, force le respect du public et des autres joueurs. « J'ai quelque chose en plus, que certains joueurs n'ont pas », avance l’intéressé. On veut bien le croire.
Gustavo Kuerten
Il y a les retours gagnants et d’autre moins, mais qui ne peuvent pas laisser insensibles. Celui de Gustavo Kuerten appartient à la seconde catégorie. En 2008, le Brésilien revient à Roland-Garros, là où il s’est révélé en 1997, là où il a vécu ses plus belles émotions avec trois victoires et une relation unique avec le public. Guga traîne toujours cette foutue douleur à la hanche qui l’a éloignée pendant deux ans. « Elle me fait mal quand je suis assis, quand je dors, quand je joue. C'est dur, très dur. » Peu importe, Kuerten revient tout sourire pour terminer sa carrière Porte d’Auteuil. Le résultat est anecdotique, il s’incline en trois petits sets contre Paul-Henri Mathieu. L’essentiel est ailleurs : le Central ovationne une dernière fois son chouchou qui repart avec… une bouteille remplie de sa chère terre battue parisienne.