La semaine qui précède un Grand Chelem est rarement riche en infos. En gros, il ne s'y passe pas grand-chose, n'en déplaise aux directeurs des tournois d'Auckland et de Sydney. Les cadors ne jouent pas et les sous-cadors jouent avec le frein à main, prêts à jeter l'éponge à la moindre crampe de sourcil. Les Grands Chelems sont trop importants.
J'en profite donc pour aborder un thème revenu à la une récemment après avoir été évoqué sérieusement par le nouveau président de la Fédération Internationale de Tennis (ITF) David Haggerty dans le magazine de l'ITF : le format de la Coupe Davis par BNP Paribas.
Haggerty souhaiterait créer un « final four » sur un terrain neutre prédéterminé, durant lequel aurait lieu les demi-finales et les finales sur une période d'une semaine avec un jour de repos entre les deux. Haggerty est Américain et s'inspire clairement du format « final four » utilisé dans le basket universitaire, événement qui connaît chaque année un énorme succès.
Je trouve la proposition très intéressante. On voit que les joueurs adorent l'aspect collectif de la Coupe Davis. Créer une ambiance intense de sport d'équipe pendant une semaine ne peut que leur plaire. On voit bien l'engouement à l'IPTL même si ce n'est pas sérieux. En plus, cela leur permettraient de zapper une semaine dans l'année ce qui allègeraient le calendrier. L'idée du président est de faire en sorte que les très grands participent chaque année à cette compétition. S'assurer que les Nadal, Djokovic, Federer, Murray, Nishikori, Wawrinka, Berdych et autres ne zappent plus cette épreuve au profit de tournois individuels.
J'ai pu lire ici et là que le lieu neutre ne serait pas en adéquation avec l'esprit Coupe Davis. Foutaises ! Si les supporters sont prévenus suffisamment à l'avance, ça ne posera aucun problème. Oui en 2003 pour le final four de la Fed Cup par BNP Paribas à Moscou, la France a battu les Etats-Unis en finale devant un stade vide. Mais les bleues s'étaient débarrassé des Russes en demi-finales. Donc on ne peut pas vraiment parler de lieu « neutre ». Prenez la finale de la ligue des champions. Il est infiniment rare qu'une des deux équipes en finale évolue à domicile : ce n'est arrivé que 4 fois depuis 1956. Et pourtant avez-vous le souvenir d'avoir vu une finale de Champions League sans ambiance ?
Autre proposition du président de l'ITF : exempter le vainqueur et le finaliste du premier tour de l'édition suivante. Cette mesure mettrait les deux équipes dans l'impossibilité d'être rétrogradées l'année suivant la finale. Cela rendrait la chose plus compréhensible pour le grand public. Tenante du titre en 2015, la Suisse n'a pas aligné son équipe type au 1er tour. Sans Federer et Wawrinka, la Suisse a logiquement perdu ce 1er tour et a dû disputer un barrage pour se maintenir dans le groupe mondial.
Je voudrais rajouter une proposition à celle d'Haggerty. Il faut accroître le nombre de point reversés aux joueurs. A l'heure actuelle, si vous gagnez la Coupe Davis en disputant huit simples sur une campagn,e vous empochez 625 points. C'est faible quand on sait qu'une victoire en Grand Chelem en vaut 2000 ! Si on veut que la Coupe Davis par BNP Paribas soit aussi importante que les Grands Chelems, alors il faut que les points soit équivalents. Pour l'argent, ce n'est pas la peine, ils en ont assez (je parle des gros) mais d’un point de vue strictement comptable, il faut intéresser d’avantage les joueurs.
Bilan : oui, mille fois oui pour le changement et l'évolution. Comme tout, le tennis doit aussi vivre avec son temps.